Le Journal D'Anne Frank
grand coureur de jupons jusqu’à sa soixante-dixième année incluse. Il a eu une liaison avec la comtesse Marie d’Agoult, la princesse Caroline Sayn-Wittgenstein, la danseuse Lola Montez, la pianiste Agnes Kingworth, la pianiste Sophie Menter, la princesse circassienne Olga Janina, la baronne Olga Meyendorff, l’actrice Lilla je-ne-sais-quoi, etc., et ça n’en finit pas. Les chapitres du livre qui portent sur la musique et les autres arts sont bien plus intéressants, dans le livre on rencontre Schumann et Clara Wieck, Hector Berlioz, Johannes Brahms, Beethoven, Joachim, Richard Wagner, Hans von Bülow, Anton Rubinstein, Frédéric Chopin, Victor Hugo, Honoré de Balzac, Hiller, Hummel, Czerny, Rossini, Cherubini, Paganini, Mendelssohn, etc.
Liszt était en fait un gars très sympa, très généreux, humble en ce qui le concernait mais d’une vanité exceptionnelle, il aidait tout le monde, n’avait pas de plus grande passion que l’art, adorait le cognac et les femmes, ne supportait pas les larmes, était un gentleman, ne savait refuser une faveur à personne, n’accordait aucune importance à l’argent, aimait la liberté religieuse et le monde.
Bien à toi,
Anne M. Frank
JEUDI 13 JUIN 1944
Chère Kit,
Encore un anniversaire de plus, j’ai donc maintenant quinze ans. J’ai reçu pas mal de cadeaux : les cinq livres de Springer, un assortiment de dessous, deux ceintures, un mouchoir, deux yaourts, un pot de confiture, deux gâteaux au miel (petit format), un livre de botanique de la part de Papa et Maman, un bracelet en doublé de la part de Margot, un livre de la collection Patria offert par les Van Daan, du biomalt et des pois de senteur de Dussel, des bonbons de Miep, des bonbons et des cahiers de Bep et le summum, le livre Marie-Thérèse et trois tranches fines de fromage double crème de Kugler. De Peter j’ai reçu un joli bouquet de pivoines ; le pauvre garçon s’est donné tant de mal pour trouver quelque chose, mais sans aucun succès.
Le débarquement se déroule toujours aussi bien, en dépit du mauvais temps, des innombrables orages, des averses et de la mer démontée. Churchill, Smuts, Eisenhower et Arnold se sont rendus hier dans les villages français conquis et libérés par les Anglais ; Churchill était à bord d’un torpilleur qui bombardait la côte, cet homme, comme tant d’autres, semble ne pas connaître la peur ; comme je l’envie !
De notre Annexe-forteresse, il nous est impossible de juger du moral régnant aux Pays-Bas. Assurément, les gens se réjouissent que l’Angleterre, cette tire-au-flanc (!), ait fini par retrousser ses manches. De l’injustice de leur raisonnement, les gens ne se rendent pas compte quand ils répètent qu’ils ne veulent pas ici d’une occupation anglaise. Si on résume leur pensée, cela revient à dire que les Anglais doivent se battre, lutter et sacrifier leurs fils pour les Pays-Bas et les autres territoires occupés. Les Anglais n’ont pas le droit de rester aux Pays-Bas, ils doivent offrir leurs plus plates excuses à tous les pays occupés, ils doivent restituer les Indes à leurs premiers propriétaires et peuvent s’en retourner, pauvres et affaiblis, en Angleterre !
Il faut être un pauvre idiot pour s’imaginer les choses de la sorte et pourtant beaucoup de Hollandais se comptent parmi ces idiots. Que serait-il advenu, je me le demande, des Pays-Bas et des pays voisins si l’Angleterre avait signé avec les Allemands une paix si souvent proposée ? Les Pays-Bas seraient devenus allemands et voilà tout ! Tous les Hollandais qui méprisent encore les Anglais, qui insultent l’Angleterre et son gouvernement de vieux messieurs, qui traitent les Anglais de lâches et pourtant détestent les Allemands, on devrait les secouer très fort, comme on secoue un oreiller, peut-être que leur cerveau embrouillé prendrait alors un meilleur pli !
Les souhaits, les pensées, les accusations et les reproches me hantent l’esprit par milliers. Je ne me fais certainement pas autant d’illusions que les gens veulent le croire, je connais mes innombrables torts et mes défauts mieux que quiconque, à une différence près ; je sais également que je veux m’améliorer, que je m’améliorerai et que je me suis déjà beaucoup améliorée !
Comment se fait-il alors, je me le demande souvent, que tout le monde me trouve aussi prétentieuse et aussi peu modeste ? Suis-je si prétentieuse ?
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