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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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Est-ce bien moi ou bien les autres ne seraient-ils pas eux aussi concernés ? Cela peut paraître absurde, je m’en rends compte, mais je ne vais pas rayer ma dernière phrase parce qu’elle n’est pas si absurde que cela. Mme Van Daan et Dussel, mes principaux accusateurs, sont tous les deux connus pour leur manque total d’intelligence et, n’ayons pas peur des mots, pour leur « bêtise » ! Les gens bêtes sont souvent incapables de digérer le fait que d’autres fassent mieux qu’eux ; le meilleur exemple en est fourni, en effet, par ces deux idiots, Mme Van Daan et Dussel.
    Madame me trouve bête parce que je ne souffre pas de ce mal autant qu’elle, elle trouve que je manque de modestie parce qu’elle est bien pire, elle trouve mes robes trop courtes parce que les siennes le sont encore plus, et c’est pourquoi elle me trouve également prétentieuse, parce qu’elle parle deux fois plus que moi de sujets dont elle ne comprend absolument rien ; on peut en dire autant de Dussel.
    Mais selon un de mes dictons favoris : « Dans tout reproche, il y a toujours du vrai », et j’admets bien volontiers que je suis prétentieuse. Ma nature présente un problème, c’est que personne ne me fait autant de remontrances et ne m’adresse autant d’insultes que moi-même ; si en plus, Maman y ajoute sa part de conseils, les sermons s’accumulent en un tas insurmontable si bien que, désespérant de jamais m’en sortir, je deviens insolente et me mets à la contredire, alors la vieille expression bien connue d’Anne refait tout naturellement son apparition : personne ne me comprend !
    Cette expression est ancrée en moi et même si elle peut paraître fausse, elle contient une part de vérité, elle aussi. Les reproches que je me fais prennent souvent de telles proportions que j’aspire à entendre une voix réconfortante qui y mettrait bon ordre et se soucierait également de mes préoccupations profondes, mais hélas, je peux toujours chercher, je ne l’ai pas encore trouvée.
    Je sais que tu penses à Peter, pas vrai, Kit ? En fait, voilà, Peter m’aime, non pas comme un amoureux mais comme un ami, son affection grandit de jour en jour mais cette chose mystérieuse qui nous retient tous deux, je ne la comprends pas moi-même.
    Parfois je pense que ce terrible désir qui me poussait vers lui était exagéré, mais ce n’est certainement pas le cas puisque, quand il m’arrive de ne pas monter là-haut pendant deux jours, j’éprouve de nouveau ce désir aussi fort qu’auparavant. Peter est gentil et bon, cependant je n’ai pas le droit de le nier, beaucoup de choses me déçoivent. C’est surtout son aversion de la religion, ses conversations sur la nourriture et d’autres choses tout aussi disparates, qui me déplaisent. Toutefois je suis pratiquement convaincue que, conformément à notre engagement sincère, nous ne nous disputerons jamais. Peter est un être paisible, compréhensif et très tolérant. Il me laisse lui dire beaucoup plus de choses qu’il ne le permet à sa mère, il met un acharnement particulier à enlever les taches d’encre de ses livres et à tenir ses affaires en ordre. Enfin tout de même, pourquoi garde-t-il ses pensées à l’intérieur et n’ai-je jamais le droit de m’en approcher ? Il est bien plus renfermé que moi, c’est vrai ; mais je sais, et cette fois la pratique me l’a enseigné (rappelle-toi de l’expression « Anne en théorie », qui revient sans arrêt), que même les personnes renfermées ont à un moment donné tout autant besoin ou davantage encore d’un confident.
    Peter et moi avons tous deux passé nos années de réflexion à l’Annexe, nous parlons souvent de l’avenir, du passé et du présent mais, comme je l’ai déjà dit, il me manque l’essentiel et pourtant je suis persuadée qu’il existe !
     
    Est-ce parce que je n’ai pas mis le nez dehors si longtemps que je m’enthousiasme pour tout ce qui a un rapport avec la nature ? Je me rappelle très bien qu’un magnifique ciel bleu, des chants d’oiseaux, le clair de lune et l’éclosion des fleurs ne pouvaient retenir mon attention pendant longtemps. Cet intérêt s’est transformé ici, à la Pentecôte par exemple quand il faisait si chaud, je me suis forcée à garder les yeux ouverts jusqu’à onze heures et demie afin de profiter une bonne fois toute seule de la lune en la regardant par la fenêtre ouverte, malheureusement ce sacrifice n’a

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