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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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une énorme bosse au-dessus de l’œil droit. Pour comble de malheur, mon petit orteil droit est resté coincé dans l’embout de l’aspirateur. Il saignait et me faisait mal, mais j’étais si occupée de mes autres maux que cet inconvénient est passé inaperçu. Grave erreur, car maintenant j’ai un orteil infecté, plus de la pommade, plus de la gaze, plus du sparadrap et je ne peux plus mettre mes glorieuses chaussures.
    Dussel a mis notre vie en danger pour la énième fois. Figure-toi que Miep lui apportait un livre interdit, un pamphlet contre Mussolini. En chemin, elle a été heurtée par une moto des S.S. Elle a perdu son sang-froid, a crié : « Abrutis ! » et est remontée sur sa bicyclette. Je préfère ne pas penser à ce qui se serait passé-si elle avait dû les suivre au poste.
     
    Bien à toi,
    Anne
     
    La corvée du jour, dans la maisonnée : l’épluchage des pommes de terre !
    Le premier va chercher les journaux, le deuxième les couteaux (se réserve naturellement le meilleur), le troisième les pommes de terre, le quatrième l’eau.
    M. Dussel commence, gratte, pas toujours bien, mais gratte, sans s’arrêter, regarde un peu à gauche et à droite, chacun s’y prend-il bien comme lui ? Non : « Anne, rekarde, che prends le couteau gomme za tans ma main, kratte te haut ten pas ! Nein, so nicht… mais so.
    — Je trouve plus facile de faire autrement, monsieur Dussel, dis-je timidement.
    — Mais z’est bourdant la meilleûre fazon, tu peux me croire. Bien entendu, za m’est égal, aber libre à doi de choisir. »
    Je gratte de plus belle. Je jette un coup d’œil de l’autre côté, où se trouve Papa ; pour lui, le grattage des pommes de terre n’est pas une corvée mais un travail de précision. Quand il lit, il a une ride profonde au front, mais quand il aide à éplucher des pommes de terre, des haricots ou d’autres légumes, on dirait que plus rien ne l’atteint.
    Alors il prend sa tête de pomme de terre et jamais il ne fournira une pomme de terre moins bien grattée ; c’est tout simplement impensable quand il a cette expression-là.
    Je poursuis mon travail, lève un instant les yeux et j’en sais déjà assez, Madame tente d’attirer l’attention de Dussel. D’abord, elle lui lance un regard furtif et Dussel fait comme s’il ne s’apercevait de rien, puis elle cligne de l’œil, Dussel continue sa tâche, alors elle rit, Dussel ne lève pas les yeux, Maman se met à rire à son tour, Dussel reste imperturbable. Madame n’est arrivée à rien, elle doit donc s’y prendre autrement. Un silence et puis :
    « Putti, mets donc un tablier, demain il faudra encore que j’enlève les taches de ton costume.
    — Je ne me salis pas. »
    Nouveau silence.
    « Putti, pourquoi tu ne t’assois pas ?
    — Je suis très bien debout, je préfère rester debout ! »
    Pause.
    « Putti, regarde, tu éclabousses !
    — Oui, mammi, je fais attention ! »
    Madame cherche un autre sujet : « Dis donc, Putti, pourquoi ils ne bombardent pas, les Anglais, aujourd’hui ?
    — Parce qu’il fait trop mauvais, Kerli !
    — Mais pourtant hier, il faisait beau, et il n’y a pas eu d’avions.
    — Changeons de sujet, s’il te plaît.
    — Pourquoi, on a bien le droit d’en parler ou de donner son avis ?
    — Non !
    — Et pourquoi pas ?
    — Allez, reste tranquille, mammichen.
    — Monsieur Frank, lui, il répond toujours à safemme. »
    Monsieur lutte, c’est son point sensible, ça l’exaspère, | et Madame revient toujours à la charge :
    « Ils ne débarqueront jamais ! » Monsieur pâlit, quand| Madame s’en aperçoit, elle rougit, mais ça ne l’empêche pas de continuer : « Ces Anglais ne sont bons à rien ! »
    La bombe éclate.
    « Maintenant, ferme-la, donnerwetter noch einmal ! » Maman se mord les lèvres pour ne pas éclater de rire, je regarde droit devant moi.
    Ce genre de scènes se répète presque chaque jour, s’ils ne viennent pas de se disputer, car dans ce cas ni Monsieur ni Madame ne desserrent les dents.
    Il faut que j’aille chercher d’autres pommes de terre. Je vais au grenier, où Peter est en train d’épucer le chat. Il lève les yeux, le chat le remarque, hop… le voilà qui se sauve dans la gouttière par la fenêtre ouverte.
    Peter pousse un juron, je ris et je disparais.
     
    La liberté à l’Annexe
    Cinq heures et demie : Bep vient nous offrir la liberté du soir. Aussitôt, la

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