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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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maison se met en branle. Je commence par accompagner Bep en haut où, le plus souvent, elle reçoit déjà une part de notre dessert du soir.
    Bep n’est pas plus tôt assise que Madame se met déjà à énumérer tous ses désirs, on ne tarde pas à entendre : « Ah ! Bep, j’ai encore un souhait…» Bep me fait un clin d’œil, Madame ne manque jamais l’occasion d’informer quiconque vient là-haut de ses désirs. C’est sans doute pour cela que personne n’aime y monter.
    Six heures moins le quart : Bep s’en va. Je descends deux étages. Voir d’abord dans la cuisine puis dans le bureau privé, et ensuite dans la remise à charbon pour ouvrir la trappe à souris de Muschi. Au bout d’une longue tournée d’inspection, j’échoue dans les appartements de Kugler. Van Daan fouille dans tous les tiroirs et classeurs pour trouver le courrier du jour ; Peter va chercher la clé de F entrepôt et Moffi ; Pim transporte des machines à écrire en haut ; Margot repère un coin tranquille pour faire son travail de bureau ; Madame met la bouilloire sur le feu ; Maman descend l’escalier, une casserole de pommes tic terre dans les mains ; tout le monde sait ce qu’il a à l’aire.
    Peter revient de l’entrepôt. On lui demande d’abord s’il n pensé au pain : oublié. Il se fait tout petit avant d’entrer dans le bureau de devant et se dirige à quatre pattes vers le placard métallique, s’empare du pain et disparaît, ou du moins s’apprête à disparaître quand, avant qu’il ait eu le temps de s’apercevoir de rien, Muschi a bondi au-dessus de lui pour aller s’asseoir sous le bureau. Peter cherche de tous les côtés, ah, voilà le chat, il retourne dans le bureau à quatre pattes et tire l’animal par la queue. Muschi grogne, Peter soupire. Il n’est pas plus avancé. Le chat s’est maintenant installé près de la fenêtre et se lèche, ravi d’avoir échappé à Peter. En dernier recours, Peter tente d’appâter le chat avec le pain et, en effet, Muschi le suit et la porte se referme.
    Je suis restée à observer toute la scène, debout dans l’entrebâillement de la porte.
    M. Van Daan est en colère, il fait claquer la porte. Nous nous regardons, Margot et moi, et pensons : « Il s’énerve sûrement une fois de plus à cause d’une des idioties de Kugler et, pour l’instant, ne pense pas à Keg. »
    Soudain, on entend d’autres pas dans l’escalier. Dussel entre, se dirige vers la fenêtre avec des airs de propriétaire, renifle… se râcle la gorge, éternue et toussote, c’était du poivre, pas de chance. A présent, il poursuit son chemin en direction du bureau de devant. Les rideaux sont ouverts, autrement dit pas de papier à lettres. Il disparaît, le visage renfrogné. Nous nous regardons à nouveau, Margot et moi : « Demain, une feuille de moins pour sa chérie », me dit-elle. J’acquiesce de la tête. Un pas d’éléphant s’éloigne dans l’escalier ; c’est Dussel à la recherche d’une consolation dans l’endroit dont il ne peut se séparer.
    Nous continuons à travailler. Tic, tic, tic… On frappe trois fois, c’est l’heure du dîner !
     
     
     
    LUNDI 23 AOÛT 1943
     
    Quand sonnent huit heures et demie…
    Margot et Maman sont inquiètes : « Chut, Papa, attention Otto, chut… Pim », il est huit heures et demie. « Viens, tu ne dois plus faire couler d’eau ; ne fais pas de bruit en marchant ! » Ces diverses exclamations s’adressent à Papa dans la salle de bains. A huit heures et demie sonnantes, il doit se trouver dans le séjour. Plus une goutte d’eau, plus question d’aller aux toilettes, plus un pas, le silence total. Quand le personnel du bureau n’est pas en dessous, on entend tout à l’entrepôt.
    Là-haut, on ouvre la porte à huit heures vingt et, peu après, on frappe trois petits coups sur le sol… les flocons d’avoine, pour Anne. Je grimpe l’escalier et viens chercher mon écuelle de chien. De retour en bas, grande précipitation : brossage des cheveux, vidage du récipient clapotant, remise en place du lit. Silence ! L’heure sonne ! Madame change de chaussures et traîne des pieds en mules dans le séjour, M. Charlie Chaplin est en pantoufles, lui aussi, le calme plat. Maintenant, le tableau de la famille idéale atteint la perfection. J’ai envie de lire ou d’étudier, Margot aussi, tout comme Papa et Maman. Papa est assis (avec son Dickens et un dictionnaire, naturellement) au

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