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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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fils du maréchal de La Meilleraie, enfant qui fut fait, pour l'occasion, duc de Mazarin ! Elle coucha, sans doute pas assez, car Sa Majesté courtisait avec entrain Mlle d'Argenson, fille d'honneur de la Reine, qui ignora que Mme de Sénecey encoura-geait icelle à céder malgré certaines propositions et exigences que le Roi exposait à Mlle d'Argenson.
    La Reine convoqua son fils qui sortit les yeux rouges de chez elle et on éloigna Mlle d'Argenson.
    Voir le Roi les yeux rougis fendit le cúur de l'ancienne gouver-

    nante qu'il croisa au sortir du privé d'Anne. Il la salua et cette fois-ci lui sourit. Le Roi se rappelait-il qu'elle avait pu être conso-lante ? La marquise en rosit.
    Alors arriva la Précieuse, la pimbêche que toute la Cour jugeait fort laide, brune de cheveux, mate de peau, le caractère vif, hardie, bref mal élevée ! Mme de Sénecey savait qu'on se trompait, et que cette jeune fille, qui sortait tout juste de la Visitation, avec ses dix-sept ans séduisait par sa culture, son intelligence, son esprit, son go˚t pour les romans et la poésie, les raffinements de l'art, et, elle le sentait, son appétit de la volupté. Encore fallait-il prêter quelque attention aux êtres avant que de les juger. Elle se nommait Marie comme l'illustre Hautefort, et Mancini comme toutes les nièces de Mazarin.
    A l'automne à Fontainebleau, Louis XIV fut empressé.
    Mlle Mancini n'aimait pas les manières de soudard et lui inculqua celles de la cour que l'on fait, selon les règles du Tendre, par réaction fort saine aux rudesses des múurs, à la crudité du langage ; un Roi se devait de paraître un prince. Louis fut conquis. Et amoureux éperdu.
    Voilà qui allait le calmer. La Reine était satisfaite de cette amourette envers une jeune personne qu'elle traitait comme une nièce, l'emmenant avec elle visiter couvents et hospices o˘ la petite Mazarin se comportait fort bien ; et puis, trop brune, trop mate, Marie Mancini ne semblait pas à la Reine une beauté à voler l'‚me de son fils. Les sens suffiraient et cela aussi était fort bien.
    Cela l'occuperait sainement, comme le pensait son amie Sénecey, jusqu'au mariage, car le Roi l'ignorait mais on l'allait marier.
    Le Royaume et la Paix l'exigeaient.
    Mais Louis aimait la Couronne et la guerre. Il faillit en mourir.
    D'amour aussi. Après son métier de roi, appris à la dure et dans les pires tumultes, et dont l'enseignement n'était pas terminé, il fit alors connaissance du métier d'homme qui n'est guère facile non plus.
    Turenne avait bousculé Condé et Don Juan d'Autriche à Dun-kerque à la bataille des Dunes. Et continuait sa promenade guerrière dans la Flandre Maritime. Le Roi pour lui rendre hommage rejoignit ses armées. Pour l'hommage mais aussi l'oubli de cette Cour qui lui pesait. Et pour penser à Marie au grand vent des boulets. Certains hommes sont ainsi faits qu'il leur faut la distance pour mesurer le manque, et la proximité de la mort pour chérir ce qu'ils chérissent le plus en leur pauvre vie.
    Le Roi est donc aux armées, dans les miasmes des blessés, dans le froid et la pluie, on est en juin mais la bise de la Manche est glacée et vient du cercle Polaire.
    Douleurs de tête effroyables, fièvre immense, le corps se couvre de taches rouges, on parle de fièvre pourpre, celle qui emporte les enfants et tue les adultes encore plus vite. La langue est noire. Le Roi se meurt, transporté à Calais. On dit des messes plus qu'on ne donne de médicaments.
    A Paris, c'est la panique et la honte. La Cour assiège déjà le duc d'Anjou, ce Monsieur qu'on oubliait hors ses facéties et scandales avec ses favoris, on dit " ses mignons ", dont le beau Guiche. Mme de Choisy se voit reine, elle épousera Monsieur, Mme de Fienne, maigre et garçonnière, veut coucher avec lui et s'habille en garçon.
    On envoie des médecins, qui tremblent de peur devant une telle responsabilité. Olympe Mancini pense qu'elle a mal choisi son amant de naguère, et Marie pleure.
    La Reine se rend à Calais avec Mme de Sénecey et d'autres suivantes. Elles prient. Et amènent Guénaud, médecin de la Reine.
    Et dame Perrette Dufour, nourrice de Sa Majesté. Le Roi, fié-vreux, abattu, aux dernières extrémités, embrasse sa nourrice et son ancienne gouvernante.
    On le purge, on ordonne des vésicatoires, rien ne fait rien sinon affaiblir ce beau corps de jeune homme terrassé.
    - Sauvez-le, dit la Reine à Guénaud. Sauvez-le ! Philippe n'est pas digne de

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