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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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travaillé. Par la danse bien s˚r, par la chasse, le tir, le jeu de paume. Il aime le grand air, il aime l'exercice, répète tel ballet à s'en rendre malade, se baigne en rivière nu et nage. Et aussi il fait la guerre, ou du moins y paraît, mais y paraître c'est aussi essuyer un tir de boulets ou d'obus, c'est rester ferme sur son cheval à contempler l'assaut ou le siège, c'est être l'image sainte pour le soldat et le général, c'est le grand vent, la pluie, la neige, le froid ou la canicule qu'on affronte sans confort, volontairement sans confort. Louis a pris go˚t aussi à délaisser les carrosses pour voyager à cheval. Il se montre à " nos Français ". Car sa mémoire est phénoménale. Le cri d'amour d'un Paris noir de monde, de chapeaux et mouchoirs agités lors de sa majorité lui reste dans les oreilles. S'il joue plus mal de la guitare que son père, il possède en l'oreille un bon instrument de mesure des cris de joie, de liesse, d'amour des habitants d'une ville traversée ou conquise. On peut le tuer à cheval plus aisément qu'en carrosse, il le sait, il l'admet mais pense que sa majesté, celle de sa personne désormais qu'il a tant travaillée vaut toutes les cuirasses, qui ne font que briller au soleil des aubes d'attaque mais n'arrêtent pas les balles des mousquets.
    Il est beau, il est courageux. Il se livre au public mais il est seul.
    Seul ? M. Vautier en doute, que sa mère lui a donné comme médecin et qui est vieux et connaît tout de la vie, du corps de Marie de Médicis jusqu'aux cellules de la Bastille. Or M. Vautier a décelé une blennorragie, cette maladie de garçon qui s'attrape avec les filles ! Mais qui ? Le Roi n'a pas d'amour connu !
    La faculté de médecine y perd tous ses latins de cuisine. Vautier lui-même, qui connaît aussi les astres, ne voit nulle explication à
    la spontanéité du surgissement de cette maladie sur la verge du roi.
    On soigne, cela passe, la question demeure. Sa mère et Mazarin se perdent en conjectures avec le médecin. Le Roi couche, mais avec qui ? On se rend compte alors que le Roi, qui n'est plus puceau depuis le passage de dame Cathau de Beauvais à l'úil de verre, connaît certainement ces besoins du corps et les satisfait puisque son visage au teint frais n'a jamais eu ces boutons qui dénotent une abstinence forcée quand le corps ne peut travailler à sa satisfaction. Mais le Roi se tait.
    Anne d'Autriche connaît-elle tout de son fils ? Non. Mazarin est-il si bien renseigné par les espions qui entourent la majesté
    encore si jeune, autant pour information du ministre que pour protection du souverain ? que nenni !
    Mais le Roi s'amuse avec des dames ? des filles de cuisine ?
    Est-il aussi priapique qu'Henri IV son grand-père ? On le croit.
    Mazarin s'inquiète, Anne s'étonne, puis admet les besoins de son fils. Elle interroge chaque dame ou fille d'atours, envoie La Porte espionner les servantes, les lingères. La Porte avoue son ignorance, lui qui ne quitte pas l'antichambre du Roi. Et n'a rien vu, rien soupçonné. On cherche une fille malade dans tout le ch‚teau, les ch‚teaux car on revagabonde de Saint-Germain à Fontainebleau et bien ailleurs aussi.
    Mme de Sénecey se tait, par une fidélité curieuse, quasi amoureuse. Elle a vu un jeune homme de bonne figure, une nuit, sur les toits du Ch‚teau Neuf de Saint-Germain. Elle est s˚re qu'il s'agissait du Roi, qui s'allait introduire dans une chambre dans l'aile des filles d'honneur par une fenêtre au risque de se tuer.
    Elle, qui a toujours informé la Reine qui lui accorde une si belle affection, ne dénonce pas l'ancien enfant qu'elle eut à gouverner.
    Elle s'en repent, mais demeure ferme. Elle a même songé à laisser sa propre fenêtre ouverte... sans trop d'espoir et avec beaucoup de honte d'une telle pensée. Désormais le Roi la croise, la salue tant il est courtois, mais si son regard la reconnaît il ne la voit pas ; il ne la voit plus.
    On ignorera toujours o˘ Louis prit ce mal et en prenant qui ?
    Mais on n'ignorait pas, et la Reine moins que quiconque, que le roi Louis était, selon le mot de son médecin M. Vautier et de son second M. Vallot qui l'allait remplacer, M. Vautier étant fort avancé en ‚ge et ne devant cette place honorable qu'à la reine Anne pour le consoler de huit années et demie de Bastille, que le Roi était de " complexion amoureuse ". Ce que les médecins ne dirent pas à Sa Majesté la Reine mère, mais ce que lui démontra

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