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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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larmes dans les beaux yeux qui ont déjà pleuré quand vous frôliez la mort.
    On répéta les rôles.
    Le Roi se montra froid avec la princesse Marguerite alors qu'il avait la joie au cúur. Après trois jours de tractations qui n'avaient aucun but du côté français, la reine Anne avertit sa belle-súur, qu'on nommait Madame Royale, mère de la " fiancée ", que l'affaire ne se pourrait conclure.
    Madame Royale demanda des explications. La Reine l'envoya à Mazarin pendant qu'elle recevait, elle, don Antonio, à qui on avait courtoisement demandé de patienter un peu.
    Madame Royale entra dans les appartements du Cardinal comme naguère les troupes de Savoie dans Pignerol reprise aux Français avant de la reperdre.
    - que je le plains, dit la Reine, elle va le tourmenter, elle est plus aigre que son frère.
    Dernier hommage au caractère de son défunt mari.
    Il fallut surtout plaindre Nicolas Fouquet qui dut trouver séance tenante 500 000 livres pour dédommager la maison de Savoie et autant en cadeaux.

    Fouquet les trouva. Dans les bureaux de Mazarin, Colbert se demanda toujours o˘ son ennemi (déjà, dès le premier regard !) avait péché cela ! Même Mazarin n'en revint pas.
    La Savoie regagna Chambéry. Pimentel se faisait aussi invisible que le marquis de Chouppes, ne rencontrant plus que Mazarin, en secret. Pendant ce temps, Louis et Marie parcouraient à cheval la place Bellecour, dont le nom leur faisait penser à leur amour (ah, délicieuse Précieuse et sa Carte de Tendre) ; le Roi ordonnait l'exercice des mousquetaires, M. d'Artagnan lui abandonnait bien volontiers son commandement ; la Reine visitait les couvents et les hospices ; le Roi à la soirée tombée menait Marie en carrosse, prenant les rênes au cocher, et l'on s'arrêtait dans quelque parc pour traquer parmi les étoiles l'éclat de Vénus, que lui trouvait plutôt en son mont sous la soie.
    Le comte de Soissons se plaignit que le Roi néglige‚t ainsi de coucher avec Olympe, sa femme, au profit de ce petit laideron de Marie.
    Le Roi était devenu fidèle et avait abandonné oies blanches, perruches et escapades sur les toits. On rentra au Louvre. L'amour continua, Pimentel suivit ou précéda, ayant rendez-vous aux étapes avec le Cardinal, parfois avec Dona Ana Maria Mauricia, ancienne infante et reine mère en France.
    Don Antonio Pimentel avait un souci dont il s'ouvrit ;
    - Le Roi n'est-il pas trop amoureux pour se résoudre à convo-ler avec une autre que cette demoiselle Mancini ?
    IL posait la bonne question que chacun évitait soigneusement de soulever.
    On mentit, bien s˚r, il ne s'agissait que de politique d'un côté, de foucade de l'autre.
    Beau mensonge qui dura cinq mois ! Pimentel était patient mais tout de même... il est vrai que dans le même temps tout se négo-ciait entre ministres. Et qu'après plus de vingt années de guerre certains dossiers demeuraient encore pleins d'épines. Mais se concoctait jour après jour le bienvenu traité des Pyrénées.
    Enfin l'accord tomba, sans lever les doutes de l'Espagnol. Il fallut avertir le Roi, qui déclara fort posément qu'il n'épouserait que Marie.
    Anne menaça d'entrer immédiatement au Val-de-Gr‚ce.
    - Vous êtes libre d'y aller, Madame ma mère.
    On se f‚cha. Mazarin raccommoda. Marie s'inquiéta. Louis devint triste. Marie lui lut des poèmes anciens de Louise Labbé.
    Cela le fit pleurer par leur beauté et leur détresse. Elle proposa un ballet. On dansa. Mazarin grommela :
    - Ma nièce est un Cinq-Mars en jupons !
    Ce n'était pas un compliment.
    Ce fut pis qu'un meurtre.
    Marie fut exilée à Brouage, près de La Rochelle. Les adieux firent même pleurer certains à la Cour pourtant peuplée de cúurs de fer. Le Roi ne quittait pas Marie d'un cheveu, le Roi la condui-sit au carrosse, s'accrocha à la portière. La Reine envoya Guitaut, qui faillit refuser pour la première fois d'obéir à un ordre.
    Il attendait, impassible, deux pas derrière le Roi. C'était jour de l'été, la nuit la plus courte et la plus étoilée de l'année. Nul ne partait. Guitaut attendit, entendit les mots d'amour, entendit les sanglots ; partagé entre l'émotion et le reproche devant cette attitude qui n'était en rien celle du plus grand monarque du monde.
    Vous pleurez, vous êtes le maître et je pars.
    La voix de Marie était brisée.
    Guitaut s'approcha du Roi qui se retourna, vit le regard de son capitaine, et il le haÔt d'une haine de forcené. Guitaut ne broncha

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