Le lever du soleil
avec son élégance pudique Mme de Sénecey, qui auprès de la mère gardait la confiance et la tendresse qu'elle ne croyait plus avoir auprès du fils, est que la Fronde avait changé les dames.
Certaines se donnaient du " prix ", on les nommait d'ailleurs Précieuses, et faisaient lanterner les galants ; la fille de Mme de Rambouillet, la belle Julie d'Angennes, avait décidé de faire lanterner quatorze ans, ce chiffre de l'éternité chez les Anciens et de la majorité pour nos Rois, avant d'accorder... quoi que ce soit. On y parcourait la Carte de Tendre o˘ la sexualité ne figurait pas, sinon sans doute dans les étendues de la Terra Incognita. Mme de Sénecey, amante satisfaite de son amant Guitaut et amoureuse sans trop l'admettre d'un enfant grandi en roi, voyait là des fadaises. Ce que la réalité lui montrait en revanche était que désormais les dames " faisaient la moitié du chemin et plus " dans l'aventure des rapports amoureux, car la Fronde avec ses enrégi-mentements et mobilisations d'hommes pris tout à coup par la rage de tuer ou de politiquer les avait privées en grande partie de poulets, de baisers, de soupirs, de galanteries, d'étreintes, sinon par le viol.
La Reine écoutait son amie, et, contemplant sa volière de jolies volailles allant de la poulette à la palombe, de la perruche à la paonne, n'y distingua pas d'oie blanche. Toutes avaient des amants et en changeaient souvent. Passèrent un fantôme et un jardin, M. de Buckingham dans les vergers d'Amiens... Elle rougit, Mme de Sénecey crut que Sa Majesté songeait à Mazarin.
- Ainsi le Roi...
- Il lui faut des maîtresses, dit la femme la plus pieuse de la cour de France, mais qui avait su soigner les gencives du Dauphin, les pleurs d'un enfant roi en lui abandonnant ses seins, et les détresses de son cúur et de son ‚me avec l'imposition des lèvres en un baiser d'amour échangé en un jardin au vu de toute la Cour.
- Une seule suffirait, sourit la reine Anne.
- Je ne le pense pas, Madame.
- Mais que faire, je ne puis toutefois renouveler l'épisode de Cathau, il s'agissait là de déniaisage, de formation d'homme. Je ne puis désigner... Mon Dieu, quelle pensée ! que faire, mon amie ?
- Permettre. Sa Majesté le Roi dissimule les nécessités de ses reins. Cela peut être dangereux.
Elle repensait au jeune homme de belle mine sur les toits et qui avait risqué de se rompre le cou.
- Lui dire que tout lui est permis ? Ce n'est point là l'éducation d'un Roi ni le discours d'une mère.
- Le Roi comprendra sans qu'on le dise. Il a l'esprit profond et plus vif qu'on ne croit..., surtout s'il s'agit des plaisirs, j'entends des siens.
- Laissons faire. Nous verrons bien.
Mme de Sénecey avait décidé de favoriser les amours d'un jeune homme qu'elle avait élevé en quelque sorte avec une tendresse qui n'avait fait que croître avec l'‚ge dudit enfant, qui n'en était plus un, et elle ne se sentait nullement le besoin de se repentir de la sorte d'amour qu'elle lui avait donné et lui vouait encore.
Elle désirait que son Roi f˚t heureux.
Mazarin voulait clore le second acte de la guerre que le grand Richelieu avait commencée. Et ce pour les mêmes raisons, la grandeur du royaume, de son Roi... et du ministre.
Désormais affermi dans son pouvoir, étayé de réussites exem-plaires, s˚r de l'amitié confiante de la Reine, moins certain de celle du Roi mais sachant que ce dernier l'écoutait et lui obéissait en maints domaines, acceptait les remontrances d'un air studieux quitte ensuite à rire et faire le galopin avec Brienne et Vivonne, qui annonçait, qu'il allait mal tourner, Mazarin rétabli rappela sa famille, sa meute, sa horde, ses neveux et nièces et cousins. Il maria à tour de bras. D'abord les anciennes, celles qui avaient connu l'exil et la détestation du temps de la fuite chez l'Electeur de Cologne. Laure Mancini épousa le duc de Mercosur. La petite Manizzotti avait épousé un Conti. Puis Olympe avec Eugène de Savoie, fils du prince Thomas, et il releva le titre prestigieux de comte de Soissons (M. le Comte, comme chez les Condé on était M. le Prince et M. le Duc), car la mère de Thomas était la dernière survivante de cette branche des Bourbons, celle de Madame Chrétienne, súur du défunt Roi. Celles-ci avaient connu la Fronde Et tinrent leur rang.
Louis courtisa Laure de Mercúur, qui resta fidèle à son mari.
Avec Olympe on alla jusqu'au lit. On maria vite Hortense avec le jeune
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