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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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proposition, Sire. qui pansera la plaie de Sa Sainteté
    Urbain VIL, plaie ouverte de voir votre Très Chrétienne Majesté
    et Sa Très Catholique Majesté espagnole guerroyer.
    " Par pitié, pas de politique en cet instant ", pensa Brienne encore ému. Conseiller sévère au langage rugueux, Brienne était un tendre et contemplait encore la chevelure ch‚tain doré étalée sur les oreillers, le visage las mais resplendissant, l'élégance des mains qui reposaient sur les draps froissés, les souillés ayant été
    changés à la h‚te, que Mme de Sénecey avait fait recouvrir d'une courtepointe damassée.
    Monsieur n'avait dit mot, depuis le baiser donné du bout des lèvres à la Reine sa belle-súur, et ouvrit plus grand la fenêtre qu'il n'avait pas quittée, s'étant à peine détourné pour un signe de tête adressé en salut au Principal Ministre. Il se pencha pour mieux guetter les lointains ensoleillés et écouter, toutes oreilles en aff˚t, ce qui se disait en cette chambre encore emplie des odeurs d'un accouchement et que les femmes et servantes venaient tout juste de débarrasser des bassines et des pots couverts d'un linge propre au-dessus des déjections nécessaires à la naissance de ce qui était plus qu'un prince.
    Les princes justement, Gaston en comptait mentalement les troupes, amenées en hommage et aussi par bravade, qui piétinaient les allées et les pelouses du ch‚teau royal de Saint-Germain-en-Laye. Il les connaissait trop bien, pour avoir partagé leurs complots et les avoir tous trahis.
    Maintenant, cette chambre aérée par le frère du roi qui avait besoin de respirer après le décès de son avenir, aération faite désormais contre l'avis des sept médecins dont sept inutiles, la Nature, Mme de Sénecey et dame Péronne suffisant à aider Sa Majesté la Reine et son Dauphin nouveau-né à exécuter leur office de vivre et de survivre, allait recevoir les princes afin qu'ils admirent et constatent qu'un maître tout neuf existait et qu'il leur réclamait allégeance. Pure formalité exigée par la coutume, Gaston savait que ces importants continueraient d'agir comme ils l'entendraient.
    Lui aussi.
    L'objet de tant d'adoration obligée mais non feinte, car il y avait une once de la gr‚ce de Dieu en tout Dauphin de France, et même un furieux libertin admettait cette idée, l'objet aussi de futurs conflits, il n'était nullement nécessaire de savoir tirer des horoscopes pour les prévoir, s'était endormi dans les bras de sa nourrice, Mlle La Giraudière, femme d'un procureur des finances d'Orléans, qui lui offrit son premier lait.
    Il dormait.
    On l'éveilla à peine quand M. de Meaux, premier aumônier du Roi, l'ondoya, le baptême cérémonial étant différé jusqu'à la reprise de santé de la Reine, la première victoire des armées royales qui se battaient en Picardie, et jusqu'à ce que le pape e˚t envoyé un monsignore pour figurer le parrain en représentant Sa Sainteté.
    De cette froide et plate Picardie on avait tiré le Roi deux semaines auparavant, il avait d'ailleurs maugréé, o˘ il ne désirait rien tant que retourner. Avec son cher et éminent " cousin ", le Cardinal.
    Puis on porta l'enfant entre deux haies de gardes commandés par Guitaut, plus beau de rubans, de dentelles, de plumets, plus
    " capitan " que jamais, vers les jardins. Et vers le Ch‚teau Vieux qui lui servirait de résidence.
    Il faisait beau, comme un dimanche en effet, et le futur Louis le quatorzième connut son premier défilé triomphal, entre deux haies de Cent-Suisses alignés à la parade entre les deux ch‚teaux, le chemin lui étant ouvert par le triple panache et la cuirasse étin-celante de Guitaut.
    Louis Dieudonné gagnait son logis du premier étage tendu de damas blanc pour être remis à sa gouvernante, imposée depuis un mois par Richelieu, Mme de Lansac, fille de M. de Souvré, qui avait été gouverneur de Louis XILI enfant. La reine Anne avait voté, elle, pour la grand-mère de son amie Marie de Hautefort.
    Mme de La Flotte, on imagine si on l'avait écoutée ! La gouvernante fit la révérence en nommant la petite chose aux cheveux bruns :

    - Monseigneur le Dauphin, vous voici en vos appartements.
    Du blanc. Partout du blanc et ces ombres parfumées et mus-quées, senteurs que l'enfançon, demi-réveillé, ne reconnaît pas.
    Ombres qui bougent et chuchotent et s'exclament. Il en cherche une autre qui n'est pas là et lui manque déjà.
    La faim, la soif. Besoins

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