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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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bon M. de Lisieux, en camail et rochet. La Reine et l'enfant étaient restés dans l'entrée par crainte des vents froids.
    Il revenait au capitaine de descendre les degrés et de souhaiter militairement la bienvenue au Roi en son ch‚teau. Pour la première fois de sa vie de campagnes plus ou moins heureuses, Guitaut pensa, en descendant les degrés en fer à cheval, qu'il apportait la reddition d'une place à plus fort que lui.
    Le Roi répondit à son salut par un sourire, Cinq-Mars l'ignora.
    Il vit les deux visages se rembrunir. Il comprit pourquoi.
    Aux côtés du Roi comme naguère, le devançant d'un demi-pas à gauche pour lui faire le chemin, il vit ce que le Roi voyait et, surtout, ce que voyait son favori aussi.
    Un pastiche, une parodie. Un élégant cavalier blond aux traits fins, souriant et chuchotant près d'une Majesté. Marie de Hautefort, en garçon près de la Reine, renvoyait en miroir la réplique cinglante et ironique du couple formé par Cinq-Mars aux côtés du Roi. En voulant, par jeu innocent, amuser l'enfant, on moquait le Roi, en apparence.
    Guitaut, qui sentait ces choses et les savait d'expérience, jugea que la tuerie allait commencer.
    Le rose du grand vent fit place au jaune malsain de la colère maladive sur les joues du Roi. Il suivit Guitaut sans un mot, se dirigeant vers son fils et la Reine, négligeant révérences des robes et moulinets des jeux de chapeaux bas. Il baisa la main de sa femme, resta aveugle au faux cavalier qui était à la gauche d'Anne, et se pencha ensuite vers Louis le Petit.
    L'enfant piqua du nez dans le col empesé de l'huissier La Chesnaye. Perrette s'avança, le prit dans ses bras.

    - Voyez, Monsieur, votre père Sa Majesté le Roi qui s'en revient vers vous. Souhaitez-lui le bonjour comme vous savez bien parler.
    Le nez de Louis chercha refuge dans le cou plus doux de Perrette.
    - Enfin cet enfant ne veut-il pas me voir ?
    Le Roi se redressait.
    - Je ne ressemble pas à Fontrailles.
    Le marquis, dans l'ombre, p‚lit de haine contrainte.
    - Or je suis son père et je suis son roi. Aurait-on oublié de le lui rappeler ? Lui aurait-on caché mon existence ?
    Cinq-Mars approcha. Se pencha vers Perrette apeurée, pétrifiée.
    - Monseigneur, souvenez-vous de moi, vous jou‚tes avec mon doigt quand je partis à la guerre avec le Roi votre père. Nous en rapportons de fort beaux étendards qui vous feront plaisir à
    voir.
    Le Dauphin jeta un úil timide en direction de cette voix douce.
    Le sourire le plus éblouissant de France ne put rien ce jour-là.
    Louis Dieudonné éclata en sanglots.
    Le Roi fendit les flots de courtisans suivi de son favori, et disparut dans l'ombre.
    - Nous sommes perdus, dit la Reine.
    - Je lui parlerai, dit Marie, enjouée.
    - Vous êtes perdue, mon amie.
    Et la Reine lui prit la main.
    En chemin, dans l'ombre, le Roi avait presque bousculé
    Mme de Sénecey qui, suivant les conseils de son tendre ami Guitaut, s'était abonnée à la discrétion parfaite et avait réussi à
    enfiler une robe sur ses chausses de cavalier.
    Le Roi la vit et lui adressa un sourire mielleux.
    - On m'a dit, Madame, que vous aviez merveilleusement soigné les douleurs du Dauphin.
    Mme de Sénecey fit sa plus profonde révérence.
    - que n'avez-vous un onguent pour son caractère. Cet enfant est opini‚tre et ingrat, nous allons y remédier. Avec les verges et le fouet s'il est nécessaire, et sans besoin de vos talents d'apothicaire.
    Ce fut Cinq-Mars qui plaida : l'extrême jeunesse, la longue absence du prestigieux père due à la guerre, empêchant ainsi Mme de Sénecey de répondre, et de se montrer maladroite. Au contraire de Marie, Mme de Sénecey n'était pas sa rivale. Avan-
    çant toujours, il se retourna pour sourire à la marquise dont il remarquait pour la première fois l'insolente beauté du corsage.
    Les pauvresses vont pieds nus, les nobles dames vont seins nus.
    Mais ce n'était pas aujourd'hui une pensée à partager pour rire avec son royal maître. Le jeune homme soupira. Nous allons recommencer à nous ennuyer et à boire vinaigre.
    Guitaut comprit qu'il lui fallait reprendre du service. Le Roi présent, il retombait sous sa coupe. Il emboîta le pas de Sa Majesté
    et de son mignon, se reprochant d'employer ce mot f˚t-ce en pen-

    sée tacite, releva Sénecey encore effondrée en corolle sur les parquets.
    - Cinq-Mars vous protège, vous voilà en sursis, chère amie.
    - Dieu vous entende, François.
    Guitaut souhaita que

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