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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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et flairait l’air avant de reprendre sa route. Il parvint à l’endroit où il avait tendu ses pièges, mais connut une amère déception : les conils capturés avaient déjà été dévorés par des bandes de renards, de belettes, d’hermines ou autre nuisibles des bois. Il n’en restait rien, sauf des déchets dans les collets et dans les lacets de bois goudronnés. L’homme jura entre ses dents. Combien avait-il d’âmes à charge ? Dix-huit ou vingt qu’il fallait nourrir, dont trois vieux, cinq femmes et deux enfants.
    Il se remit en marche et parvint à la large piste qui conduisait à l’entrée principale du château. Il jeta un coup d’oeil à droite et à gauche. Le sentier, baigné d’un pâle clair de lune, était désert. Aucun danger. Horehound ne quittait pas le talus, prêt à se glisser sous les arbres à la moindre alerte. Plus il avançait, plus il sentait de nouvelles odeurs. Non celle du bois mouillé ou de l’humus, mais la senteur d’un feu de bois et le fumet alléchant de la viande rôtie. Il approchait à présent de La Taverne de la Forêt, lieu de rencontre favori des villageois des alentours et de tous ceux qui avaient affaire à Corfe, mais c’était d’ordinaire par un temps plus clément, non lorsque soufflait la bise aigre de l’hiver. Horehound se renfonça dans les bois et aborda l’auberge par-derrière. Il se méfiait du tavernier, Maître Reginald, et de ses féroces molosses. Le pendard fit un grand détour et longea le mur du fond. Les effluves de la cuisine, généreux et torturants, arrivaient jusqu’à lui et il jeta un regard d’envie à la lumière lointaine de ses fenêtres et aux volutes de fumée qui montaient des foyers. Maître Reginald tolérait parfois que lui et quelques-uns de ses compagnons s’assoient au coin de l’âtre, se réchauffent, et engloutissent un bol de civet en échange de ce qu’ils avaient capturé en forêt.
    Horehound repartit. Les arbres, par endroits, faisaient place à une clairière humide ou à un traître marécage. Comme d’habitude, il en fit le tour et reprit son trajet. La forêt s’éclaircit. À présent hors du couvert, il monta le petit tertre en haut duquel le château s’élançait vers le ciel. C’était le coin préféré des conils. Corfe possédait sa propre garenne et, bien souvent, quelques-uns des lapins qu’on y élevait s’enfuyaient et fondaient leurs propres colonies. La veille, Horehound avait posé des collets très près des douves. Il espérait que le froid mordant et l’obscurité endormiraient la vigilance des sentinelles. En approchant, il respira l’odeur fétide de l’eau croupie et, se félicitant que la brume commence à se lever, il chercha l’emplacement de ses pièges. Les doux corps dodus qui l’attendaient le ravirent.
    Il avait presque rempli son sac quand il tomba sur le cadavre. La jeune femme gisait au bord du fossé, dissimulée sous les ajoncs, face à l’entrée d’une étroite poterne du manoir. Horehound réprima un cri de terreur. S’approchant, il tâta le visage de la jouvencelle et ses longs cheveux et, effleurant son cou, sentit le froid de la mort et le carreau empenné profondément fiché dans sa poitrine. Il leva les yeux vers les points lumineux sur les remparts. Il ne pouvait rien faire et, battant en retraite dans la nuit, il regagna la forêt par un autre chemin en évitant le village voisin.
    Il parvint au cimetière de l’église St Pierre-des-Bois et s’arrêta devant le portail. Irait-il voir le père Matthew, un prêtre affable à l’air honnête ? Ces histoires l’inquiétaient, lui aussi, sans nul doute. Combien, à présent ? Deux ou trois jeunes femmes, plus la victime de ce soir, cela en faisait quatre, toutes trépassées de malemort. On avait découvert deux dépouilles dans le château même et la troisième, comme celle de cette nuit, aux abords immédiats. Horehound était bouleversé. Il ne voulait pas penser à l’autre cauchemar, celui qu’il appelait l’« horreur de la forêt », à la clairière écartée, au chêne sombre et au corps pendu telle la victime d’un sacrifice barbare. Il scruta le cimetière. Il n’aperçut pas de lumière dans le presbytère et l’église n’était qu’une noire masse de pierre, sombre édifice contre le ciel. Ces questions devraient attendre. Horehound s’éloigna à grandes enjambées.
    Le père Matthew était agenouillé dans l’église, caché dans l’ombre. À

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