Le Maréchal Jourdan
démonter plusieurs pièces françaises. Dès lors, il devenait évident que la poursuite du siège
était sans espoir. Les travaux furent suspendus, l’artillerie française ramenée aux
plages de débarquement et réembarquée dès la première quinzaine d’octobre. Toutes
les troupes prirent ensuite la même direction, les Américains se retirant vers
l’titérieur du pays, assez mécontents, semble-t-il. Curieusement, les Anglais,
malgré leur supériorité numérique, ne tentèrent rien pour s’opposer à cette
retraite. Le corps français regagna la Martinique. Ce n’en était pas moins un
échec.
Dans les années suivantes, le régiment d’Auxerrois fut surtout employé dans les
Antilles. La France et la Grande-Bretagne, profitant de la guerre américaine, cherchaient à
s’enlever leurs possessions respectives. C’est ainsi que le régiment de
Jourdan participa avec succès à la défense de l’île Satit-Vincent puis à la conquête
de Tabago, où il réussit à capturer environ mille adversaires avec tout leur matériel
(1781).
Le séjour dans les eaux américaines de Jourdan dura donc un peu plus de trois ans.
S’il ne prit pas part au siège de Yorktown, il n’en eut pas moins
l’occasion de participer à plusieurs combats importants. Au début de 1782, il tomba
sérieusement malade, au potit que le service de santé du régiment décida de le rapatrier pour
le soigner. D’ailleurs, les opérations militaires tiraient à leur fin.
À son arrivée en France, en juillet 1782, il fut déclaré en suffisamment bon état
pour bénéficier d’un congé de convalescence qu’il passa on ne sait
où… peut-être à proximité du dépôt de son régiment. On ignore même s’il
profita de celui-ci pour gagner un peu d’argent en exerçant une profession, ce qui,
étant donné qu’il était toujours militaire, semble assez improbable. On ne sait
pratiquement rien sur ces quelques mois car, même dans ses mémoires, il s’est gardé
d’en parler. Il rétitégra son dépôt, le 12 novembre de la même année. Or
l’unité toujours outre-Atlantique ne rentra en France que le
21 juillet 1783 et il est difficile d’imaginer que les autorités
militaires aient renvoyé Jourdan en Amérique pour une aussi brève période.
L’Auxerrois débarqua à Lorient où il est à supposer que Jourdan le rejoignit. De là,
il fut dirigé sur Verdun. À la vie de campagne se substituait celle de garnison, forcément plus
monotone. Certes, Jourdan, après trois années de guerre, n’était plus considéré
comme un simple engagé. Il pouvait coudre des brisques sur sa manche et avait presque la
situation d’un vétéran. Mais quelle était exactement sa position ? Toutes
les autorités limousines ont été et sont encore persuadées qu’il gagna, au cours de
ses campagnes ses galons de sous-officier. C’est assez probable si l’on
garde en mémoire qu’il eut, dans les affaires auxquelles il participa, plusieurs
occasions de se distinguer. De plus, son éducation assez poussée le désignait
pour bénéficier d’un tel avancement. Sergent, sûrement et peut-être même fourrier,
ce qui impliquait un certain nombre de petits travaux et des responsabilités
administratives.
D’un autre côté, dans les archives existant encore, concernant ses états de
service, il n’en existe nulle part de traces. Mais les documents en question, quel
que soit leur nombre, présentent d’importantes lacunes qui permettent de fournir une
explication logique à ces omissions.
Un autre argument milite en faveur du fait qu’il ait reçu certains grades.
Lorsque, quelques années plus tard, sous la Révolution, il rejoignit l’armée, il
bénéficia de promotions rapides dues, en partie, à l’étendue de ses connaissances en
matière militaire qui dépassaient de beaucoup celles d’un simple soldat.
La fin des hostilités amena le gouvernement français, toujours en butte à des difficultés
financières, à faire des économies. Une des premières concerna la réduction des effectifs et,
tant qu’à faire, le ministère de la Guerre licencia un nombre important de
sous-officiers dont la solde était plus élevée que celle des simples soldats. Les régiments de
création récente furent les premiers touchés et les plus réduits. Le
26 juin 1784, un an après avoir rejotit son unité, Jourdan se trouvait de
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