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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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événements étaient abondamment
     commentés, sa prudence, sa timidité, son sens des nuances l’incitaient à garder le
     silence et à écouter.
    Toutefois, il fut amené à réviser sa manière de voir les choses au fur et à mesure
     que les événements se précipitaient. À la Grande Peur qui avait agité la province à
     l’été 1789, avait succédé une mini-crise économique dont le commerce, petit ou
     grand, avait pâti. Jourdan eut donc davantage de temps à consacrer à d’autres
     activités, mais avec sa prudence naturelle ; ce ne fut que peu à peu
     qu’il s’y adonna.
    Le 20 juin 1790, un bourgeois de Limoges, nommé Nicaud, fonda la première
     société populaire de la ville qui prit le nom de « Société des amis de la
     constitution ». Cette association était, tant en paroles qu’en actes,
     nettement plus hardie que les notables de Limoges qui affichaient des idées progressistes.
     Pourtant, à l’origine, elle se voulut sincèrement royaliste, allant
     jusqu’à faire dire des messes pour le rétablissement du roi lorsqu’il
     tomba malade. Il est vrai que ce loyalisme-là ne dura pas longtemps. La Société des amis de la
     constitution ne tarda pas à se rapprocher du club parisien des Jacobins et à adopter les idées
     de celui-ci, devenant son correspondant officiel pour Limoges et les départements voisins. Son
     influence grandissant au fur et à mesure de l’accélération de la Révolution, son
     président réussit à mettre la main, dans des conditions discutables, sur la mairie de Limoges,
     à la fin de 1790. Orientée de plus en plus vers la Montagne, elle changea de nom en
     septembre 1792 et, afin que nul n’en ignorât, devtit « la
     Société des amis de la liberté, de l’égalité et de la République ».
     C’était peu de jours avant que la Convention n’abolît la royauté
     (21 septembre).
    Ce club, il faut bien l’appeler par ce nom, ne fut pas le seul créé à Limoges.
     Deux autres, rivaux, concurrents, virent le jour à peu près en même temps que lui. Ce furent
     « la Société patriotique et littéraire » et « les Amis de la
     paix ». La première, qui n’eut jamais qu’un nombre réduit
     d’adhérents recrutés dans leur jeunesse, n’eut qu’une
     influence limitée, se consacrant surtout à des études théoriques. Elle finit par fusionner avec
     les Amis de la constitution, en janvier 1791.
    En revanche, les Amis de la paix se posèrent en rivaux de ceux de la
     constitution. De tendance beaucoup plus modérée, ils recrutèrent surtout parmi les notables,
     membres des professions libérales et hauts fonctionnaires. Leurs membres étaient assez
     nombreux, près de trois cents à sa création, et elle inquiéta beaucoup sa rivale qui finit par
     la faire dissoudre en décembre 1793, ce qui ne l’empêcha pas de basculer
     dans la clandestinité et de continuer à lutter contre les amis de Robespierre. La Société des
     amis de la liberté, de l’égalité et de la République, malgré sa victoire, ne lui
     survécut pas très longtemps. La chute de Robespierre lui porta un coup fatal ainsi
     qu’au club des Jacobins. Son activité prit fin en avril 1795.
    Jourdan, ami de Nicaud, fut un des premiers militants de la Société des amis de la
     constitution. Pourtant, dès le début, son fondateur se montra sévère dans le recrutement de ses
     membres, excluant les couches les plus basses et les plus pauvres de la société :
     ouvriers, simples employés, paysans, domestiques. Mais Jourdan était devenu un bourgeois établi
     et fut accepté sans difficulté. Bien entendu, les adhérents criaient bien haut
     qu’ils étaient d’indéfectibles partisans de la liberté et de
     l’égalité pour tous. Le mercier de la rue des Taules fit immédiatement siennes les
     convictions des membres de la société. Tout permet de penser qu’il était sincère. Il
     avait suffisamment souffert de discriminations dans sa jeunesse pour se montrer convaincu. Et,
     d’ailleurs, il continuera, au cours des années à venir, tant sous la Révolution que
     sous l’Empire et même un peu sous la Restauration, à ne pas renier ses convictions
     jacobines, ce qui devait prodigieusement agacer Napoléon et faire sourire
     Louis XVIII.
    Prudent à son habitude, s’il ne cacha pas qu’il partageait les opinions
     des autres membres de la société, il évita de se mettre en avant. Il connaissait ses limites et
     ses

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