Le Maréchal Suchet
tous les habitants partageaient leurs convictions.
Suchet revint à Lyon, le 9 juillet. Il apprit aussitôt qu’à Paris une convention avait été signée entre les représentants de l’armée française d’un côté et des alliés de l’autre. Elle prévoyait le retrait des Français jusqu’à la Loire et l’occupation de Paris par les vainqueurs pour y maintenir l’ordre. Ce fut sur cette base qu’il se proposa de solliciter un nouvel armistice avec les Autrichiens : recul de sa propre armée et jonction avec celle de Davout sur la Loire ; occupation de Lyon par les Autrichiens qui y assureraient le maintient de l’ordre. Toutefois, la gravité d’une telle décision incita Suchet à consulter le conseil de défense composé du gouverneur militaire, le général Mouton-Duvernet, du préfet Pons et du maire Jars qu’il connaissait bien. Tous trois, sans hésiter, se déclarèrent d’accord avec lui. Aussitôt après, le maréchal envoya une délégation composée du commandant de la garde nationale de Lyon, du préfet, du maire et d’un de ses officiers d’état-major pour négocier l’armistice avec deux représentants de Frimont.
L’accord sur les bases proposées par Suchet fut presque immédiat. L’évacuation de ses positions par l’armée des Alpes qui se retirait en direction de la Loire devait être terminée le 17 juillet. Elle emmenait ses armes et ses bagages. Le 12, les deux commandants en chef le ratifièrent. Le même jour, Suchet rédigea deux proclamations, l’une pour la population civile, l’autre pour son armée, par lesquelles il expliquait que la situation générale de la France l’avait contraint à traiter.
Mais ces deux publications destinées à maintenir le calme produisirent un effet contraire à celui que Suchet et les autorités civiles en attendaient. La populace et une partie des soldats encadrés par des sous-officiers et des officiers subalternes se soulevèrent. Les bruits les plus fantaisistes coururent la ville ; le moindre n’était pas que Napoléon venait d’arriver clandestinement à Lyon pour prendre personnellement le commandement de la défense. Certains de ces excités gagnèrent les montagnes du Forez pour y organiser, prétendirent-ils, une Vendée nationale ! Ils allaient tenir la campagne pendant plusieurs mois.
L’émeute atteignit son paroxysme le 13 juillet lorsque deux commissaires autrichiens entrèrent en ville, conformément aux accords et manquèrent d’être écharpés. Mouton-Duvernet eut toutes les peines du monde à les tirer des griffes de ces furieux. L’agitation ne se calmait pas. Les émeutiers envoyèrent une délégation à Bubna pour demander le maintien du drapeau tricolore ainsi que celui de la municipalité bonapartiste. Ce général qui ne tenait pas à occuper une ville en pleine révolution promit tout ce qu’on lui demandait. Le calme ne revint que le 17 juillet lorsque les autorités civiles royalistes eurent repris possession de la cité.
À cette date, Suchet, qui avait, dès le 12, fait sa soumission au roi en lui envoyant les généraux Puthod, Curial et Montfort, se trouvait à Roanne, ayant quitté Lyon dès le 15. L’armée y cantonnait également et les régiments continuaient à faire preuve de mauvais esprit. Ils refusaient d’arborer le drapeau et la cocarde blancs. Les cris de « Vive l’empereur ! » fusaient pour un oui ou un non et les rumeurs imaginaires recommençaient à circuler. L’empereur allait revenir commander l’armée dans six mois avec des armes terribles et c’était « soi-disant pour être certains de combattre à ses côtés que les soldats désertaient en emportant leurs armes », ainsi que l’écrivit Roger de Damas à Gouvion-Saint-Cyr. Cet état de choses dura près d’un mois.
Suchet s’était mis en rapport avec son nouveau ministre, lui transmettant la soumission nominative de chacun de ses régiments, et comme son armée arrivait en contact avec celle de la Loire, il eut à résoudre un problème d’occupation de villes de garnison que les deux armées ne voulaient pas se partager dans le Puy-de-Dôme. Il le soumit donc à Gouvion-Saint-Cyr.
D’ailleurs, à la fin de juillet, Suchet, qui se sentait très fatigué et se plaignait de nouveaux ennuis de santé, sollicita un congé. Mais auparavant, toujours soucieux d’assurer à ses troupes ce qui leur était dû, il réclama le paiement des arriérés de solde.
Puis, il s’appliqua à
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