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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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quelconque l’usurpateur. Mais, faute de temps et de moyens, elle n’avait pas été publiée. Personne n’en avait eu connaissance. Elle n’avait aucune valeur légale.
    Il avait vraiment attendu le dernier moment pour se rallier à Napoléon. Bien sûr, il fut facile de lui objecter que plusieurs de ses camarades étaient simplement rentrés chez eux. Mais il n’avait pas signé l’Acte additionnel aux constitutions de l’Empire ni siégé à la chambre des pairs, ce qui plaidait plutôt en sa faveur.

    Le gouvernement l’appela également, on le sait, à comparaître à titre de témoin à charge lors du procès du maréchal Ney. Leurs rapports n’avaient jamais été excellents et sans doute Suchet avait-il gardé en mémoire la fameuse sortie au cours du dîner chez Cambacérès, en 1811. Durant les Cent-Jours, lors de la marche de Napoléon sur Paris, ils n’avaient échangé que quelques notes de service sans importance. Aussi la déposition du duc d’Albufera fut-elle aussi neutre que possible, ni pour ni contre l’accusé. Dans l’armée, mais également en haut lieu, on lui en sut gré.
    Il conservait donc son titre, sa solde et sa position mais tout cela dans un contexte assez incertain. Puisque le roi avait refusé de le recevoir, il décida pour y parvenir de recommencer à fréquenter les personnalités de l’entourage avec qui il avait entretenu de bonnes relations en 1814, car il était tenace. C’était, en quelque sorte, une nouvelle manière de mener une guerre de siège. Avançant ses pions avec méthode, il commença par le président du Conseil, le duc de Richelieu, qu’il ne connaissait pas ; visite de pure courtoisie. Suivit le comte d’Artois qui lui avait toujours témoigné de la sympathie mais, là, il eut du mérite, car on ne faisait pas plus ultraroyaliste que le frère du roi. Pourtant, ce dernier le reçut sans difficulté. Ses deux fils, les ducs d’Angoulême et de Berry dont Suchet avait été le conseiller, emboîtèrent le pas. Tous trois s’employèrent à persuader le roi de revenir sur sa décision. Il finit par céder et accorda une audience à Suchet, au printemps de 1816, à un moment où les passions commençaient à se calmer. Après cela, il lui fut permis de se présenter régulièrement aux Tuileries.
    Le 14 juillet 1816 consacra le retour en grâce de sept maréchaux : Moncey, Jourdan, Mortier, Macdonald, Oudinot, Gouvion-Saint-Cyr, Suchet et deux anciens, Kellermann et Pérignon ( Moniteur du 15 juillet). Le roi leur remit le bâton fleurdelisé et ils prêtèrent serment de dévouement au peuple et d’obéissance au roi. Davout et Soult étaient toujours en disgrâce. Il est vrai que leur rôle avait été de premier plan durant les Cent-Jours. Bernadotte régnait en Suède. Augereau, Ney, Brune et Murat étaient morts. Masséna se trouvait absent de Paris. Marmont et Victor l’avaient conservé ayant suivi le roi à Gand. Curieusement, on avait oublié Lefebvre et Sérurier.
    Certes, ils récupéraient titres et fonctions mais le gouvernement qui continuait à se méfier un peu d’eux se garda bien, pour le moment, de les employer. Ils durent même attendre le 6 mars 1819 pour réintégrer la chambre des pairs en compagnie de Davout et de Jourdan qui avait été omis en 1814.
    **
    Puisque sa carrière militaire était terminée, Suchet fut en quelque sorte contraint de se trouver de nouvelles occupations. Installé entre son hôtel de Paris ou son château de Saint-Just près de Vernon, il entreprit d’aménager le corps principal et les communs qui en avaient besoin ainsi que le parc. Pour les bâtiments, il fit appel à un architecte mais dirigea lui-même la conception et l’exécution du tracé du parc ainsi que de son potager. En même temps, il s’efforça d’entretenir des rapports de bon voisinage avec les propriétaires environnants, chassant en leur compagnie. Mais il n’y avait pas là de quoi occuper tout son temps.
    Il décida alors de rédiger ses mémoires. Par chance, il avait réussi à conserver presque tous les documents qu’il avait reçus ou fait écrire durant sa carrière, dont sa correspondance officielle. Il était également demeuré en rapport avec un certain nombre d’officiers ayant servi sous ses ordres. Il les invita chez lui et au cours de nombreuses conversations recueillit ou se vit confirmer des informations qui pouvaient lui manquer. Dans un premier temps, il envisagea de raconter son

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