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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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était refermé et ce qui restait de l’armée de Blake, quinze à vingt mille hommes, encerclé avec la garnison dans la place. L’investissement était complet. Il fallait entamer le siège proprement dit et empêcher Blake de sortir et de forcer le blocus. Celui-ci avait compris qu’il devait agir d’urgence avant que Suchet n’ait entrepris des travaux pour consolider ses positions. Dans la nuit du 28 au 29 décembre, il tenta une sortie par le pont supérieur. Mais Suchet était sur ses gardes et elle fut aisément repoussée. Seule son avant-garde réussit à gagner la campagne. Le seul résultat fut que la garnison, dès le lendemain, commença à déserter car le découragement gagnait ses troupes. Mais Blake ne désespérait pas et s’imagina qu’après sa tentative manquée, les Français se montreraient moins vigilants. Dans la nuit du 30 au 31 décembre, il renouvela son essai et fut, une nouvelle fois, refoulé. Dès lors, il allait se consacrer à la défense de la ville, mais le siège allait être mené rondement par Suchet.
    Dans la nuit du 1 er au 2 janvier 1812, il fit ouvrir la tranchée en deux points. À l’est, mais ce devait être une diversion, et, au sud, au droit du faubourg Saint-Vincent. Les fortifications de la ville de Valence consistaient essentiellement en une muraille continue flanquée de tours, courant sur un périmètre de six kilomètres et protégée par un fossé rempli d’eau. Le rempart lui-même, rapporte Suchet, « avait trente pieds de haut, dix d’épaisseur et un chemin de ronde au sommet ». D’autres ouvrages en terre, d’une solidité précaire, s’y appuyaient.
    La nature du sol assez meuble permit aux assiégeants de faire vite avancer leurs travaux. Les Espagnols, quelque peu désemparés, se dépêchèrent d’évacuer leurs retranchements extérieurs et de se replier dans la ville. Dans la nuit du 5 au 6 janvier, l’artillerie lourde française qui avait pris position en portée ouvrit le feu et le bombardement commença. Quelques heures plus tard, dans la journée du 6, conscient des risques courus par la population civile, Suchet écrivit à Blake, lui offrant une reddition dans des conditions honorables. Tout aussi courtoisement, Blake repoussa l’offre, précisant toutefois que la responsabilité des conséquences de celui-ci ne serait pas sienne !
    Les défenseurs ripostèrent au tir des Français mais en cette occasion Blake montra jusqu’à quel point pouvait aller l’esprit chevaleresque des Espagnols. La maréchale, bravant tous les dangers, avait tenu à accompagner son mari. Elle résidait dans une ancienne tour mauresque non loin de la ligne d’investissement à portée de canon de la place. L’ayant appris on ne sait comment, Blake donna des ordres très stricts pour que son artillerie ne tire pas dans cette direction afin de ne pas perturber cette grande dame. Cette anecdote, due aux Espagnols, est toutefois sujette à caution, car Suchet ni dans ses mémoires ni dans sa correspondance n’y fait allusion et il n’est pas absolument certain que la maréchale se soit trouvée à ses côtés à ce moment.
    Cependant, même si des moines incitaient par des discours incendiaires la population à résister à outrance, celle-ci, après quelques heures de bombardement, avait perdu beaucoup de son ardeur belliqueuse et commença à faire pression sur Blake pour l’inciter à capituler. Pendant quelques jours, Suchet intensifia son action. Alors, le 8 janvier, deux officiers espagnols furent envoyés par Blake en parlementaires. Le capitaine général se disait prêt à rendre la place à la condition qu’il pût se retirer sur Alicante avec son armée, ses armes et bagages et un certain nombre de canons. Suchet rejeta l’offre, exigeant une capitulation pure et simple mais proposant d’échanger deux mille Français prisonniers dans l’île de Cabrera, à Alicante et à Cadix, contre autant d’Espagnols. Ces conditions ayant été rapidement acceptées, la capitulation fut signée le 9 et le 10 janvier. L’armée espagnole sortit avec les honneurs de la guerre mais elle était tout entière prisonnière.
    Le transfert de ces seize mille hommes vers la France ne fut pas une mince affaire car il fallait éviter qu’ils ne s’évadent en cours de route. Suchet les organisa en deux colonnes, l’une de huit mille hommes qui partit vers Teruel, une seconde de six mille vers Tortose. Le maréchal conserva à proximité deux

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