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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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l’entreprise et ne s’en cachèrent pas. Ce que Marcel Dupont a qualifié de « trahison des maréchaux » n’était qu’un raisonnement frappé au coin du bon sens. Aussi ce fut sans aucun état d’âme qu’ils appliquèrent (ou tentèrent de le faire) les instructions du gouvernement en vue d’arrêter l’usurpateur. Et si Ney, qui avait assuré le ramener dans une cage de fer, se rallia à lui sans arrière-pensées, ce fut d’abord parce qu’il manquait parfois d’équilibre et surtout parce qu’avec un bel aplomb l’empereur l’assura qu’il agissait en plein accord avec Metternich et que ce dernier allait renvoyer en France Marie-Louise et le roi de Rome.
    Suchet, après avoir reçu des directives précises, avait regagné le siège de sa division. De là, il avait une liaison directe et rapide avec Paris grâce au télégraphe optique. Immédiatement il prit les mesures pour mettre en ordre de route ses régiments et en faire descendre vers la Bourgogne afin de barrer le chemin à l’usurpateur. Mais il fut à même de constater rapidement le très mauvais état d’esprit qui régnait dans la troupe et il signala au ministère qu’il se demandait si elle accepterait de marcher. Des enquêtes ultérieures allaient montrer que l’aventure napoléonienne n’était pas le fruit d’une brusque décision mais la résultante d’une tentative préparée de longue date. En partant l’année précédente, Napoléon avait laissé derrière lui un certain nombre de réseaux qui allaient s’agiter en sa faveur. Dans les militaires mis par le gouvernement royal en demi-solde, le bonapartisme avait trouvé des agents.
    Rôdant autour des casernes, ils avaient entretenu leurs camarades de la période antérieure au cours de laquelle ils avaient mené la vie aisée en occupation dans toute l’Europe : vivres en abondance, alcool et femmes faciles qu’ils comparaient à la vie monotone des garnisons de l’heure présente. Bien sûr, ils passaient sous silence les hécatombes des batailles et le fait qu’en 1813, entré en Allemagne à la tête de cinq cent mille hommes, Napoléon n’en avait ramené que cinquante mille.
    À ces thuriféraires de l’Empire, s’était joint assez rapidement un certain nombre de sous-officiers encore en activité, exaspérés par les maladresses des Bourbons qui leur limitaient désormais l’avancement et en accordaient à d’anciens émigrés. Ce qu’il y eut de plus extraordinaire et qui montre la profondeur et l’organisation de ces mouvements est le fait que la police royale, pourtant remarquablement efficace, ne soupçonna pas l’ampleur de ces menaces, encore qu’elle mit à jour et démantela un certain nombre de conspirations.
    À présent, des cocardes tricolores circulaient sous le manteau et Suchet, comme ses camarades, s’efforçait de maintenir la fidélité au roi. Mais leurs efforts apparurent vains et, dès le 24 mars, on apprit que la garnison de Metz se révoltant et prenant ouvertement parti pour l’usurpateur avait chassé son commandant, le maréchal Oudinot. Pas plus heureux, Victor et Gouvion-Saint-Cyr, dans leurs tentatives pour arrêter Napoléon, furent eux aussi paralysés par leurs troupes.
    Dès ce moment, la résistance était fortement compromise, même si les partisans de Napoléon ne représentaient qu’une minorité des Français. Le roi avait quitté Paris pour Lille d’où, dès le 24, Macdonald, qui accompagnait encore le souverain, faisait savoir que « le roi nous a dégagés de nos serments et obligations ; il a quitté la France ».
    Suchet, parce qu’il avait probablement compris que sa tentative de résister ne serait pas suivie, était demeuré dans l’expectative. Il ne souhaitait pas le retour de Napoléon mais ne fit rien pour le contrecarrer. Mis devant le fait accompli, il publia le 24 mars un ordre du jour par lequel il constatait son retour, sans plus. Ce document manque de chaleur et de cet enthousiasme qui d’ordinaire les accompagne.
    Le même jour, Suchet envoya à l’empereur une lettre qui n’était qu’un constat de l’état des lieux. Il l’informait du nombre des régiments sous ses ordres et de leur degré de préparation. Dans sa réponse datée du 27, Napoléon fit preuve d’autant de froideur que le maréchal. Il le convoquait à Paris mais ce n’était pas à lui qu’il confiait le commandement du 5 e corps constitué par toutes les troupes stationnant en Alsace. Il lui

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