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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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promettait vaguement un grand commandement, comme s’il s’était défié un peu de lui au point que Suchet balança un moment à tout planter là et à se retirer chez lui comme plusieurs de ses camarades.
    Alors que Napoléon multipliait auprès des souverains alliés les propositions de paix auxquelles aucun ne croyait, ceux-ci, d’abord dans une simple déclaration le 13, puis par un traité en bonne et due forme, signaient le 25 mars un document auquel se joignait le représentant de Louis XVIII par lequel se nouait une 7 e coalition qui mettait l’empereur au ban de l’Europe. Chacun des signataires s’engageait à fournir au minimum cent cinquante mille hommes. C’était donc un total d’au moins six cent mille soldats que Napoléon allait avoir à combattre.
    L’entrevue qu’eut Suchet avec l’empereur se déroula suivant un ton correct mais froid, chacun demeurant comme en retrait. Dans leurs rapports passés, il n’y avait jamais eu aucune cordialité et, l’année précédente, en route pour l’île d’Elbe, Napoléon avait laissé échapper : « Suchet que j’ai toujours connu lui et sa femme pour des intrigants. » Le maréchal s’était rallié à l’empereur parce qu’il avait estimé à la fin du compte qu’il n’avait pas d’autre solution. De son côté, Napoléon pensait que dans son comportement Suchet manquait de chaleur. À ses yeux, il demeurait le représentant type de cette bourgeoisie d’affaires qui le boudait ostensiblement depuis son retour. Mais comme il manquait terriblement de cadres de haut niveau, il se résigna à l’employer.
    Le 4 avril, le maréchal était nommé commandant supérieur des 6 e , 7 e , 8 e , 9 e et 19 e régions militaires avec résidence à Lyon dont l’empereur estimait que c’était le pivot de la défense de tout le sud-est. On voulait donc l’éloigner de Paris. Un tel titre, au demeurant assez vague, ne correspondait à aucun cadre précis, d’autant qu’il n’était fourni au maréchal ni directives, ni surtout d’état-major pour exercer ce commandement d’une étendue géographique assez vaste. Davout, ministre de la Guerre, se trouva dans l’incapacité de lui fournir davantage de précisions. Aussi, avant de partir, Suchet décida-t-il d’attendre quelque peu. Il s’écoula près de trois semaines avant que Napoléon le nommât à la tête du 7 e corps d’observation qui allait prendre bientôt le nom d’armée des Alpes (26 avril). Suchet, depuis une dizaine de jours, avait déjà gagné sa ville natale et battu le rappel de ses anciens collaborateurs : son chef d’état-major fut son fidèle Saint-Cyr Nugues ; le général Meyer, le colonel Bugeaud, le commissaire Bondurand accoururent.
    **
    Dès le départ, des complications apparurent, car le corps d’observation était jusqu’alors commandé par Grouchy qui se trouvait à Marseille et fit savoir qu’il n’avait pas l’intention de se laisser donner des ordres par Suchet. Celui-ci, du reste, n’était pas resté à Lyon mais avait effectué une tournée pour prendre contact avec les différentes unités qui allaient constituer l’armée des Alpes. Ce voyage, qui l’amena jusqu’à Limoges, lui permit de constater ce dont lui-même et ses collaborateurs se doutaient, à savoir que si les régiments étaient à peu près à effectifs complets, par contre les arsenaux et magasins étaient vides. Beaucoup trop d’hommes n’avaient ni fusil ni équipement et la cavalerie ainsi que l’artillerie manquaient de chevaux.
    Avant de regagner Lyon, Suchet fit un saut à Paris pour rapporter à Davout le résultat de son inspection et évoquer son conflit avec Grouchy. Le ministre, qui était au courant, le rassura sur ce dernier point car Grouchy allait recevoir incessamment une nouvelle affectation et pour le reste il lui ménagea une entrevue avec Napoléon. Au cours de celle-ci, Suchet lui confirma ce que celui-ci savait déjà, que dans tout le Languedoc l’esprit public était très mauvais et que les partisans du retour du roi et de la paix formaient la majorité de la population et commençaient à s’agiter. Après l’avoir écouté, l’empereur le renvoya à Lyon avec de bonnes paroles après lui avoir brossé un tableau optimiste de la situation générale, lui promettant qu’il recevrait bientôt tout ce qui lui manquait (il ne précisa ni quand, ni comment). Le maréchal, en prenant congé, était peu convaincu. Napoléon lui affirma

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