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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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retrouvés scindés en deux blocs : d’une part la Russie et la Prusse avec l’appui de la Suède, de l’autre la Grande-Bretagne que la montée en puissance du tsar commençait à inquiéter et l’Autriche. La France (autrement dit Talleyrand) s’était hâtée dans son désir de se trouver au niveau des autres de se rallier à l’Angleterre et à l’Autriche. Elle avait jeté dans la balance le poids de son armée de deux cent mille hommes.
    Entre Talleyrand et Wellington représentant son pays, tous deux très grands seigneurs et hommes du monde, l’entente était complète. Un traité secret, dit « de Vienne », prenant l’allure d’une alliance militaire au caractère aussi offensif que défensif, allait du reste concrétiser cette entente, le 3 janvier 1815. On était encore loin d’un nouveau conflit mais on n’en prenait pas moins des précautions.
    Dans de telles conditions, la division militaire de Strasbourg prenait une importance considérable. Suchet le comprit et précipita son départ. Une fois sur place, avec sa méticulosité habituelle, il examina les troupes en garnison, effectifs et matériels, fit reprendre aux agriculteurs les chevaux d’artillerie que par souci d’économie on avait mis en pension chez eux et ordonna de réapprovisionner et de remettre en état les places les plus importantes, à savoir Strasbourg, Wissembourg, Lauterbourg, Neuf-Brisach, Huningue et Belfort ; Landau constituait un cas particulier. Cette forteresse toujours française se trouvait géographiquement isolée en plein territoire prussien. Le général Guilleminot, qui la commandait, se plaignait d’être « comme assiégé » par les Prussiens. Ceux-ci ne se livraient à aucun acte d’hostilité mais leurs troupes cantonnaient en permanence autour de la ville et, même si elles laissaient passer les convois, elles s’ingéniaient à rendre difficiles les communications entre la place et la France. Plusieurs lettres de rappel à l’ordre de Suchet au commandement prussien n’obtinrent que des réponses évasives et demeurèrent sans effet. Sans s’en cacher, les Prussiens armaient, poussaient leurs troupes jusqu’à la frontière, supprimaient chez eux les permissions et faisaient fabriquer des cartouches. Entre eux et leurs voisins et amis autrichiens qui, pour leur part, demeuraient tout à fait tranquilles, duels et bagarres se multipliaient.
    Suchet fut tout de suite remarquablement informé par son service de renseignements qui fonctionnait bien de cet état de fait. De plus, entre Français et Prussiens, de nombreuses escarmouches se produisirent dont de part et d’autre on entendait pour l’instant limiter la portée.
    Le duc d’Albufera aurait dû, pour suivre la filière administrative et hiérarchique normale, rendre compte de cette situation quelque peu explosive à son ministre. Or, il écrivit directement au roi, au demeurant enchanté, qui lui répondit en recommandant de redoubler de vigilance. Entre les renseignements que lui adressait Suchet et ceux que lui faisait parvenir Talleyrand, Louis XVIII pouvait se faire une idée exacte de la situation européenne et bâtir sa politique étrangère en conséquence. Toutefois, aux rapports écrits, le roi préférait les renseignements fournis au cours d’une conversation. Il invita donc Suchet à venir l’informer de vive voix et, le 16 février, le maréchal partit pour Paris.
    Il aurait dû regagner très rapidement Strasbourg pour être à même d’y surveiller les mouvements des adversaires présumés mais il semble que le roi le retint. Et puis il n’était pas mécontent d’avoir une opportunité de passer quelques jours en famille car la sienne ne l’avait pas accompagné en Alsace. Quoi qu’il en soit, il était encore chez lui au début de mars lorsque la nouvelle du débarquement de Napoléon à Golfe-Juan arriva dans la capitale et y fit l’effet d’une bombe.
    En même temps, Suchet apprit, ce qui n’était pas pour lui déplaire, que Soult allait incessamment être remplacé comme ministre de la Guerre par son ami Clarke. Il estima que dans la circonstance il devait rejoindre son poste et le 10 mars, au moment où Napoléon entrait à Lyon, il arrivait à Strasbourg.

XI
    LES CENT-JOURS
    (mars-juillet 1815)
    La quasi-totalité des maréchaux n’accueillit pas l’annonce du débarquement de Napoléon avec des transports de joie. Bien au contraire ! Ils étaient tous désireux de voir échouer

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