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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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et
braillements d'ivrognes. Mirdin et son ami, assis à l'écart avec une outre de
vin, avaient renoncé pour cette fois à l'étude des lois divines, et Rob, qui
était sobre depuis des années, cédant à la solitude, à sa chasteté forcée et à
la débauche qui s'étalait autour de lui, se mit à boire. Il devint rapidement
intenable. Mirdin, choqué, dut le calmer pour éviter une bagarre avec un soldat
ivre, et le mener coucher comme un enfant.
    Quand il
s'éveilla, les femmes étaient parties et il paya sa sottise d'un violent mal de
tête. Par-dessus le marché, Mirdin l'accabla de questions. Il finit par
conclure que certains hommes devaient tenir le vin pour un poison et un philtre
maléfique. A défaut d'armes, il avait apporté son échiquier ; ils jouaient
chaque soir jusqu'à la tombée du jour. Les parties devenaient plus
serrées ; quand la chance était avec lui, Rob gagnait. Un jour, il confia
son souci à propos de Mary.
    « Elle va
sûrement très bien, dit Mirdin dit réconfortant, car, à en croire Fara, ce
n'est pas d'hier que les femmes savent faire les enfants. »
    Rob se demanda
tout haut si ce serait un garçon ou une fille et son ami lui rappela ce
qu'avait écrit al-Habib à ce sujet : conçu entre le premier et le
cinquième jour après la fin des règles, l'enfant sera un garçon ; du
cinquième au huitième, une fille. Il disait aussi qu'après le quinzième jour,
il risquait d'être hermaphrodite, mais mieux valait passer cela sous silence.
Selon al-Habib encore, les hommes aux yeux bruns faisaient des garçons tandis
que les yeux bleus annonçaient des filles. Là, Rob faillit se fâcher.
    « Je
viens d'un pays où la plupart des hommes ont les yeux bleus et ils ont toujours
eu beaucoup de garçons !
    – Sans doute
al-Habib ne considérait-il que le type oriental courant. »
    Ils révisaient
parfois les leçons d'Ibn Sina sur les blessures de guerre et s'assuraient que
leurs instruments étaient en bon état. Bien leur en prit car, un soir, ils
furent invités à partager le dîner du roi et à répondre à ses questions. Karim
semblait avoir été chargé de mettre à l'épreuve leur compétence.
     « Comment
traitez-vous les blessures profondes ? »
    Rob se référa
à Ibn Sina : l'huile bouillie devait être versée dans la blessure, le plus
chaud possible, pour éviter la suppuration et les humeurs malignes. Karim
l'approuva, et le chah, qui avait pâli, leur donna l'ordre formel, au cas où il
serait mortellement blessé, de lui administrer des soporifiques contre la
douleur, aussitôt après les dernières prières du mullah.
    Après le
repas, tandis que trois musiciens jouaient du tympanon, Mirdin affronta le roi
au jeu de l'échiquier, et fut aisément battu. Ce fut une agréable diversion
dans la routine quotidienne, mais Rob n'était pas fâché de quitter Ala ;
il n'enviait pas Karim, qui maintenant voyageait souvent près du souverain sur
le dos de Zi,
    Certains
éléphants portaient des armures de mailles comme des guerriers ; cinq
autres emmenaient vingt mahouts qui seraient chargés des bêtes qu'on espérait
capturer à Mansoura : des Indiens pris lors d'expéditions et dont le chah
s'était assuré les loyaux services par ses largesses et ses bons traitements.
Les éléphants se nourrissaient eux-mêmes : herbe, feuillages, écorce,
abattant parfois l'arbre sans effort.
    Un soir ils
mirent en fuite une bande bruyante de petits animaux à longue queue, que Rob
reconnut pour des singes, d'après ce qu'il en avait appris dans ses lectures.
On en vit ensuite chaque jour, ainsi que quantité d'oiseaux au superbe plumage,
et des serpents, par terre ou dans les arbres. Il en était de très dangereux,
expliqua Harsha, le mahout du chah.
    « En cas
de morsure, il faut inciser la partie atteinte, sucer tout le poison et le
recracher. Puis on tue un petit animal dont on applique le foie sur la blessure
pour la drainer. Mais attention, si celui qui aspire le venin a une plaie ou
une coupure dans la bouche, il en sera infecté et mourra en quelques
heures. »
    Ils passèrent
devant de grands bouddhas, que certains regardèrent avec méfiance, mais
personne ne manifesta ni ironie ni hostilité car, dans le sourire de ces
figures sans âge, une menace subtile rappelait aux fidèles d'Allah, seul vrai
Dieu, qu'ils étaient loin de chez eux.
    Deux jours
plus tard, ils atteignirent enfin les rives de l'Indus. Il y avait un gué
commode plus au nord, mais, dirent

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