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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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qui commençait à s'arrondir.
    « Tu ne
le verras pas, comme tu le souhaitais, quand il sera gros comme un melon d'eau,
dit Mary dans le noir.
    – Je serai
sûrement rentré à ce moment-là. »
    Elle se retira
en elle-même quand vint le jour du départ et redevint la femme dure et tendue
qu'il avait trouvée au bord de l'oued à Ahmad. Occupée hors de la maison à
panser son cheval noir, elle l'embrassa et le regarda partir, les yeux secs.

57. LE CHAMELIER

 
    C'était peu pour une armée, mais beaucoup pour une simple expédition : six cents
hommes montant chevaux ou chameaux et vingt-quatre éléphants. Khuff réquisitionna
le cheval brun dès que Rob arriva au lieu de rassemblement.
    « Tu le
retrouveras à ton retour. Nous n'utilisons que des bêtes accoutumées à l'odeur
des éléphants. »
    Le cheval brun
rejoignit le troupeau qui serait ramené aux écuries royales et Rob consterné se
vit attribuer une vilaine chamelle grise qui le regarda froidement. Mirdin s'en
amusa beaucoup ; il avait reçu un chameau brun et, habitué à en conduire
toute sa vie, il apprit à son ami comment tenir les rênes et crier un ordre
pour que l'animal s'agenouille, puis fléchisse les pattes de derrière ; le
cavalier s'asseyait en amazone et, sur un nouvel ordre, le chameau se relevait
en inversant les mouvements.
    Il y avait
deux cent cinquante fantassins, deux cents soldats à cheval et cent cinquante à
dos de chameau. Le chah arriva, superbe. Son éléphant, plus grand que tous les
autres, portait des anneaux d'or à ses terribles défenses ; le mahout ,
fièrement assis sur sa tête, le guidait par des pressions du pied derrière les
oreilles. Droit sur son siège garni de coussins, le roi était magnifiquement
vêtu de soie bleu foncé, avec un turban rouge. Le peuple l'acclama, saluant
peut-être aussi le héros du chatir puisque Karim, sur un étalon arabe aux yeux
sauvages, suivait l'éléphant royal.
    Sur un ordre tonitruant
de Khuff, son cheval se mit à trotter derrière, suivi des éléphants à la file,
des chevaux, puis des chameaux et enfin de centaines d'ânes de bât, dont on
avait fendu les narines pour qu'ils respirent mieux pendant le travail. Les
fantassins venaient les derniers. Rob, une fois de plus dans l'arrière-garde
avec Mirdin, se défendait comme il pouvait de la poussière ; ils avaient
abandonné le turban pour le chapeau de cuir qui les protégeait davantage. Il
n'était pas tranquille sur cette chamelle qui grognait sous son poids ;
haut perché, secoué, balancé, il la trouvait trop sèche pour assurer une assise
confortable.
    « Tu
apprendras à l'aimer ! » lui cria Mirdin en riant tandis qu'ils
franchissaient le pont sur le Fleuve de la Vie.
    Mais il ne
l'aima jamais. Elle lui crachait à l'occasion de petites boules visqueuses,
essayait de le mordre s'il ne lui attachait pas les mâchoires et lui donnait
des coups de pied comme une mule vicieuse. Il fallait toujours s'en méfier.
    Voyager avec
des soldats le faisait rêver aux cohortes romaines et il s'imaginait marchant
au pas de sa légion. Mais le soir l'illusion se dissipait. Ala avait sa tente
aux tapis soyeux, ses musiciens et ses cuisiniers. Les autres s'enroulaient où
ils pouvaient dans leur couverture ; la puanteur des excréments
envahissait tout et, s'ils rencontraient un ruisseau, c'était pour le souiller
aussitôt.
    Couchés la
nuit sur le sol dur, Rob et Mirdin continuaient l'étude des lois selon le Dieu
des Juifs, oubliant l'inconfort et le souci ; l'élève faisait des progrès
et la voix calme de son professeur semblait promettre le retour de jours
meilleurs.
    Au bout d'une
semaine, l'armée avait épuisé ses réserves et une centaine de fantassins
chargés du fourrage partirent en avant-garde ; ils revenaient chaque jour,
poussant devant eux des chèvres, des moutons, rapportant des volailles
caquetantes et des vivres. Le meilleur allait au chah, on distribuait le reste
qui cuisait le soir sur une centaine de feux. Les hommes étaient bien nourris.
    Il y avait
chaque jour une consultation, non loin de la tente royale, pour décourager les
faux malades, mais néanmoins la file était longue. Karim vint un soir.
    « Tu veux
travailler ? lui demanda Rob. Nous avons besoin d'aide.
    – C'est
interdit, je dois rester près du chah. »
    Il eut un
sourire embarrassé.
    « Voulez-vous
de quoi manger ?
    – Nous avons
ce qu'il faut, répondit Mirdin.
    – Je peux vous
apporter ce que vous

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