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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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oreilles au vent, les chargeaient
avec leurs défenses armées de lames ou les écrasaient par grappes sous leur
poids. C'était une tuerie, un enfer de sang, de hurlements, d'insultes et de
cris de douleur.
    Rob sur sa
chamelle croisa soudain Mirdin à pied avec à son côté une épée qui n'avait pas
servi ; il tenait un blessé sous les bras et le traînait hors du champ de
bataille sans s'occuper de ce qui l'entourait. Ce fut une douche froide :
Rob fit s'agenouiller sa monture et aida son ami à porter le soldat, qui avait
le teint gris et une plaie au cou. Dès lors, il oublia le carnage et redevint
médecin.
    Ils
transportèrent un à un les blessés dans une maison du village. Mais les ânes
sur lesquels on avait chargé le matériel soigneusement préparé avaient disparu
Dieu sait où ; sans opium, ni huile, ni linges propres, ils étanchaient le
sang en déchirant les vêtements des morts.
    Le combat
tournait au massacre. Les Indiens avaient été surpris et ceux qui n'avaient pas
d'armes se battaient à coups de pierres et de bâton, désespérément, sachant
que, s'ils se rendaient, ils mourraient honteusement, à moins de vivre esclaves
ou eunuques en Perse. Dans une maison voisine, Rob découvrit un petit homme
maigre, sa femme et deux enfants.
    « Partez
sans être vus, leur dit-il, pendant qu'il en est encore temps. »
    Mais ils ne
comprenaient pas le persan. Montrant dehors la forêt, Rob tâcha de s'expliquer
par gestes. L'Indien semblait terrorisé ; peut-être y avait-il des bêtes
sauvages dans les bois ? Il finit par rassembler sa famille et disparut.
Rob trouva des lampes dans cette maison, de l'huile et des chiffons dans
d'autres. Le combat finit tard dans la nuit et les soldats achevèrent les
ennemis blessés avant de piller le village.
    Les deux
médecins parcoururent le champ de bataille avec des torches ; aidés d'une
poignée de soldats, ils recueillirent ceux qui pouvaient être sauvés. Mirdin
retrouva deux des ânes avec leur précieux chargement et, à la lumière des
lampes, on put soigner les blessures avec l'huile chaude, les recoudre et les
panser. Ils amputèrent quatre patients, dont un mourut, et travaillèrent toute
la nuit. Ils avaient trente et un blessés ; à l'aube, dans le village, ils
en retrouvèrent sept autres qui vivaient encore. Mais, après la première
prière, Khuff transmit aux chirurgiens l'ordre de s'occuper des éléphants avant
de continuer à soigner les soldats. Trois étaient blessés aux pattes, un autre
avait eu l'oreille traversée d'une flèche et une femelle avait la trompe
tranchée ; sur le conseil de Rob, elle fut abattue par les lanciers, ainsi
que la bête aveuglée.
    Après leur
pilah matinal, les mahouts entrèrent dans le parc d'éléphants de Mansoura pour
y choisir des bêtes, leur parlant avec douceur et les faisant avancer en leur
tirant l'oreille à l'aide d'une baguette recourbée appelée ankusha .
    « Ici,
père. Remue-toi, ma fille... Du calme, mon fils ! Montrez ce que vous
savez faire, mes enfants.
    – A genoux,
mère, laisse-moi monter sur ta belle tête. »
    Séparant les
animaux apprivoisés de ceux qui restaient à demi sauvages, ils ne retinrent que
les plus dociles, qui les suivraient sans difficulté pour rentrer à Ispahan.
Les sauvages seraient libérés et pourraient retourner dans la forêt.
    Aux voix des
mahouts se mêlait maintenant le bourdonnement des mouches attirées par les
cadavres. Avec la chaleur du jour, l'odeur deviendrait bientôt intolérable.
Soixante-treize Persans avaient été tués. Il n'y avait que cent trois
survivants parmi les Indiens ; ils s'étaient rendus et, quand Ala leur
proposa d'entrer dans l'armée comme porteurs, ils acceptèrent avec
soulagement ; dans quelques années, ayant fait leurs preuves, ils auraient
le droit de porter les armes. Mieux valait être soldat qu'eunuque. Ils se mirent
aussitôt au travail pour creuser la fosse commune des morts persans.
    « C'est
pire que ce que je craignais », semblait dire Mirdin en regardant Rob en
silence. Mais, enfin, c'était fini et ils allaient pouvoir rentrer. Karim vint
les trouver. Khuff avait tué un officier indien dont l'épée avait entamé sa
lame, d'un métal moins résistant. Le chah conservait cette épée, du même acier
précieux que le poignard aux volutes, et en interrogeant lui-même les
prisonniers, il avait appris qui l'avait faite : un artisan nommé Dhan
Vangalil, du village de Kausambi, à trois

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