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Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire

Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire

Titel: Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philip Freriks , Alain Lechat , Kim Andringa
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palais.
    Malle, y ont tourné. Peu après la révolte
    N°74 : À dix mètres à gauche de l’abri
    étudiante de mai 68, l’accès fut quelque
    49

    L e M é r i d i e n d e P a r i s
    temps interdit aux jeunes hommes aux
    voit très bien sur la peinture) entourée de
    cheveux longs. « Les poètes sont dangereux,
    compresses imbibées de vinaigre. En tant
    il faut les exécuter », chanta Guy Béart, un
    que membre du Comité de sûreté générale,
    des pères de la chanson française. Et pour
    David envoya également de nombreux
    les petits poètes en herbe, le Luxembourg
    malheureux à l’échafaud, pour ensuite en
    abrite toujours le célèbre théâtre de guignol.
    faire des esquisses.
    Une prison pour privilégiés
    La fête avant la mort
    Le palais du Luxembourg fut construit à partir Compte tenu des circonstances désespérées,
    de 1615 sur ordre de Marie de Médicis. Cette
    on s’amusait bien au Luxembourg. Les
    dernière souhaitait une résidence qui lui
    serviteurs ou les traiteurs étaient autorisés à rappellerait le palais Pitti de sa jeunesse
    livrer des repas et on organisait des décla-
    florentine. La coupole dorée, la quatrième
    mations et des concerts. Comme en
    de Paris, devait alors souligner le pouvoir et témoigne La Dernière Lettre d’Olivier Blanc la grandeur de la régente. Mais la reine
    qui décrit la vie dans les prisons révolution-
    était si peu aimée des Parisiens que ceux-
    naires. Le livre contient de nombreuses lettres ci ont toujours refusé d’appeler le bâtiment
    d’adieu pathétiques écrites par les condamnés de son nom comme cela se faisait
    à mort. L’auteur cite un prisonnier anonyme
    habituellement. Après près de deux siècles
    racontant qu’il est divertissant « de voir arriver d’occupation par des descendants de la
    dans un misérable fiacre deux marquis, une
    famille royale, le palais fut transformé en prison duchesse, une marquise, un comte, un abbé
    sous la Terreur en 1793, et fut appelé avec un et deux comtesses qui s’évanouissent en
    certain sens de l’euphémisme la Maison
    descendant et qui ont la migraine en montant.
    nationale de sûreté.
    […] Dans l’autre corridor […] habitent
    C’était une prison pour les privilégiés si on peut Monsieur de la Ferté, Monsieur le duc de Lévi, continuer à les appeler ainsi. On y enfermait essentiellement des aristocrates, mais aussi
    des dirigeants de la Révolution qui tendaient de plus en plus à s’envoyer mutuellement à
    l’échafaud. Des leaders révolutionnaires déjà tombés en disgrâce tels que Hébert, Danton et Camille Desmoulins y furent enfermés avant de passer sous le couperet. Même David, le
    peintre semi-officiel de la Révolution que l’on appelle parfois pour cette raison le « chantre de la Terreur », y fut emprisonné quelque
    temps, soupçonné d’activités antirévolution-
    naires. L’artiste en profita pour commencer
    son célèbre tableau Les Sabines (exposé au Louvre). David est surtout connu pour sa
    représentation de l’assassinat de Marat
    qu’un eczéma qui a l’air particulièrement
    répugnant forçait à prendre quotidiennement
    des bains de soufre prolongés, la tête (on la Une prison pas comme les autres.
    50

    L e M é r i d i e n d e P a r i s
    Monsieur le marquis de Fleury, Monsieur le
    des escapades. Malgré les plaintes et les
    comte de Mirepoix ; tous les matins, en se
    protestations, le régime révolutionnaire ne
    levant, ils braquent leurs lunettes d’ap-
    reviendrait plus sur cette décision.
    proche, et ils ont l’agrément de voir que
    leurs hôtels ne sont pas changés de place
    Des exécutions à la chaîne
    dans la rue de l’Université. […] Les prisonniers Un autre prisonnier peint un tableau un peu
    sont au nombre de dix ou douze dans une
    moins idyllique. « En général, la noblesse faisait chambre […] ; chacun a son lit de sangle et le bande à part, elle se familiarisait peu avec les petit matelas. Les uns font leur cuisine, pendant citoyens des sections de Paris. Les rues de
    le gigot à la cuisine pour l’attendrir, les autres l’Université, de Grenelle, Saint-Dominique, qui ont recours à la marmite perpétuelle du traiteur étaient en masse au Luxembourg, conservaient
    Coste. Les riches ont soin des pauvres […].
    l’étiquette la plus rigoureuse ; on se traitait de Tout le monde fraternise ».
    monsieur le prince, de monsieur le duc,
    Par ailleurs, chaque chose avait son prix et, monsieur le

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