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Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire

Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire

Titel: Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philip Freriks , Alain Lechat , Kim Andringa
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Quand ce n’étaient pas les communistes qui interrompaient le
    travail, c’étaient les trains de charbon qui
    restaient bloqués à cause des quantités
    record de neige et du gel des systèmes
    d’aiguillage.
    Cette impression subsiste quand on voit
    un des classiques du cinéma Quai des
    Orfèvres d’Henri-Georges Clouzot (1947), avec Louis Jouvet dans ce qui est de loin
    son meilleur rôle (le hasard veut que le
    D ans les années cinquante, Paris
    sortait tout juste de la guerre et
    des privations des premières
    années suivant la Libération.
    film passe à la télévision alors que je suis
    L’existentialisme de Sartre et les caves de
    en train de lire un livre sur Paris après la
    Saint-Germain donnaient l’impression que
    libération !). Le film semble vouloir confirmer les temps de Montparnasse avec leur foison-les observations de Miller. Les personnages
    nement artistique se poursuivaient tout sim-
    portent de lourds manteaux d’hiver à l’intérieur plement dans le quartier d’à côté. Ce que put du commissariat ou sont assis à leur bureau,
    être Paris avant et après la Libération, on
    une couverture jetée sur la tête et les épaules.
    peine déjà à l’imaginer aujourd’hui. Lisez par Les musiciens, mis en scène dans les
    exemple Paris libéré d’Antony Beevor et cabarets et music-halls qui étaient alors la
    Artemis Cooper qui raconte une multitude
    grande mode, soufflent sans cesse sur leurs
    d’anecdotes et de tableaux d’ambiance.
    mains. Les rares fois où il y a un petit
    Parmi toutes les publications sur le Jour J,
    calorifère, comme dans le bureau de Jouvet
    ce livre offre une chronique des plus sympa-
    au palais de Justice du quai des Orfèvres,
    thiques d’une ville pleine de traîtres qui se rendu si célèbre par Maigret notamment, il se voulaient résistants. On en garde l’image
    trouve qu’il n’y a plus de charbon !
    d’un Paris où il faisait froid avant tout, où Arthur Miller fut parmi les éclaireurs d’un nourégnaient la pauvreté et la peur d’une
    veau flux de jeunes Américains disposant de
    troisième guerre mondiale.
    dollars d’autant plus solides que le franc
    français avait été dévalué à plusieurs reprises.
    Paris maussade
    L’afflux ne fut toutefois pas comparable au
    Hiver 1947 à Paris, Arthur Miller ne retrou-
    déferlement de l’entre-deux-guerres, lorsque
    ve rien du centre du monde si cosmopolite
    la littérature du nouveau monde avait élu
    d’antan, mais aperçoit une métropole
    domicile à Montparnasse, mais Paris n’en
    délabrée, « achevée » par la guerre. Il écrit resta pas moins un rêve américain.
    58

    L e M é r i d i e n d e P a r i s
    Étonnamment, la France était pour lui ce que
    La Hollande à Paris
    les États-Unis sont pour bien des Français
    Un grand nombre d’artistes expérimentaux
    grâce aux vieux films américains. Ce pays
    néerlandais fut également attiré par la
    n’est qu’une grande usine à rêves, un gigan-
    capitale française au point de venir s’y
    tesque Hollywood ; Kousbroek pensaient la
    installer. Ce n’était pas un hasard si ces
    même chose, mais des studios de Boulogne !
    rebelles des Pays-Bas venaient précisé-
    Il a écrit sur son arrivée à Paris. Ses phrases ment à Paris pour prendre un grand bol de
    reflètent aussi mes sentiments, même si la
    vent de liberté. Malgré la désillusion initiale ville s’est révélée à moi à travers la Nouvelle de Miller, la réputation de la Ville lumière
    Vague. « En descendant du train à la gare du
    comme « mère de tous les arts » restait
    Nord en 1950, je vis les larges rues baignées intacte. Même si l’Amérique avait commencé
    de la lumière du matin, avec l’eau argentée
    à exercer une grande fascination, New York
    qui coulait dans les caniveaux, l’architecture semblait à cette époque désespérément
    monumentale qui me faisait parfois l’impression loin. De plus, c’était à Paris que venaient les irréelle d’un décor de cinéma. Cela devait être Américains eux-mêmes, intellectuels,
    la plus grande aventure intellectuelle de ma vie, artistes et surtout musiciens de jazz.
    et la sensation de libération perdure encore. »
    Dans sa préface au catalogue de la manifes-
    tation La France aux Pays-Bas (1985), l’auteur néerlandais Rudy Kousbroek écrit que, pour
    La naissance de Cobra
    les intellectuels de sa génération, c’était
    Le 8 novembre 1948, un groupe d’artistes
    « comme un

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