Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire
lumière tombe sur le gnomon début du XVIIIe siècle qui servait à lire l’heure de Saint-Sulpice dont il est tant question dans et surtout à déterminer l’équinoxe, afin de
le roman. Regardez bien : il s’agit de ce petit pouvoir fixer chaque année la date de
point blanc dans le vitrail supérieur où
Pâques. Dans la partie supérieure du vitrail
manque un bout de verre. Nous pouvons
se trouvait une lentille. Celle-ci ayant disparu, entrer par la porte latérale. Attention car si le système ne fonctionne plus.
une messe est en cours, vous vous retrou-
verez aussitôt au beau milieu des croyants.
Ces derniers n’apprécient pas beaucoup de
telles irruptions. Préférez alors la porte de devant. S’il n’y a pas de messe, entrez par la porte latérale. Vous vous trouverez alors
directement sur le gnomon, la tige de laiton
orientée exactement nord-sud et qui se pro-
longe sur l’obélisque côté nord. C’est là-
dessous que se trouverait la trappe que Silas force brutalement avant de violenter la
religieuse.
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L e M é r i d i e n d e P a r i s
Entre légendes et vérités
depuis 1999, elle était entourée d’échafaudages pour intercepter les morceaux de ciment qui
Quoi qu’il en soit, depuis quelques années,
se détachaient.
le nombre de visiteurs de Saint-Sulpice a
En sortant de l’église, tournez à droite,
explosé. Cela rapporte des fonds supplé-
traversez, prenez la rue des Canettes, puis
mentaires plus que bienvenus. Néanmoins,
à droite la rue Guisarde, à gauche la rue
les sentiments du curé sont mitigés. Il ne le Mabillon, longez le marché Saint-Germain,
dit pas en ces termes, mais cet argent a
tournez à droite dans la rue Clément, puis à
quelque chose de diabolique. En sorcellerie,
gauche dans la rue Montfaucon : vous voilà
les équinoxes sont connues pour être des
enfin devant le café Le Mabillon, sur le
jours qui bouleversent l’équilibre, surtout
boulevard Saint-Germain.
dans les relations.
De même, on raconte que l’église aurait été
N°76A : Situé entre les nos 127 et 125
construite sur les ruines du temple païen
du boulevard Saint-Germain,
d’Isis. Ce genre d’histoires, le curé en
à gauche de l’arrêt de bus.
entend bien trop souvent à son goût. La
N°76B : En face, entre les n os 152
vérité est qu’il y eut jadis ici une église
et 154, boulevard Saint-Germain,
paroissale pour les paysans de la rive
près des cabines téléphoniques.
gauche de la Seine, vouée à saint Sulpice,
évêque de Bourges au VIe siècle. Avec
Revenez un instant sur vos pas et rendez-
l’urbanisation progressive de Saint-
vous devant le café Le Mabillon qui connut Germain, il fallut une église plus grande.
son heure de gloire dans les années
La construction démarra en 1646, mais
cinquante. L’établissement était alors
faute d’argent l’édifice ne fut achevé qu’un
fréquenté, entre autres, par des artistes
siècle et demi plus tard.
néerlandais installés à Paris. Il ne reste pas Monsieur le curé évoque volontiers la
grand chose de la décoration d’origine.
véritable histoire de son église, que
Aujourd’hui, l’établissement est devenu une
Baudelaire y fut baptisé et que Victor
sorte de lounge bar, peuplé de jeunes Hugo s’y maria. Pour ne citer que ces
branchés.
exemples. Et en même temps, il n’hésite
pas à signaler aux touristes trop désin-
voltes qu’ils se trouvent dans un lieu de
culte (« Prière d’enlever vos casquettes ! ») et non pas dans une espèce de « Da
Vinciland » !
[Parcours]
Après avoir brûlé un cierge, sans intention
diabolique, nous ressortons par la grande
porte. La tour nord est actuellement en cours de restauration pour la jolie somme de
vingt-huit millions d’euros (fin des travaux
prévue fin 2010). Cette construction, un peu
disgracieuse, a toujours posé problème ;
Le médaillon n°76A.
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L e M é r i d i e n d e P a r i s
dans Au fil du temps, Une vie : « Le soleil Le Mabillon
semblait ne jamais se lever sur Paris. Un
lourd ciel d’hiver s’apesantissait sur la ville comme un couvercle de fer. Les mains et les
visages des passants étaient gris et blêmes ; un silence apathique enveloppait tout. Il y
avait peu de circulation dans les rues,
quelques camions au gazogène et de vieilles
femmes sur d’antiques bicyclettes.» La France était alors souvent en grève.
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