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Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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régime et sur ses soutiens sociaux. Presse, radio et cinéma sont mobilisés pour convaincre le monde que le peuple allemand enthousiaste emboîte le pas au guide qu’il s’est donné. Des cérémonies grandioses tendent à prouver que, dans une époque déchirée par les luttes économiques et sociales, l’Allemagne hitlérienne a fondé la société unanimiste dont beaucoup d’Européens rêvent alors. Après avoir été l’instrument essentiel de la prise du pouvoir, cette propagande et la terreur qui l’accompagne deviennent le principal mode de gouvernement des nazis.
    En 1919, Hitler se découvre des dons de tribun en même temps qu’une vocation politique. Il est alors militaire et chargé d’insuffler à ses camarades une foi nationaliste propre à les détourner de la révolution socialiste. Lui-même se forge une doctrine en matière de propagande, doctrine étayée par de nombreuses lectures, dont Psychologie des foules de Gustave Le Bon, paru en1895. L’idée centrale de Hitler est simple : lorsqu’on s’adresse aux masses, point n’est besoin d’argumenter, il suffit de séduire et de frapper. Les discours passionnés, le refus de toute discussion, la répétition de quelques thèmes assenés à satiété constituent l’essentiel de son arsenal propagandiste, comme le recours aux effets théâtraux, aux affiches criantes, à un expressionnisme outrancier, aux gestes symboliques dont le premier est l’emploi public de la force. Ainsi, quand les SA brutalisent leurs adversaires politiques, ce n’est pas sous l’effet de passions déchaînées, mais en application des directives permanentes qui leur sont données.
    Après son adhésion au minuscule Parti ouvrier allemand d’Anton Drexler, en septembre 1919, Hitler prend très vite un ascendant considérable sur les fondateurs du mouvement grâce à son talent oratoire. C’est pourtant contre ses vues que le parti adopte, en février 1920, un programme qui demeurera celui des nazis jusqu’à la fin. Hitler se soucie peu d’être lié par un programme, mais il sait introduire dans celui du NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands) des promesses opportunes : l’abolition des grands magasins au profit des petits commerçants, une profession de foi en faveur de la propriété privée et même une allusion au « christianisme positif ». Il a déjà choisi la cible de sa propagande : les classes moyennes, laminées par la crise économique que traverse alors l’Allemagne. Il s’oppose ainsi aux éléments ouvriéristes qui dominent à l’origine le parti, même si tous les adhérents s’accordent sur un nationalisme intransigeant.
    Le putsch manqué du 9 novembre 1923, à Munich, fait de Hitler un homme politique de dimension nationale. Héros de la guerre de 1914-1918 et ancien chefd’état-major de Hindenburg, Ludendorff cautionne le coup de force à ses côtés. Mais, inculpé principal au procès de février 1924, Hitler se fait connaître comme un véritable leader de l’extrémisme de droite en Allemagne. Peu lui importe donc que le parti soit momentanément dissous, il ne travaille que pour lui-même.
    Le condamné met à profit les neuf mois passés dans la prison de Landsberg pour rédiger Mein Kampf et camper ainsi son personnage politique. Cette autobiographie, émaillée de considérations éthiques, sociales et politiques, décrit en effet un homme de convictions, pétri d’indignations et de haines. Hitler assimile son destin à celui du peuple allemand : il a subi comme lui les épreuves du chômage et de la guerre, et sa vocation d’« artiste » s’est heurtée au conformisme social d’une bourgeoisie dominée par les Juifs. En d’autres termes, le complot de l’étranger et des Juifs, qu’ils soient socialistes ou capitalistes, est à l’origine des malheurs de sa patrie. Sa conduite héroïque au cours de la guerre, qui lui a valu des décorations sans qu’il dépasse le grade de caporal, fait de lui un Allemand à part entière et lui assure la sympathie des anciens combattants, même s’il est né en Autriche. Tiré à des millions d’exemplaires et généreusement distribué, Mein Kampf fondera le culte de la personnalité de Hitler après son arrivée au pouvoir.
    De fait, la période de l’immédiat après-guerre, avec la crise de 1920 puis l’inflation galopante de 1923, offre un terrain de choix à la propagande hitlérienne. À partir de 1924, en revanche, le

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