Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
Vom Netzwerk:
lourdes sanctions, est considéré comme un acte de civisme.
    L’instauration d’une économie dirigée permet d’autre part de réduire au silence les oppositions intérieures. La distribution du papier, notamment, est contingentée ; la radio et la production cinématographique sont entièrement contrôlées par l’État. Dès 1933, les bibliothèques publiques sont épurées des ouvrages classés comme subversifs, soit en raison de leur contenu, soit parce que leurs auteurs sont Juifs ou réputés ennemis du Reich.Les autodafés où brûlent des milliers de livres manifestent l’acharnement des nazis. Par prudence, beaucoup d’Allemands cachent alors ou détruisent les œuvres suspectes qu’ils possèdent. Les professions concernées par l’édition sont placées sous le contrôle du gouvernement qui crée une Chambre des écrivains, une Chambre des journalistes et une Chambre des cinéastes. Refuser d’appartenir à l’une de ces corporations, dont la carte professionnelle peut être retirée à tout moment, revient à s’interdire de travailler.
    Dans de telles conditions, la censure préalable devient inutile. Soucieux de maintenir une certaine diversité dans le style, de façon que chaque journal s’adresse à son public dans les termes qui lui conviennent, Goebbels déclare : « Que chacun joue de son instrument, pourvu qu’ils jouent la même musique. » Lui-même et ses collaborateurs se chargent de recevoir les journalistes à qui ils présentent la version officielle de l’actualité. Tout article hétérodoxe est puni en vertu d’une loi non écrite, donc parfaitement arbitraire. Il suffit qu’un journaliste soit accusé de trahir les intérêts de la patrie, du peuple allemand ou de la race aryenne pour être emprisonné, avec ou sans jugement. On comprend que la presse se montre docile dès 1933.
    Dans les domaines littéraire et artistique, Goebbels tente d’étoffer le groupe des zélateurs du régime, cherchant en particulier à attirer certains peintres expressionnistes. Mais Hitler ne l’entend pas ainsi, soit en raison de ses goûts personnels, soit parce qu’il perçoit l’éventuel effet subversif et incontrôlable de l’art moderne, soit encore parce qu’il veut rassurer une population méfiante à l’égard des nouvelles formes d’expression artistique. Le nazisme défend des valeurs solides, une moraletraditionnelle et un art qui n’offusque personne, tout en utilisant des techniques modernes. L’art national-socialiste vise à exalter la grandeur du régime par son gigantisme et sa glorification de l’héroïsme, non par la recherche ou la nouveauté.
    La littérature, le théâtre, le cinéma et les beaux-arts revêtaient un éclat tout particulier sous la république de Weimar, où dominait un art inspiré par la contestation de la société bourgeoise. Comme les écrivains Thomas et Heinrich Mann, le poète Kurt Tucholsky, le cinéaste Fritz Lang, le peintre Ersnt Kirchner ou le fondateur du théâtre moderne, Bertolt Brecht, nombre d’artistes quittent l’Allemagne dès 1933. Ceux qui restent acceptent les concessions nécessaires : ils cessent de produire ou ne publient que des œuvres anodines, à l’instar du romancier Ernst Jünger ou des peintres Otto Dix et Emil Nolde, quand ils ne prêtent pas leur plume au régime, comme Hans Carossa. En 1936, une exposition des « arts dégénérés » est censée dévoiler l’horreur de l’expressionnisme, inspiré de l’art nègre – et souvent représenté par des artistes juifs –, mais elle n’obtient qu’un succès limité. Au reste, ce rejet de l’expressionnisme n’empêche pas les nazis de lui emprunter ses techniques, en particulier pour les affiches, évocations frappantes et simplifiées d’un message violent.
    Un certain nombre de littérateurs et d’artistes exaltent le régime et ses valeurs : travail, famille, héroïsme, sport. En fait, le III e  Reich ne comptait pas beaucoup sur leurs contributions qui restent sans intérêt. En revanche, la propagande nazie insiste sur le goût de Hitler pour l’art et sur le caractère universel de son génie. Un recueil de dessins et d’aquarelles du Führer, œuvres médiocres et conventionnelles, est ainsi publié en 1936.

    Cinéphiles passionnés, Goebbels et Hitler sont persuadés que le grand écran est l’instrument idéal pour endoctriner les masses. Le contrôle de la production est facile, étant donné son coût : déjà

Weitere Kostenlose Bücher