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Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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société allemande.
    Véritable inspirateur de la propagande, Hitler en est aussi le centre lors de ses apparitions publiques, de ses discours et de ses interventions radiodiffusées. La presse et les actualités cinématographiques entretiennent un culte de la personnalité auquel il prête ses talents d’acteur, soigneusement cultivés par un travail d’étude des poses qu’il prendra face au public ou à la caméra.
    L’architecte Albert Speer est le metteur en scène attitré des grands spectacles aux cours desquels le Führer galvanise son peuple. Il construit des stades gigantesques et orchestre les jeux de la foule, de sons et de lumières ; il utilise les projecteurs de l’armée pour créer des voûtes de rayons lumineux à mille mètres au-dessus de la tribune d’où son chef harangue des masses en uniforme.
    Les spectateurs étrangers hostiles au régime sont eux-mêmes impressionnés par la magnificence de ces cérémonies. Elles soulignent la communion du peuple et de son Führer qui contraste avec les divisions de l’époque weimarienne. La principale manifestation, la Diète nationale du parti, est célébrée à Nuremberg. Les autres commémorent les grands moments de l’histoire du NSDAP et rendent hommage aux morts, héros de laguerre ou du nazisme qui se sont sacrifiés pour la régénération de l’Allemagne. Tard dans la soirée, le discours de Hitler déchaîne l’enthousiasme. Ces liturgies colossales laissent à chacun le sentiment que toute réflexion critique l’isolerait d’une communion nationale manifestée avec une ampleur et une solennité jamais atteintes, vécue dans une tension unanime et répercutée par la radio et par une presse illustrée d’excellente qualité technique.
    Les discours de Hitler visent à provoquer une tension paroxystique. Ils ne définissent aucune politique, ne présentent aucun grand dessein, mais se contentent d’exprimer des indignations pour provoquer les réactions de la foule, interpelée par des alternatives simplistes. « Voulez-vous la paix ? », rugit Hitler : « Oui ! » hurle à pleins poumons le public. Jamais les propos hitlériens n’exposent rationnellement une situation, ne proposent un projet de société. Ils en appellent toujours aux passions qui fondent l’adhésion unanime.
    La diffusion de l’idéologie nazie est confiée à Joseph Goebbels, nommé en mars 1933 ministre de l’Information et de la Propagande. Cet énorme ministère englobe en fait tout ce qui concerne la culture. Après des études de littérature allemande poussées jusqu’au doctorat, Goebbels écrivit plusieurs romans dont aucun éditeur ne voulut. À la recherche d’un gagne-pain, il exerça ensuite des activités variées et acquit une certaine expérience du journalisme. Sa rencontre avec Hitler, en avril 1926, est une véritable conversion. Il lui restera fidèle jusqu’à son suicide dans le bunker de la Chancellerie en mai 1945, contrairement aux autres dirigeants nazis. Goebbels dispose d’un talent oratoire remarquable quand il parle à la radio, alors que, dans les réunions publiques, il estdéfavorisé par sa petite taille et son pied bot. Mais il excelle dans tous les genres : ton grave, appel au sentiment, véhémente dénonciation des adversaires du régime, violentes attaques des « complots » capitalistes, communistes et juifs. Amateur très éclairé de cinéma et metteur en scène de grands spectacles politiques, il met toute son ardeur au service de Hitler.
    Cette propagande ne peut être vraiment efficace qu’à condition de priver les Allemands des sources d’information et des formes d’expression non contrôlées par les nazis. Pour atteindre ce but, il faut isoler le pays de l’extérieur et empêcher toute diffusion d’opinions hétérodoxes, y compris celles que contiennent d’anciennes publications nazies, voire hitlériennes, si elles contredisent les objectifs du moment. La politique économique du Reich, qui limite strictement les importations, permet d’éliminer les journaux, films et livres étrangers du marché. Seule la radio franchit les frontières. Mais pendant toute la durée du III e  Reich, l’écoute des stations étrangères est interdite, présentée comme un acte d’inféodation à l’ennemi, aux Juifs, accusés d’inspirer un complot antiallemand et d’exercer une influence néfaste sur les médias. Dénoncer les auditeurs de radios étrangères, sur qui s’abattent de

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