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Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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vingtaine d’éditions abrégées, toutes différentes, tant par la traduction que par lesopinions politiques qu’elles reflètent 21 . Singulier paradoxe : alors que Mein Kampf est au cœur des polémiques sur l’Allemagne nazie, peu de personnes disposent du texte intégral.
    Outre le problème juridique, il semble que l’explication de cette lacune réside dans l’interrogation à laquelle personne n’apporte de réponse satisfaisante : faut-il lire le chef fanatique qui parle de guerre dans Mein Kampf , ou le chef d’État qui parle de paix dans ses discours ? Même les communistes se posent la question : « Je suis prêt moi-même à parler avec Hitler […], s’il consent enfin à retirer Mein Kampf et les menaces insolentes qu’il fait peser sur notre peuple », déclare Maurice Thorez dans un discours de septembre 1936 22 .
    Même un témoin de premier plan, l’ambassadeur François-Poncet, reste mitigé dans ses appréciations. « Le Führer a évolué depuis l’époque où il écrivait Mein Kampf  », dit-il de Berlin au Quai-d’Orsay 23 . Interrogé par Fernand de Brinon le 16 novembre 1933, le Chancelier allemand déclare : « Un homme politique se justifie non par des mots, mais par son comportement, par des actes. La meilleure façon pour moi de justifier Mein Kampf vis-à-vis de la France, c’est le fait que je m’engage de toutes mes forces en faveur d’une entente franco-allemande 24 . »

    La plupart des hommes politiques occidentaux se trouvent ainsi confrontés à un problème complexe : quel crédit accorder à une œuvre écrite par un homme politique avant son accession au pouvoir ? La même difficulté se retrouve outre-Manche. Selon J. Barnes, le Foreign Office connaît Mein Kampf dans le détail. Deux secrétaires d’État – Simon en 1933 et Eden en 1936 – ont pris l’initiative d’en faire diffuser des résumés, traduits par leurs soins, dans leurs services. Le débat reste ouvert pour savoir si Chamberlain, le Premier ministre anglais, a « réellement » lu Mein Kampf … Il semble que oui. Mais cela ne l’empêche nullement de faire confiance à Hitler et de signer les accords de Munich en 1938.
    L’intérêt de ces analyses sur la diffusion de Mein Kampf est évident. Reste une question : qu’aurait apporté à la diplomatie française ou anglaise à l’égard de l’Allemagne une « bonne » interprétation des écrits de Hitler – en admettant que cela soit possible à l’époque – alors que, sur le fond, la politique des deux pays tendait a priori plus vers un aveuglement volontaire que vers une vigilance exacerbée ?
    Si, pour l’historien, la question reste en suspens, un homme y a répondu en 1940 : « En 1933, un Président du Conseil français aurait dû dire (et je l’aurais dit, si j’avais été à sa place) : “Cet homme qui est devenu Reichskanzler , c’est celui qui a écrit Mein Kampf où il dit telle et telle chose. Cet homme ne peut être toléré à nos frontières. Ou il disparaît, ou nous marchons contre l’Allemagne.” Cela eût été parfaitement logique, mais on y a renoncé. On nous a laissés faire, on nous a permis de traverser la zone de risques ; nous avons pu éviter les écueils, et quand nous étions arrivés au bout, que nousétions bien armés, mieux qu’eux, ils ont commencé la guerre 25 . »
    Son nom : Joseph Goebbels.
    Notes
    20 . James J. Barnes et Patience P. Barnes, Hitler’s « Mein Kampf » in Britain and America : A publishing History, 1930-1939 , Cambridge, Cambridge University Press, 1980.
    21 . Pour mémoire, on peut citer Jacques Benoist-Méchin, Éclaircissements sur « Mein Kampf », le livre qui a changé la face du monde , A. Michel, 1939, ou encore Hitler et sa doctrine , L’Ère nouvelle, 1934.
    22 . L’Humanité , 4 septembre 1936.
    23 . Cité par J.-B. Duroselle, Les milieux gouvernementaux français en face du problème allemand en 1936 , in La France et l’Allemagne, 1932-1936 , CNRS, 1980.
    24 . Le Matin , 19 novembre 1933.
    25 . Déclaration secrète du ministre du Reich, Dr Goebbels, le 5 avril 1940. Voir La France et l’Allemagne , op. cit. , p. 243.

La vision du monde de Hitler
    L’idéologie de Hitler ? Une vision du monde centrée sur la notion de la race comme fondement de la vie des peuples et de l’histoire universelle. Une conception totalitaire de la lutte politique et de son objectif, la création d’un État raciste. Enfin,

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