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Le neuvième cercle

Le neuvième cercle

Titel: Le neuvième cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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Chamrousse. J’arrive au kommando du Loibl-Pass début septembre 1944 et j’ai aussitôt l’impression de retrouver mes montagnes savoyardes. Une première chute de neige… je réalise que l’hiver dans ce camp risque d’être rigoureux. Je décide de réussir « la belle ». J’ai de très bons camarades qui, mis au courant de mon projet, haussent les épaules : « Trop de risques ! » Ils me donnent tout de même un peu de pain, de la margarine.
    — Une pente douce de prairie, semée de sapins, sépare le camp du tunnel… Si je réussis à quitter la colonne, montant au tunnel… un peu de neige, la pluie, la nuit et les pentes très raides au-dessus du chantier ne me font pas peur.
    — Donc, le 7 octobre 1944, à la tombée de la nuit, par temps de brouillard (des nappes qui s’étirent sur la montagne), et une petite pluie fine, nous montons en direction du tunnel.
    Gaston Charlet marche derrière Jean-Baptiste Chevalier.
    — Les xlvi soirs ramenaient un brouillard qui descendait des crêtes pour cacher peu à peu la masse verte des sapins et des mélèzes, et estomper finalement toute la vallée de sa trame grisâtre.
    — J’étais de l’équipe de nuit. Nous avions quitté le camp après 18 heures, et notre groupe gravissait, en rangs par cinq, la route conduisant au tunnel. Nous avions à la main notre gamelle, et nous avancions du pas lourd habituel de ceux qui, physiquement épuisés par des mois de contrainte, vont sans enthousiasme vers douze heures d’épuisement nouveau, s’ajoutant aux autres, sans l’espoir d’une fin prochaine de leur condition maudite. De chaque côté de la colonne, les S.S., fusil sous le bras, s’échelonnaient de 10 mètres en 10 mètres.
    — Nous xlvii sommes à environ 500 mètres du tunnel. Les S.S. sont recouverts de pèlerines. Ils ont bouché le canon de leur fusil ou de leur mitraillette. Je m’approche du bord aval de la colonne et après avoir déboutonné ma capote je franchis entre deux S.S. la barrière de la route et cours en direction du camp… ce qui, au début, a dû surprendre les gardiens qui tirent alors que j’avais déjà franchi environ 50 mètres…
    — Dans xlviii un tournant de la route qui la dissimulait aux miradors du camp 500 mètres en aval, il laissa échapper sa gamelle, se baissa comme pour la ramasser, et s’élança, rapide comme un furet, à demi replié sur lui-même, vers le ravin de gauche, sur la pente duquel il se laissa rouler comme l’eût fait une boule. Il fallut quelques secondes aux S.S. pour réaliser qu’il s’agissait d’une évasion. Le premier qui s’en rendit compte épaula son fusil et deux détonations claquèrent dans le brouillard.
    — Je xlix suis légèrement blessé au cou et le sang coule sur ma capote que je veux jeter pour aller plus vite. J’oublie que j’ai laissé un bouton accroché et lorsque j’arrive à m’en débarrasser, elle est imprégnée de sang. Lorsque les S.S. lâchent les chiens, ils vont jusqu’à la capote et s’arrêtent, ce qui me permet de m’enfoncer en direction du sommet de la montagne.
    — J’ai aussi un peu de poivre que je dépose au pied d’un grand sapin. Un col à l’ouest me tend les bras, une route descend vers la vallée, mais sachant qu’un déporté n’aura pas la chance de tenter plusieurs évasions, il faut que ce soit la bonne.
    — La l colonne arrêta sa marche. Le soldat qui avait tiré expliqua l’incident. D’autres s’avancèrent sur le bord du ravin, et tirèrent au jugé des salves vers les prairies en contrebas, où déjà le brouillard s’était emparé du fugitif.
    — Puis, cependant que notre troupe reprenait une marche plus rapide, sous les jurons et les menaces des gardiens en colère, un soldat redescendit en courant vers le camp pour donner l’alarme et déclencher le mécanisme des recherches.
    — Tout en poursuivant notre route, obligés au silence par la chiourme qui parlait déjà de complot, nous faisions des vœux pour que Chevalier échappe à ses poursuivants.
    — Pour li éviter d’être mitraillé longtemps, je pars en direction du camp. En tirant sur moi – étant dans l’axe du camp – ils risquent d’atteindre les S.S. et déportés qui arrivent du travail « de jour » au tunnel. Je choisis donc la direction est où je pense trouver les partisans de Tito. Dans les forêts yougoslaves, la nuit est noire et il faut que je fasse attention pour ne pas laisser des traces

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