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Le neuvième cercle

Le neuvième cercle

Titel: Le neuvième cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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de pas dans la neige. Je marche sur les crêtes, la nuit, car le vent balaye la neige, mais je vais d’un rocher à l’autre le jour, souvent à quatre pattes en attendant de rejoindre la forêt. Malheureusement, dans le brouillard, je me suis trompé de direction et me retrouve en Autriche. Les feuilles mortes sont trempées et je marche sans bruit. Dans un virage, je tombe sur deux femmes qui vont ramasser du bois mort. Je leur fais une grande frayeur. Je leur demande quelques victuailles. À la ferme, derrière la table, un vieux grogne de voir la tranche de pain que l’on me prépare. Elle devient de plus en plus mince. Un peu de fromage blanc au fond d’une gamelle. Après m’être renseigné sur la direction, je fais semblant de partir vers la vallée pour ensuite remonter dans la montagne et trouver un passage pas trop à pic.
    — Je découvre un chalet dans la forêt et après l’avoir surveillé pendant un bon bout de temps, je m’approche et constate qu’il est ouvert. À l’intérieur des éclats de bois. Il a été mitraillé. Du sang séché recouvre des sacs de pommes de terre qui s’étalent sur le parquet. Avec un sac, je me fais un « superbe » maillot de corps.
    — Je passe la crête de la montagne à la tombée de la nuit et rencontre deux S.S. avec chiens. Un S.S. monte dans ma direction et l’autre garde les chiens, la chance est encore de mon côté, je veux m’éloigner du chemin, mais je trouve dans les pins rabougris, mais très serrés (ayant la forme de nos arcosses savoyardes) un éboulis. Je ne peux sans risque de faire de bruit aller plus loin. Je prends un gros caillou et m’apprête, si je suis découvert, à frapper le S.S. Je suis à 6 ou 7 mètres de lui ; derrière lui, un ravin. Il passe sans me voir, va sur la crête, tire un coup de fusil et redescend toujours sans me voir.
    — À la nuit, je commence à descendre dans ce ravin pour attaquer la pente très raide qui me sépare d’une crête surplombant sûrement une vallée habitée. Tard dans la nuit, j’arrive presque à la crête, je rencontre environ soixante chamois. Je suis trempé et voudrais me reposer un peu contre un sapin solitaire quand j’entends un grognement à quelques dizaines de mètres et je vois un ours… Cela dérange peu les chamois. Il s’éloigne et de nouveau la montagne est calme. Le brouillard est très dense. Je bouge pour ne pas avoir trop froid si bien que, lorsque arrive le jour, au lieu d’être sur le versant opposé au camp, je suis dans la pente qui descend en direction du camp. Des S.S. armés d’un fusil mitrailleur sont en position en face, près d’un chalet d’alpage. Ils font beaucoup de bruit. Je crois qu’ils ont un peu trop bu. À 400 mètres ils ne m’aperçoivent pas et je peux rejoindre la crête de la montagne.
    — Arrivé au fond d’une petite vallée, je rencontre un paysan Slovène surpris de rencontrer un « zèbre ». Il allait au marché. Il me désigne une ferme un peu au-dessus. Après une inspection des environs, je vais à la ferme et j’ai droit à une assiette de bouillon. Malheureusement, ils ne peuvent me donner des vêtements civils, mais je peux me sécher car j’étais trempé. La fille de la maison m’emmène dans une petite grange cachée dans les bois, mais nous ne parlons pas la même langue et cela ne facilite pas l’établissement d’un programme.
    — Un trou très profond dans le foin. Je dors longtemps et, dans la nuit, on me ramène à la ferme. Il y a une liste de membres de la famille avec tampon à croix gammée et un nom est rayé : celui d’un garçon de dix-neuf ans. Je demande s’il est mort (ils parlent Slovène et allemand). « Non, pas mort. » « Alors pourquoi rayé de la liste ? »
    Après une journée d’attente, ils finissent par m’avouer qu’il avait été réquisitionné par les Allemands et envoyé au front russe. Un an après, à sa première permission, il est restée en Slovénie et a rejoint les partisans de Tito. Il était « courrier », c’est-à-dire estafette. Le troisième jour, la jeune fille fait des préparatifs pour rejoindre son frère. Chargés de provisions, nous prenons la direction de la forêt. Dans une clairière, je vois venir vers nous un Allemand armé d’un Mauser. Je me vois de nouveau dans leurs mains, jusqu’au moment où il dépose son fusil contre un sapin et se jette sur les vivres… sans même dire un mot à sa sœur, comme un chien qui

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