Le pays de la liberté
que c'est Lennox qui l'a fait partir. Apparemment, Sowerby lui devait beaucoup d'argent qu'il avait perdu aux cartes. ª
«a n'avait rien d'extraordinaire. ´Lennox est un bon joueur.
- Lennox veut être régisseur. ª
Ils étaient debout sur le perron et, là-dessus, Lennox déboucha à l'angle de la maison. Avec son manque de gr‚ce habituel, il ne salua pas le retour de Jay. Il se contenta de dire : ÍI vient d'arriver un chargement de morues salées en baril.
- C'est moi qui l'ai commandé, dit Lizzie. C'est pour les ouvriers agricoles. ª
Jay parut agacé. ´ Pourquoi voulez-vous leur donner du poisson ?
- Le colonel Thumson dit qu'ils travaillent mieux. Il donne à ses esclaves du poisson salé tous les jours et de la viande une fois par semaine.
- Le colonel Thumson est plus riche que moi. Renvoyez-moi cela, Lennox.
- Jay, protesta Lizzie. Ils vont avoir à travailler dur cet hiver. Il faut défricher tous les bois de Pond Copse pour qu'on puisse y planter du tabac au printemps prochain.
- «a n'est pas nécessaire, s'empressa de dire Lennox. Avec de bons engrais, les champs qui restent sont encore vigoureux.
- On ne peut pas les fumer perpétuellement, répliqua Lizzie. Le colonel Thumson défriche des terres chaque hiver. ª
Jay se rendit compte que c'était une discussion qu'ils avaient déjà eue tous les deux.
Ńous n'avons pas assez de main-d'úuvre, dit Lennox. Même avec les hommes du Rosebud, nous pouvons tout juste planter les champs que nous avons. Le colonel Thumson a plus d'esclaves que nous.
- C'est parce qu'il gagne plus d'argent... gr‚ce à de meilleures méthodes, déclara Lizzie d'un ton triomphant.
365
- Les femmes, ricana Lennox, ne comprennent pas ces choses-là.
- Laissez-nous, je vous prie, Mr. Lennox, lança Lizzie... immédiatement. ª
Lennox avait l'air furieux, mais il s'éloigna. ´ Jay, dit-elle, il faut que vous vous débarrassiez de lui.
- Je ne vois pas pourquoi...
- Ce n'est pas seulement qu'il est brutal. Terroriser les gens, c'est la seule chose qu'il sache faire. Il ne comprend rien à la culture, il ne connaît rien au tabac... et le pire, c'est que ça ne l'intéresse pas d'apprendre.
- Il sait faire travailler les ouvriers.
- Inutile de les faire trimer si le travail qu'ils font donne de mauvais résultats !
- Vous êtes tout d'un coup devenue experte en tabac.
- Jay, j'ai grandi sur une vaste propriété et je l'ai vue tomber en faillite : non pas à cause de la paresse des paysans, mais parce que mon père est mort et que ma mère ne savait pas gérer un domaine. Je vous vois maintenant commettre toutes les erreurs qui me sont familières : rester absent trop longtemps, confondre dureté et discipline, laisser quelqu'un d'autre prendre les décisions stratégiques. Vous ne dirigeriez pas un régiment comme ça !
- Vous ne connaissez rien au commandement d'un régiment.
- Mais vous ne connaissez rien à l'exploitation d'une ferme ! ª
Jay sentait la colère monter en lui, mais il se contint. Álors, que me demandez-vous de faire ?
- De congédier Lennox.
- Mais qui le remplacerait ?
- Nous pourrions le faire ensemble.
- Je n'ai aucune envie d'être un fermier !
- Alors, laissez-moi m'en charger. ª
Jay hocha la tête. Ć'est bien ce que je pensais.
366
- que voulez-vous dire par là ?
- Tout cela, c'est simplement pour que vous puis siez diriger, n'est-ce pas ? ª
II craignait de la voir exploser mais, au lieu d cela, elle resta très calme. Ć'est ce que vous pense vraiment ?
- En vérité, oui.
- Je tente de vous sauver. Vous courez droit ai désastre. Je me bats pour vous en empêcher et vou croyez que j'ai simplement envie de mener tout 1
monde à la baguette. Si c'est l'idée que vous vou faites de moi, pourquoi diable m'avez-vous épousée ?
Il n'aimait pas l'entendre utiliser ce genre de voca bulaire : c'était trop masculin. Én ce temps-là, vou étiez jolie. ª
Les yeux de Lizzie lancèrent des éclairs, mais elL ne dit rien. Elle se contenta de tourner les talons e de s'engouffrer dans la maison.
Jay poussa un soupir de soulagement. Cela ne lu arrivait pas souvent d'avoir le dernier mot.
Au bout d'un moment, il la suivit. Il fut surpris d< trouver McAsh dans le hall, arborant un gilet et de: chaussures, et occupé à poser un carreau neuf à uni vitre. que diantre faisait-il dans la maison ?
´ Lizzie ! ª cria Jay. Il entra dans le salon et la trouv; là. ´ Lizzie, je viens de voir McAsh dans le hall.
- C'est
Weitere Kostenlose Bücher