Le pays de la liberté
palpa sa joue endolorie là o˘ Lennox lui avait donné un coup de fouet.
Óui, mais je lui ai pris son fouet et je l'ai cassé en deux. ª
Elle sourit. ´Je te reconnais bien là: toujours des histoires.
- C'est vrai. As-tu des nouvelles de Peg?
- Elle a été emmenée par les conducteurs d'‚mes, B‚tes et Makepiece.ª
Mack sentit son cúur se serrer. ´ Bon sang. «a va être dur de la retrouver.
- Je demande toujours de ses nouvelles, mais je n'ai encore rien appris.
- Et toi, qui t'a achetée ? Un maître bienveillant, à te voir ! ª
Sur ces entrefaites, un homme d'une cinquantaine d'années, bien en chair et richement vêtu, survint. Cora dit : ´ Le voilà : Alexander Rolley, le courtier en tabac.
- De toute évidence, il te traite bien ! ª murmura Mack.
Rolley serra la main de la vieille femme et lui dit un mot, puis se tourna vers Mack.
´Je vous présente Malachi McAsh, dit Cora, un vieil ami de Londres. Mack, voici Mr. Rolley... mon mari. ª
Mack la dévisagea, muet de surprise.
Rolley passa un bras possessif autour des épaules de Cora tout en serrant la main de Mack. Ćomment
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allez-vous, McAsh? ª dit-il. Et, sans un mot de plus, il entraîna Cora.
Pourquoi pas? se dit Mack en reprenant la route qui le ramenait à la plantation Jamisson.
Il était déçu. Dans un instant d'affolement, Cora lui avait fait promettre de chercher à la retrouver. Mais elle l'avait oublié dès que s'était présentée pour elle la chance d'une vie facile.
Certes elle avait des excuses. Et un sacré culot. «a n'avait pas d˚ être facile de se faire épouser par un riche négociant dans une petite bourgade comme Fal-mouth. Maintenant, elle jouait les épouses respectables et allait peut-être même donner des enfants à Rolley.
C'était étrange: il avait eu deux femmes dans sa vie, Annie et Cora. Toutes deux en avaient épousé un autre. Cora allait se coucher tous les soirs avec un gros négociant en tabac deux fois plus ‚gé qu'elle, et Annie était enceinte de l'enfant de Jimmy Lee. Il se demandait s'il aurait jamais une vie de famille normale, avec une femme et des enfants.
Il se secoua. Il aurait pu l'avoir s'il l'avait vraiment voulu. Mais il avait refusé de s'installer et d'accepter ce que le monde lui offrait. Il en voulait davantage.
Il voulait être libre.
30
Jay partit pour Williamsburg avec de grands espoirs. Il avait été dépité de découvrir les opinions politiques de ses voisins - tous des whigs libéraux.
Mais il était certain que dans la capitale de la colonie il allait trouver des hommes fidèles au roi, des hommes
qui l'accueilleraient comme un allié estimable et seraient prêts à
promouvoir sa carrière politique.
Williamsburg était une petite ville, mais imposante. ¿ chaque extrémité de la rue principale, longue de un mille, se dressaient deux impressionnants b
‚timents de brique bien dans le style anglais. Leur vue rasséréna Jay, tant ils évoquaient la puissance de la monarchie. Il y avait un thé‚tre, des boutiques, et des artisans qui confectionnaient des chandeliers en argent et des tables de salle à manger en acajou. Chez l'imprimeur Purdie & Dixon, Jay acheta la Gazette de Virginie, dont la rubrique des petites annonces semblait essentiellement consacrée aux esclaves en fuite.
Les riches planteurs qui constituaient l'élite dirigeante de la colonie résidaient sur leurs propriétés. Ils venaient en ville pour les sessions du Parlement et logeaient alors dans des auberges. Jay s'installa à la taverne Raleigh, un petit édifice de planches peint en blanc avec des chambres aménagées dans le grenier.
Il passa au palais du gouverneur ou il laissa sa carte avec un petit mot, mais il dut attendre trois jours pour obtenir un rendez-vous avec le baron de Botetourt. quand il reçut enfin son invitation, ce n'était pas pour une audience privée, comme il s'y attendait, mais pour une réception. De toute évidence, le gouverneur ne s'était pas encore rendu compte que Jay était un allié important dans un environnement hostile.
Le palais était situé au bout d'une longue allée qui, du milieu de la rue principale, remontait vers le nord. C'était également une construction en brique de style anglais, avec de hautes cheminées et des fenêtres mansardées. L'imposant hall d'entrée était décoré de couteaux, de pistolets et de mousquets savamment disposés sur les murs comme pour souligner la puissance militaire du roi.
Botetourt était,
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