Le pays de la liberté
moi qui l'ai chargé de l'entretien. Il v; repeindre la nursery.
- Je ne veux pas de cet homme dans ma maison. > La réaction de Lizzie prit Jay au dépourvu. Él
bien, lança-t-elle, il va falloir vous y faire.
- Enfin...
- Je ne veux pas être seule ici tant que Lennox es sur la propriété. Je le refuse absolument, vous com prenez ?
- Très bien...
- Si McAsh s'en va, je pars aussi ! ª Elle sortit er trombe du salon.
´ Très bien ! ª dit-il au moment o˘ elle claquait h porte. Il n'allait pas faire une scène à propos d'un fichu forçat. Si elle voulait que cet homme peigne la nursery, eh bien, qu'il le fasse.
Il vit sur le buffet une lettre cachetée qui lui était adressée. Il la prit et reconnut l'écriture de sa mère. Il s'assit auprès de la fenêtre et ouvrit l'enveloppe.
7, Grosvenor Square
Londres
15 septembre 1768
Mon cher fils,
Le nouveau puits de High Glen a été remis en état après l'accident et l'exploitation du charbon a repris.
Jay sourit. Sa mère pouvait être très femme d'affaires.
Robert a passé là-bas plusieurs semaines à unir les deux propriétés et à
s'arranger pour qu'elles soient gérées comme un seul domaine.
J'ai dit à ton père que tu devrais percevoir des droits sur le charbon, puisque la terre t'appartient. Il m'a répondu qu'il payait l'intérêt des hypothèques. Je crains toutefois que le facteur décisif n'ait été la façon dont tu as pris les meilleurs forçats du Rosebud. Ton père était fou de rage, et Robert aussi.
Jay se sentit stupide et furieux. Il avait cru pouvoir obtenir ces hommes impunément. Il n'aurait pas d˚ sous-estimer son père.
Je vais continuer à harceler ton père à ce propos. Avec le temps, je suis certaine qu'il cédera.
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´Dieu vous bénisse, Mèreª, dit Jay. Même s' n'était pas s˚r de jamais la revoir, elle continuait défendre ses intérêts.
La lettre continuait avec des nouvelles plu badines, sur la santé des uns et des autres et la vi mondaine à Londres. Puis, à la fin, elle revenait au affaires.
Robert est maintenant parti pour la Barbade. Je n sais pas très bien pourquoi. Mon instinct me dit qui complote contre toi. Je n'arrive pas à
imaginer com ment il pourrait te nuire, mais il est impitoyable et pleii de ressources. Reste toujours sur tes gardes, mon fils.
Ta mère qui t'aime,
Alicia Jamisson
Jay reposa la lettre d'un air songeur. Il avait le plu profond respect pour l'intuition de sa mère mais i pensait tout de même que ses craintes étaient exagé rées. La Barbade, c'était loin. Et même si Rober venait en Virginie, il ne pouvait en rien nuire à Ja^ maintenant... n'est-ce pas?
31
Dans l'aile qui abritait l'ancienne nursery, Macl découvrit une carte.
Il avait redécoré deux des trois pièces et il était er train de déblayer la salle d'étude. C'était la fin de l'après-midi : il se mettrait sérieusement au travail demain. Il trouva un coffre de livres un peu moisis el 369
de bouteilles d'encre vides : il en tria le contenu en se demandant ce qui valait la peine d'être sauvé. La carte était là, soigneusement pliée dans un étui en cuir. Il l'ouvrit et l'inspecta.
C'était une carte de Virginie.
Tout d'abord, il faillit sauter de joie, mais son enthousiasme ne tarda pas à se dissiper lorsqu'il se rendit compte qu'il n'y comprenait rien.
Des noms l'intriguèrent jusqu'au moment o˘ il s'aperçut qu'ils étaient écrits dans une langue étrangère : sans doute du français. Le territoire au nord-est s'appelait ´Partie de New Jerseyª, et tout ce qui était à l'ouest des montagnes s'appelait Louisiane, mais cette partie de la carte ne portait rien d'autre que le
nom.
Peu à peu, il finit par mieux comprendre. Les traits fins étaient des rivières, les lignes plus épaisses marquaient les frontières entre une colonie et sa voisine et les traits les plus gros étaient des massifs montagneux. Il examina la carte, fasciné, passionné : c'était son passeport pour la liberté.
Il découvrit que le Rappahannock était un fleuve qui traversait la Virginie, depuis les montagnes à l'ouest jusqu'à la baie de Chesapeake à
l'est. Il trouva Fredericksburg sur la rive sud. Impossible d'estimer les distances, mais Pepper Jones avait dit qu'il y avait cent milles jusqu'aux montagnes. Si la carte était exacte, c'était de nouveau la même distance jusqu'à l'autre versant du massif montagneux. Mais rien n'indiquait l'existence d'une route qui le traversait. Il éprouva
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