Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
dévisageait, la fille lui lança un regard que Lizzie n'oublierait jamais : un regard hautain, méprisant, triomphant. C'est peut-
    être toi la maîtresse de la maison, disaient ces yeux, mais c'est dans mon lit qu'il vient chaque soir, pas dans le tien.
    La voix de Jay lui parvint comme si elle venait de très loin : ´ Lizzie, oh, mon Dieu ! ª
    Elle tourna la tête vers lui et elle le vit flancher sous son regard. Mais elle n'en éprouva aucune satisfaction : elle savait depuis longtemps qu'il était faible.
    Elle retrouva sa voix. ´Va au diable, Jayª, dit-elle calmement. Elle tourna les talons et sortit.
    Elle regagna sa chambre, prit ses clés dans le tiroir puis descendit jusqu'à l'armurerie.
    Ses fusils Griffin étaient au r‚telier avec les armes de Jay : elle les laissa là et prit une paire de pistolets de poche. Par contre, elle eut beau fouiller la pièce, elle ne trouva pas de balles. Elle prit un moule à
    balles, quelques lingots de plomb, et puis elle quitta la pièce en refermant la porte à clé derrière elle.
    Dans la cuisine, Sarah et Mildred la contemplèrent avec de grands yeux affolés. Sans un mot, elle se dirigea vers le placard et y prit un solide couteau et une petite casserole. Elle regagna sa chambre et ferma sa porte à clé. Elle fit un feu jusqu'au moment o˘ elle eut des braises rougeoyantes. Elle mit alors le lingot de plomb dans la casserole et la casserole sur le feu.
    Elle se souvenait de Jay rentrant de Williamsburg avec quatre jeunes esclaves. Elle avait demandé pourquoi il n'avait pas acheté des hommes et il avait dit que les femmes co˚taient moins cher et étaient plus dociles.

    Sur le moment, elle n'y avait pas atta-
    388
    ché d'importance : elle était plus préoccupée par l'extravagance de sa voiture neuve. Maintenant, l'amertume la gagnant, elle comprenait.
    On frappa à la porte et elle entendit la voix de Jay : ´ Lizzie ? ª Une main tourna la poignée, essaya la porte. Constatant que le verrou était mis, il dit : ´ Lizzie... tu veux bien m'ouvrir? ª
    Elle l'ignora. Pour le moment, il se sentait penaud et coupable. Plus tard, il trouverait bien un moyen de se persuader qu'il n'avait rien fait de mal.
    Ensuite il se mettrait en colère.
    Il frappa et appela pendant près d'une minute, puis il renonça et repartit.
    Une fois le plomb fondu, elle retira la casserole du feu. Sans perdre de temps, elle versa un peu de plomb dans le moule. Elle plongea le moule dans la cuvette d'eau sur sa table de toilette pour refroidir et durcir le plomb. Elle secoua : une balle bien ronde en tomba. Elle la prit dans ses mains. La balle était parfaite à l'exception d'une petite excroissance formée par le plomb qui était resté dans la buse. Elle la tailla avec le couteau de cuisine.
    Elle continua à fabriquer des balles jusqu'à ce qu'elle e˚t épuisé tout son plomb. Elle chargea alors les deux pistolets et les plaça auprès de son lit. Elle s'assura que le verrou était bien mis.
    Puis elle alla se coucher.
    33
    Mack en voulait terriblement à Lizzie pour cette gifle. Chaque fois qu'il y pensait, il était fou de rage. Elle lui envoyait de faux signaux, puis le ch‚tiait quand il réagissait. C'était une garce, se dit-il: une 389
    coquette sans cúur de la haute société, qui se jouait de ses sentiments.
    Mais il savait que ce n'était pas vrai et, au bout d'un moment, il changea d'avis. En réfléchissant, il comprit qu'elle était en proie à des émotions contradictoires. Elle était attirée par lui, mais elle était mariée à un autre. Elle avait le sens du devoir et elle était affolée parce qu'elle le sentait vaciller. En désespoir de cause, elle avait essayé de mettre un terme à ce dilemme en se querellant avec lui.
    Il avait bien failli lui dire que sa loyauté envers Jay était mal placée.
    Tous les esclaves savaient depuis des mois que Jay passait ses nuits dans une chaumière avec Felia, une fille belle et facile qui venait du Sénégal.
    Mais il était persuadé que Lizzie tôt ou tard s'en apercevrait toute seule et c'est en effet ce qui s'était passé, deux nuits auparavant. Elle avait réagi avec sa violence habituelle : elle avait fermé à clé la porte de sa chambre et s'était armée de pistolets.
    Combien de temps allait-elle tenir ainsi ? Comment tout cela finirait-il?
    En s'enfuyant jusqu'à la frontière avec un bon à rien, avait-il dit. Mais elle n'avait pas réagi à sa proposition. Bien s˚r, l'idée ne lui viendrait jamais de

Weitere Kostenlose Bücher