Le pays de la liberté
avaient disparu. Son cúur était vide. Elle n'avait pas de passion, rien que des regrets.
Elle était honteuse d'avoir eu de telles envies. Le rôle de l'épouse lascive qui tentait de séduire le jeune et beau domestique dans les romans sentimentaux ne lui convenait guère.
Mack, bien s˚r, n'était pas simplement un jeune et beau domestique. Elle s'était peu à peu rendu compte qu'il était l'homme le plus remarquable qu'elle e˚t jamais rencontré. Il était arrogant et entêté, elle le savait.
Il se faisait une idée ridiculement flatteuse de sa propre importance et cela lui attirait des ennuis. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'admirer la façon dont il tenait tête à toutes les autorités, des mines d'Ecosse aux plantations de Virginie. Et quand il avait des histoires, c'était souvent parce qu'il prenait la défense d'un autre.
Mais Jay était son mari.
Il était faible et stupide et il lui avait menti, mais c'était l'homme qu'elle avait épousé et elle devait lui être fidèle.
Mack la dévisageait toujours. Elle se demandait quelles pensées lui traversaient l'esprit. Elle se disait que c'était à lui-même qu'il pensait quand il avait dit : Fuyez jusqu'à la frontière avec un bon à rien.
Mack tendit une main hésitante et lui caressa la joue. Lizzie ferma les yeux. Si sa mère pouvait la voir ainsi, elle saurait exactement quoi lui dire: Tu as
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épousé Jay et tu lui as promis fidélité. Es-tu une femme ou une enfant? Une femme tient parole quand c'est difficile, pas simplement quand c'est facile. C'est cela, respecter sa promesse.
Elle ouvrit les yeux et regarda longuement Mack. Il y avait du désir dans ses yeux verts. Elle se crispa. D'un geste impulsif, elle le gifla de toutes ses forces.
Autant gifler un roc : il ne bougea pas. Son expression changea. Elle ne lui avait pas fait mal mais elle l'avait touché au cúur. Il eut un air si choqué et si consterné qu'elle éprouva une violente envie de lui faire des excuses et de le prendre dans ses bras. Elle y résista de toutes ses forces. D'une voix tremblante, elle dit : Ńe vous avisez pas de me toucher ! ª
Sans un mot, il la dévisagea, horrifié et blessé. Incapable de regarder plus longtemps son air peiné, elle se leva et sortit de la pièce à grands pas.
Il avait dit: Résignez-vous à être une épouse pour Jay et ayez un autre bébé. Elle y réfléchit toute une journée. L'idée d'avoir Jay dans son lit lui était devenue déplaisante, mais c'était son devoir d'épouse. Si elle refusait de l'accomplir, elle ne méritait pas un mari.
Cet après-midi-là, elle prit un bain. C'était une entreprise compliquée : il fallait apporter un tub dans la chambre et cinq ou six robustes filles montaient en h‚te l'escalier depuis la cuisine avec des brocs d'eau chaude.
Ensuite, elle changea de toilette avant de descendre pour le souper.
C'était une froide soirée de janvier et le feu ronflait dans l'‚tre. Lizzie but un peu de vin et essaya de bavarder gaiement avec Jay, comme elle le faisait avant leur mariage. Il ne réagit pas. Mais, se dit-elle, il fallait s'y attendre : elle avait été si longtemps une si piètre compagnie.
Le repas terminé, elle dit: Ćela fait trois mois depuis l'accident du bébé. Je vais bien maintenant.
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- que voulez-vous dire ?
- Mon corps est redevenu normal. ª Elle n'allait pas lui faire un dessin.
quelques jours après l'accouchement, ses seins avaient cessé de suinter du lait. Elle avait saigné un peu chaque jour pendant bien plus longtemps, mais cela aussi était fini. ´Je veux dire... mon ventre ne sera jamais tout à fait aussi plat, mais... pour le reste, je suis guérie. ª
II ne comprenait toujours pas. ´ Pourquoi me dites-vous cela ? ª
S'efforçant' de maîtriser l'exaspération qui allait percer dans sa voix, elle annonça : Ńous pouvons recommencer à faire l'amour, voilà ce que je veux dire. ª
II grommela et alluma sa pipe.
Ce n'était pas la réaction qu'une femme aurait pu espérer.
´ Viendrez-vous dans ma chambre ce soir ? ª insista-t-elle.
Il eut l'air agacé. Ć'est l'homme qui est censé faire ce genre de propositionª, dit-il d'un ton irrité.
Elle se leva. ´Je voulais simplement que vous sachiez que je suis prête ª, déclara-t-elle. Vexée, elle monta dans sa chambre.
Mildred la suivit pour l'aider à se déshabiller. Tout en ôtant ses jupons, elle demanda d'un ton aussi désinvolte que possible : Ést-ce que Mr.
Jamisson est allé se
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