Le pays de la liberté
tous dans la terreur d'être attaqués par leurs esclaves. Même s'ils croient à son histoire, ils la pendront quand même, rien que pour faire peur aux autres. ª
Elle prit un air furieux et elle allait répliquer vertement quand Peg éclata en sanglots. Cela fit hésiter Lizzie. Elle se mordit la lèvre et dit: ´¿ votre avis, que devrions-nous faire ? ª
Dehors, un des chiens se mit à gronder. Mack entendit la voix d'un homme qui lui parlait pour le
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calmer. ´Je veux que vous cachiez Peg ici pendant qu'ils fouillent la maison, dit-il à Lizzie. Voulez-vous le faire ? ª
II la dévisagea. Si tu dis non, songea-t-il, je suis amoureux de la femme qu'il ne faut pas.
´Bien s˚r que oui, dit-elle. Pour qui me prenez-vous ? ª
II eut un sourire heureux et soulagé. Il l'aimait tant qu'il dut refouler ses larmes. Il avait la gorge serrée. ´Je vous trouve merveilleuse ª, dit-il d'une voix rauque.
Ils parlaient à voix basse : Mack entendit un bruit venant de la chambre de Jay, de l'autre côté de la cloison. Il n'était pas au bout de ses peines s'il voulait s'assurer que Peg ne risquait rien. ÍI faut que je m'en aille, dit-il. Bonne chance ! ª II sortit.
Il traversa le palier et courut sur la pointe des pieds jusqu'à l'escalier.
En débouchant dans le hall, il crut entendre la porte de Jay s'ouvrir, mais il ne se retourna pas pour regarder.
Il s'arrêta et prit une profonde inspiration. Je suis un serviteur ici et je n'ai aucune idée de ce que le shérif pourrait bien vouloir, se dit-il.
Il afficha un sourire poli et ouvrit la porte.
Deux hommes se trouvaient sur le perron. Ils portaient la tenue des Virginiens prospères: bottes de cheval, longs gilets et tricornes. Tous deux avaient des pistolets dans un étui de cuir avec une courroie attachée à l'épaule. Ils puaient le rhum: ils avaient bu pour se protéger de l'air froid de la nuit.
Mack se planta résolument sur le seuil, pour les décourager d'entrer dans la maison. ´ Bonjour, messieursª, dit-il. Il constata que son cúur battait vite. Il fit un effort pour garder un ton calme et détendu. ´Vous poursuivez quelqu'un, ça m'en a tout l'air.ª Le plus grand des deux hommes dit : ´ Je suis le shérif du comté de Spotsylvania, et je recherche une fille du nom de Peggy Knapp.
- J'ai vu les chiens. Vous les avez envoyés du côté des cases des esclaves ?
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- Oui.
- Bien réfléchi, shérif. Comme ça, vous surpren drez les nègres endormis et ils ne pourront pas dissi muler la fugitive.
- Je suis heureux de votre approbation, dit le shé rif d'un ton un peu sarcastique. Nous allons just entrer un instant. ª
Un forçat n'avait pas le choix quand un homnn libre lui donnait des ordres : Mack dut s'écarter et le laisser s'avancer dans le hall. Il espérait encore qu'il ne jugeraient pas nécessaire de fouiller la maison.
Ćomment se fait-il que tu sois debout ? dit le shé rif d'un ton un peu méfiant. Nous nous attendions ; devoir réveiller tout le monde.
- Je me lève de bon matin. ª
L'homme eut un grognement désintéressé. ´Tor maître est là ?
- Oui.
- Conduis-nous à lui. ª
Mack ne voulait pas les faire monter: ils seraien dangereusement près de Peg. ´ Je crois avoir entendi Mr. Jamisson bouger, dit-il. Voulez-vous que je lu demande de descendre ?
- Non... je ne veux pas qu'il se donne la peine dt s'habiller. ª
Mack jura sous cape. De toute évidence, le shéri était bien décidé, si possible, à surprendre tout h monde. Pas moyen de discuter. Il se contenta de dire ´ Par ici, je vous prieª, et les entraîna dans l'escalier II frappa à la porte de Jay. quelques instants plus tard, celui-ci ouvrit, ayant passé un manteau par-dessus sa chemise de nuit. ´que diable se passe-t-il? demanda-t-il avec agacement.
- Je suis le shérif Abraham Barton, Mr. Jamisson. Pardonnez-moi de vous déranger, mais nous recherchons la meurtrière de Burgo Marier. Est-ce que le nom de Peggy Knapp vous dit quelque chose ? ª
Jay fixa Mack du regard. ´ Je pense bien. Cette fille a toujours été une voleuse et je ne suis pas surpris
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qu'elle soit devenue une meurtrière. Avez-vous demandé à McAsh ici présent s'il sait o˘ elle se trouve ? ª
Barton regarda Mack d'un air surpris. Álors, c'est toi McAsh ! Tu n'as rien dit.
- Vous ne m'avez rien demandéª, fit Mack. Barton ne se contenta pas de cette réponse. ´Tu
savais que je venais ici ce matin ?
- Non. ª
Jay dit d'un ton méfiant: Álors, pourquoi
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