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Le pays des grottes sacrées

Le pays des grottes sacrées

Titel: Le pays des grottes sacrées Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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des enfants courir et crier en se livrant à
un jeu qui lui parut plus agité que d’ordinaire. Ils se ruaient dans les abris
et en ressortaient précipitamment et elle eut soudain l’impression que c’était
dangereux, sans savoir pourquoi. Au moment où elle s’apprêtait à dire à
Jondalar qu’il fallait partir, on leur apporta la nourriture promise. Ils
remercièrent tout le monde, mirent les paquets dans les paniers de Whinney et,
utilisant des rochers proches comme marchepied, ils montèrent sur les chevaux
et quittèrent la vallée.
    Dès qu’ils parvinrent à un espace
découvert, ils laissèrent les bêtes galoper. La course grisante apaisa en
partie l’anxiété d’Ayla mais ne l’élimina pas totalement. Lorsque enfin les
chevaux se fatiguèrent et ralentirent, Jondalar avisa un bosquet au loin et
guida son cheval dans cette direction. Ayla fit de même. La jeune pouliche,
déjà presque aussi rapide que sa mère, les suivit. Les jeunes animaux devaient
apprendre tôt à courir vite s’ils voulaient rester en vie. Loup, qui appréciait
lui aussi une bonne course, se maintenait à leur niveau.
    En approchant des arbres, ils
découvrirent un étang, manifestement alimenté par une source, dont le
trop-plein s’évacuait par un ruisselet. Mais, alors qu’ils n’en étaient plus
qu’à quelques mètres, Whinney s’arrêta si brusquement qu’elle faillit faire
choir Ayla. Entourant de son bras Jonayla, assise devant elle, elle se laissa
glisser du dos de la jument. Son compagnon avait lui aussi des problèmes avec
Rapide, qui se cabrait en hennissant. Jondalar sauta à terre, eut du mal à
rester debout et s’écarta.
    Ayla perçut un grondement, le
sentit plus qu’elle ne l’entendit et se rendit compte que cela durait depuis un
moment déjà. Devant elle, l’eau de l’étang s’éleva en un jet comme si quelqu’un
avait pressé la source. Alors seulement Ayla s’aperçut que le sol bougeait.
    Elle savait ce que c’était, elle
avait déjà senti la terre remuer sous ses pieds et la panique lui noua la
gorge. Pétrifiée, serrant son enfant contre elle, elle n’osait pas faire un
pas.
    L’herbe haute de la plaine entama
une danse étrange tandis que la terre oscillait au rythme d’une musique
inaudible montant de ses entrailles. Devant, le bosquet proche de la source
amplifiait le mouvement. L’eau s’élevait et retombait, tourbillonnait sur ses
berges, aspirait de la vase et la rejetait en crachats boueux. Ayla sentit
l’odeur nauséabonde de la terre. Avec un craquement, un des sapins céda et
s’inclina lentement, exhumant la moitié de sa masse ronde de racines.
    Le tremblement paraissait
interminable. Il faisait renaître des souvenirs d’un autre temps, de pertes
causées par la terre qui grognait et bougeait. Ayla ferma les yeux, secouée par
des sanglots de chagrin et de peur. Jonayla se mit à pleurer. Puis Ayla sentit
une main sur son épaule, des bras les entourèrent, elle et son enfant,
apportant consolation et réconfort. Elle se pressa contre la poitrine de
l’homme qu’elle aimait et le bébé s’apaisa. Lentement, Ayla prit conscience que
le tremblement avait cessé et son corps crispé commença à se détendre.
    — Oh, Jondalar !
s’écria-t-elle. C’était un tremblement de terre. Je déteste les tremblements de
terre !
    — Je ne les aime pas trop
non plus, répondit-il en serrant contre lui sa fragile petite famille.
    Ayla regarda autour d’elle, vit
le sapin incliné vers l’étang et frissonna au souvenir inattendu d’un lointain
passé.
    — Qu’y a-t-il ? demanda
Jondalar.
    — Cet arbre…
    Il se retourna, vit le sapin aux
racines déterrées.
    — Je me souviens d’avoir vu
de nombreux arbres renversés comme ça, tombés en travers d’un ruisseau, reprit
Ayla d’un ton hésitant. Je devais être très jeune… C’était avant que je vive
avec le Clan. Je crois que c’est alors que j’ai perdu ma mère, ma famille et
tout le reste. Iza m’a dit que lorsqu’elle m’a trouvée je savais marcher et
parler. Je devais compter quatre ou cinq ans.
    Jondalar la tint contre lui
jusqu’à ce qu’elle se détende de nouveau. Il comprenait mieux maintenant la
terreur que ressentait sa compagne : petite fille, elle avait dû éprouver
la même quand un séisme avait fait s’effondrer son monde autour d’elle et que
la vie qu’elle avait connue avait brusquement pris fin.
    — Ça va recommencer, tu
crois ? demanda-t-elle

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