Le pays des grottes sacrées
congénères abattus.
C’était fini.
Tout s’était passé si vite que
c’était difficile à croire. Les chasseurs allèrent voir les pièces tuées :
neuf bisons en sang jonchaient le lit du ruisseau. L’examen des sagaies révéla
que Willamar, Palidar, Tivonan, Jonokol, Kimeran et Jondecam avaient tué une
bête chacun. À eux deux, Jondalar et Ayla en avaient trois à leur actif.
— Je ne m’attendais pas à un
si beau tableau de chasse, dit Jonokol en regardant les marques sur la sagaie
pour s’assurer que l’animal lui revenait. Nous aurions peut-être dû coordonner
nos efforts auparavant. C’est presque trop.
— Il est vrai que nous
n’avions pas besoin d’autant, mais nous aurons plus de viande à nous partager,
dit Willamar, qui n’aimait pas arriver les mains vides à une Caverne. Ce ne
sera pas perdu.
— Mais comment allons-nous
les transporter tous ? Trois chevaux ne peuvent tirer neuf bisons sur des
perches, fit remarquer Palidar.
La sagaie du jeune homme avait
atteint un énorme mâle et il ne voyait pas trop comment ils allaient déplacer
la bête, sans même parler des autres.
— Je crois que l’un de nous
va devoir aller en avant à la prochaine Caverne et ramener du renfort, répondit
Jondalar. Ça ne les dérangera sûrement pas. Ils n’auront pas à les chasser.
Il s’était posé la même question
que Palidar, mais il avait plus d’expérience avec des animaux aussi énormes et
savait qu’être plus nombreux faciliterait la tâche.
— Tu as raison, approuva
Jondecam, mais je crois que nous allons devoir déplacer notre camp ici pour
débiter les carcasses.
Il n’avait visiblement pas hâte
de reprendre la route.
— Ça risque de contrarier
Beladora, objecta Kimeran. Elle a entrepris plusieurs travaux de tissage et
elle n’aura pas envie de déménager. Mais j’imagine qu’elle pourra aussi venir
ici aider au dépeçage.
— Nous pouvons les dépecer
ici, puis les débiter en grosses pièces, faire plusieurs voyages pour les
rapporter à notre camp et commencer à faire sécher une partie de la viande,
proposa Ayla. Nous pourrons ensuite apporter de la viande fraîche à la Caverne
suivante et leur demander de nous aider à transporter le reste.
— Bonne idée, dit Willamar.
Je vais confectionner des coupes avec les cornes.
— J’aimerais bien préparer
de la colle pour fixer les pointes aux hampes en faisant bouillir quelques
sabots, ajouta Jondalar. La poix n’est pas mal, mais les sabots et les os font
une meilleure colle.
— Et on pourra confectionner
de nouvelles outres avec les estomacs et se servir des intestins pour conserver
la graisse, renchérit Ayla.
— Levela garde parfois aussi
la viande coupée en morceaux dans des intestins bien nettoyés, observa
Jondecam, et on peut s’en servir pour imperméabiliser les chapeaux et les
chausses.
Ayla se rendit compte soudain à
quel point ils étaient près de leur destination. Ils n’allaient pas tarder à
laisser Amelana à sa Caverne, puis ils iraient voir le Site Sacré très ancien
que la Première voulait tout particulièrement lui montrer ; il n’était pas
loin. Ensuite, selon Willamar, deux jours suffiraient à les amener chez
Beladora. Après quoi, ils reviendraient sur leurs pas et rentreraient chez eux.
Le retour serait aussi long que
l’aller, mais, en regardant autour d’elle, Ayla eut le sentiment que la Mère
leur fournissait tout ce qu’il fallait pour subvenir à leurs besoins durant le
trajet de retour. Ils avaient les matières premières nécessaires pour remplacer
leur matériel, leurs armes et leurs vêtements usés. Il y avait plus de viande
qu’il n’en fallait pour en mettre à sécher et préparer des galettes de voyage,
indispensables pour couvrir rapidement de longues distances, en hachant la
viande déshydratée et en y ajoutant de la graisse et des baies séchées. Ils
disposaient aussi des racines et tiges séchées de certaines plantes et de variétés
de champignons connues de tous.
— Je suis déjà venue
ici ! Je connais cet endroit ! s’exclama Amelana, excitée de voir un
lieu familier, puis un autre.
Il était maintenant hors de
question de s’arrêter pour se reposer ; enceinte ou pas, elle était
impatiente d’arriver chez elle.
Le petit groupe de voyageurs
arriva à un sentier bien marqué qui longeait un méandre de la rivière en forme
de U. Une ancienne zone inondable s’était muée en un herbage plat,
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