Le pays des grottes sacrées
l’extrémité du lit du
ruisseau asséché. Suivant la suggestion de Willamar, ils ajoutèrent une rangée
de petit bois sur le devant pour faciliter la propagation du feu à travers le
gros tas. Puis ils montèrent à cheval, firent signe à Loup et commencèrent à
encercler le troupeau. Willamar chargea ensuite ses apprentis, Palidar et
Tivonan, d’allumer un feu des deux côtés quand il le leur dirait.
— Dès que le feu aura pris,
vous pourrez prendre position avec vos lance-sagaies, leur dit-il.
Les deux jeunes gens
acquiescèrent et tous trouvèrent des endroits où attendre.
Et ils attendirent.
Chaque chasseur était dans son
propre espace de silence et écoutait à sa manière. Les deux jeunes gens, tout
excités à la perspective de la chasse, s’efforçaient d’entendre Ayla et
Jondalar encercler le troupeau. Jonokol entra dans un état méditatif qui, comme
il l’avait appris longtemps avant, le maintenait en alerte et conscient de ce
qui se passait autour de lui. Il entendit Ayla et Jondalar crier au loin, et
aussi les notes sonores au tempo décroissant d’un martin-pêcheur. Il chercha
des yeux l’origine du bruit et aperçut le bleu vif et l’orange noisette du dessous
du plumage de l’oiseau. Puis il entendit le croassement rauque d’un corbeau.
Kimeran revint par la pensée à la
Deuxième Caverne des Zelandonii et espéra que tout le monde allait bien en son
absence… mais pas trop quand même, sans sa gouverne. Cela aurait impliqué qu’il
n’était pas un très bon chef. Jondecam songeait à sa sœur, Camora, et aurait
aimé qu’elle n’habite pas si loin. Levela, sa compagne, avait exprimé le même
sentiment, la veille au soir.
Un martèlement de sabots venant
dans leur direction attira leur attention. De chaque côté du long tas de bois,
les deux jeunes gens se tournèrent vers Willamar. Il avait la main levée,
regardait dans l’autre direction et s’apprêtait à donner le signal. Un éclat de
silex dans une main, un morceau de pyrite de fer dans l’autre, ils se
préparaient tous les deux à faire jaillir une étincelle en les frappant l’un
contre l’autre, sans anicroche, espéraient-ils. Ils s’y entendaient à allumer
un feu de cette façon, mais l’excitation risquait de les rendre maladroits.
Tous les autres tenaient leur lance-sagaie armé et prêt à tirer.
Quand les bisons s’élancèrent
dans le lit asséché, une vieille femelle rusée essaya de prendre la tangente,
mais Loup anticipa le mouvement. Il se précipita vers l’énorme bison et poussa
un grondement effrayant en montrant les crocs. L’animal opta pour la voie de
moindre résistance et descendit le lit du ruisseau.
À ce moment-là, Willamar donna le
signal. Palidar fut le premier à faire jaillir une étincelle et se pencha pour
attiser la flamme. Tivonan dut s’y reprendre à deux fois mais il eut bientôt
allumé un feu crépitant au milieu du lit. Leurs deux foyers se rejoignant, le
gros bois s’enflamma à son tour. Dès qu’ils furent certains que le feu avait
bien pris, ils se précipitèrent en haut de la berge tout en armant leurs
lance-sagaies.
Les autres chasseurs étaient
prêts. Le feu avait déjà ralenti la course des bisons, qui beuglaient dans la
plus grande confusion. Ils ne voulaient pas se jeter dans les flammes, mais
leurs congénères à l’arrière du troupeau les poussaient en avant.
Les longs projectiles
commencèrent à voler !
Une nuée de hampes en bois
prolongées de pointes de silex aiguisées envahit le ciel. Chaque chasseur avait
pris pour cible une bête différente et il la suivait attentivement des yeux à
travers la fumée et la poussière. Ils lancèrent leur deuxième sagaie, dirigée
en général vers le même bison que la première. Ils avaient chassé en chemin
pendant tout l’été et s’étaient améliorés.
Jondalar repéra un mâle à grosse
bosse couverte de laine et longues cornes noires pointues. Sa première sagaie
l’abattit et la deuxième l’immobilisa définitivement. Il réarma en vitesse son
lance-sagaie et visa une femelle mais ne fit que la blesser.
La première sagaie d’Ayla
atteignit un jeune mâle, pas encore tout à fait adulte. Elle le regarda
s’écrouler, puis vit la sagaie de Jondalar toucher la femelle, qui chancela
mais ne tomba pas. Elle lui lança une autre sagaie et la vit tituber à nouveau.
Les premières bêtes du troupeau franchissaient le mur de feu. Les autres
suivaient, abandonnant leurs
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