Le pays des grottes sacrées
idées.
— Je viendrai l’examiner
demain, mais je ne crois pas être capable de dire grand-chose. Zelandoni
a-t-elle une idée de la raison pour laquelle elle a perdu ses trois
premiers ? s’enquit Ayla.
— Tout ce qu’elle a dit,
c’est que Jeralda a l’utérus glissant et qu’elle a tendance à les perdre trop
facilement. Le dernier ne semblait pas avoir quoi que ce soit d’anormal, si ce
n’est qu’il était né trop tôt. Il était vivant à la naissance et il a vécu un
jour ou deux, puis il a cessé de respirer.
Jeviva détourna la tête et essuya
une larme. Jeralda passa le bras autour de sa mère et son compagnon les tint
toutes les deux enlacées un moment. Ayla regarda la petite famille se resserrer
au souvenir de ce chagrin. Elle espérait que cette grossesse-ci arriverait à
terme.
Joharran avait désigné deux
hommes chargés de rester là et de chasser pour les gens demeurés à la Neuvième
Caverne et de manière générale pour aider quand ils le pouvaient. Ils allaient
être remplacés dans une lune. Jonclotan, le compagnon de Jeralda, s’était quant
à lui proposé spontanément pour aller chasser. Les deux autres avaient eu la
malchance de perdre le concours organisé par le chef pour décider qui resterait.
Le plus âgé s’appelait Lorigan, le plus jeune, Forason. Ils avaient bougonné,
mais avaient fini par accepter leur sort, sachant qu’ils n’auraient pas à
participer au concours l’année suivante.
Ayla n’avait pas chassé depuis
quelque temps, mais n’avait pas perdu la main. Forason, qui était très jeune,
eut d’abord des doutes sur l’aptitude à chasser de l’acolyte de la doniate et
il crut qu’elle les gênerait, d’autant plus qu’elle avait insisté pour emmener
le loup avec elle. Lorigan se borna à sourire. À la fin de la première journée,
le jeune homme était confondu par ses prouesses, tant avec le lance-sagaie
qu’avec la fronde, et étonné par l’attitude coopérative de l’animal. Sur le
chemin du retour, son aîné lui expliqua que c’était elle et Jondalar qui
avaient mis au point le lance-sagaie et l’avaient rapporté avec eux en revenant
de leur Voyage. Forason eut le bon sens de paraître embarrassé.
Mais la plupart du temps Ayla
restait à proximité du vaste abri. Ceux qui se trouvaient là prenaient en général
le repas du soir en commun. Lorsqu’ils étaient tous rassemblés autour du feu,
l’endroit paraissait moins vide. Les vieux et les infirmes étaient ravis
d’avoir une vraie guérisseuse pour s’occuper d’eux. Cela leur procurait un
sentiment de sécurité inhabituel. La plupart des étés, on laissait des
instructions les concernant aux plus aptes ou aux chasseurs. Au mieux, un
acolyte restait là pour des raisons similaires à celles d’Ayla, mais le plus
souvent il n’était pas aussi compétent.
Ayla adopta une vie régulière.
Elle dormait tard dans la matinée, puis, l’après-midi, elle rendait visite à
chacun, écoutait les plaintes, donnait des remèdes, préparait des cataplasmes
et faisait tout ce qu’elle pouvait pour améliorer l’état de ses patients. Cela
l’aidait à passer le temps. Les liens se resserraient, ils se racontaient
mutuellement leur vie ou échangeaient des histoires qu’ils avaient entendues.
Ayla s’exerçait à conter les Légendes Anciennes et les Histoires qu’elle
apprenait ou bien narrait des incidents de sa vie passée, toutes choses que les
autres adoraient écouter. Elle parlait toujours avec son accent étrange, et
même s’ils y étaient si habitués qu’ils ne l’entendaient plus vraiment, cela
contribuait néanmoins à lui donner un côté mystérieux et exotique, séduisant.
Ils l’avaient pleinement acceptée comme une des leurs, mais ils se plaisaient à
raconter des histoires sur elle parce qu’elle sortait de l’ordinaire et que,
par association, ils avaient ainsi l’impression de se distinguer.
Lorsqu’ils se retrouvaient au
soleil en fin d’après-midi, les histoires d’Ayla étaient particulièrement
demandées. Elle avait mené une vie très intéressante et ils ne se lassaient
jamais de lui poser des questions sur le Clan, de lui demander de leur montrer
comment ses membres prononçaient certains mots ou de leur exposer certaines de
leurs conceptions. Ils aimaient aussi écouter les chansons et histoires
familières entendues dans leur jeunesse. Beaucoup parmi les plus âgés
connaissaient certaines Légendes aussi bien
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