Le pays des grottes sacrées
dû probablement quitter
la Neuvième Caverne et il n’aurait pas été facile de trouver un nouvel endroit
où nous installer. J’avais le sentiment que c’était injuste de lui imposer ce
départ ; sa famille a toujours beaucoup compté pour lui. Ça lui a été
assez pénible d’aller vivre avec Dalanar. Et je n’avais pas envie de partir non
plus. Sais-tu que j’ai été sélectionnée pour la Zelandonia et que j’ai commencé
mon apprentissage avant même d’être une femme ? Je ne sais trop à quel
moment je me suis rendu compte que la Zelandonia était plus importante à mes
yeux qu’une union. Et c’est très bien ainsi. Doni ne m’a jamais accordé le
bonheur d’enfanter et j’aurais été, je le crains, une compagne sans enfants.
— Je sais que la Zelandoni
de la Deuxième Caverne a eu des enfants, mais je ne crois pas avoir jamais vu
une Zelandoni enceinte…
— Certaines tombent
enceintes, pourtant. Elles font généralement en sorte de perdre le bébé au
cours des premières lunes avant d’avoir le ventre trop rond. D’aucunes mènent
leur grossesse à terme, puis confient l’enfant à une autre pour qu’elle
l’élève, souvent une femme stérile qui désire ardemment avoir un enfant. Celles
qui sont unies gardent d’ordinaire le bébé, mais rares sont les femmes de la
Zelandonia à l’être. C’est plus facile pour les hommes. Ils peuvent se
décharger de l’essentiel des soins de l’enfant sur leur compagne. Tu sais
combien cela peut être difficile. Les contraintes qui pèsent sur une femme
unie, surtout si elle devient mère, sont souvent en conflit avec les exigences
de la Zelandonia.
— Oui, je sais cela, dit
Ayla.
Tous les membres de la Neuvième
Caverne attendaient, en proie à une grande excitation. Le départ pour la
Réunion d’Été était prévu le lendemain et tous s’affairaient aux préparatifs de
dernière minute. Ayla aidait Jondalar et Jonayla à faire les bagages et
décidait de ce qu’il fallait emporter ou laisser là, de l’endroit où le
ranger ; elle le faisait en partie pour passer davantage de temps en leur
compagnie. Marthona s’était aussi jointe à eux. C’était la première fois
qu’elle n’allait pas à une Réunion d’Été avec sa Caverne ; elle n’était
plus capable de marcher très loin. Elle voulait assister aux préparatifs pour
ne pas se sentir complètement exclue. Ayla regrettait de ne pouvoir s’y rendre,
elle non plus, mais elle se faisait du souci pour Marthona et était contente de
rester là pour s’occuper d’elle.
La vieille femme avait toujours
l’esprit vif, mais sa santé déclinait et elle était percluse d’arthrite au
point d’être parfois presque incapable de marcher ou même de travailler à son
métier à tisser.
Je pourrai partir plus tard,
après le Long Jour d’Été, pensa Ayla. Elle aimait Marthona à la fois comme amie
et comme mère et elle appréciait sa sagesse pondérée et ses traits d’esprit,
pourtant pas toujours aimables. C’était l’occasion de passer davantage de temps
avec elle. Ayla pensa que cela compenserait son absence, même partielle, à la
Réunion d’Été et décida de trouver le moyen d’être plus souvent avec les
membres de sa famille à leur retour. Cependant, si elle ne menait pas à bien
son projet de consigner les mouvements du soleil et de la lune cette année, il
lui faudrait tout recommencer l’année suivante. Tout serait terminé peu après
le Long Jour d’Été. Elle était revenue un peu plus tôt l’année précédente pour
mettre son projet à exécution.
L’hiver était la saison la plus
difficile pour effectuer des observations. Certains jours, le ciel était si
orageux qu’il était impossible de voir le soleil ou la lune, mais il avait été
dégagé pendant le Court Jour d’Hiver et les Jours Égaux d’Automne et de
Printemps, ce qui était bon signe. Zelandoni l’avait aidée lors du Jour Égal
d’Automne. Elles avaient veillé toutes les deux plus d’une journée et une nuit
en se servant de mèches spéciales dans une lampe sacrée pour déterminer que le
temps écoulé entre le lever et le coucher du soleil était le même qu’entre son
coucher et le lever suivant. Ayla s’était chargée de ces observations le Jour
Égal du Printemps suivant, sous la houlette de Zelandoni. Comme elle avait eu
la chance de voir les moments charnières de la saison froide, elle ne voulait
pas renoncer
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