Le pays des grottes sacrées
pensée déclencha une nouvelle crise de
larmes, ce qui rendit Zelandoni perplexe : Ayla avait versé tant de pleurs
qu’elle pensait que la jeune femme en avait tari la source.
Comment vivre sans
Jondalar ? se demandait donc Ayla. Mais comment Jondalar pourrait-il vivre
avec elle désormais ? Elle n’était pas digne de lui. Elle l’avait
pratiquement poussé à donner la mort, uniquement parce qu’il avait besoin de
satisfaire ses désirs. Des désirs que, manifestement, elle n’avait pas été en
mesure de satisfaire. Même les femmes du Clan en étaient capables, chaque fois
que leurs compagnons le souhaitaient. Oui, Jondalar méritait décidément une
femme meilleure qu’elle.
Mais Jonayla ? C’était sa
fille, à lui aussi, et il l’aimait tant. Il s’était occupé d’elle bien plus que
sa propre mère. Elle aussi méritait d’avoir une mère meilleure qu’elle. Si je
romps le lien, il pourra trouver une nouvelle compagne. Il est toujours le plus
bel homme… non, le plus merveilleux de toutes les Cavernes. Tout le monde en
convient. Il n’aurait aucun mal à trouver une autre femme, même moins vieille
que moi. Je ne suis déjà plus toute jeune et une femme moins âgée pourrait
avoir plus d’enfants avec lui. Il peut même choisir… Marona… s’il le souhaite.
Ayla avait mal rien que d’y
penser, mais elle voulait se flageller, et il s’agissait là de la pire des
punitions qu’elle pouvait imaginer s’infliger.
Oui, c’est ce que je vais faire.
Je vais rompre le lien, confier Jonayla à Jondalar et le laisser trouver une
autre femme afin de fonder une famille avec elle. Quand je serai de retour à la
Neuvième Caverne, je ne reviendrai pas chez moi : j’irai m’installer chez
Zelandoni, ou je me ferai construire un autre foyer, ou je déménagerai pour
être Zelandoni d’une autre Caverne… à condition qu’une autre Caverne veuille
bien de moi. Mais peut-être vaudrait-il mieux que je m’en aille, tout
simplement, et que je trouve une autre vallée où vivre toute seule.
Zelandoni regardait le visage
d’Ayla refléter toutes ces émotions fugitives, mais elle avait beaucoup de mal
à les déchiffrer. Cette femme a décidément quelque chose d’insondable, se
disait-elle. Mais il n’y avait aucun doute : elle deviendrait Première.
Zelandoni n’avait jamais oublié ce jour chez Marthona où Ayla, jeune et non
formée, n’en avait pas moins pris l’ascendant mental sur elle, la Première. Ce
qui l’avait secouée plus encore qu’elle ne voulait bien se l’avouer.
— Si tu te sens mieux, nous
devrions y aller, Ayla… Zelandoni de la Neuvième Caverne. Il ne faut pas que
nous soyons en retard à la réunion. Nous allons devoir répondre à bon nombre de
questions, surtout après ce qui vient de se passer entre Jondalar et Laramar,
dit Celle Qui Était la Première parmi Ceux Qui Servent la Grande Terre Mère.
— Tu viens, Jondalar ?
On doit aller à la réunion. J’ai l’intention d’y poser un certain nombre de
questions, expliqua Joharran.
— Vas-y, je t’y rejoindrai,
répliqua son cadet, sans faire mine de bouger de la natte sur laquelle il était
assis.
— Non, Jondalar, il n’en est
pas question. On m’a demandé tout spécialement de veiller à ce que tu viennes
avec moi, expliqua Joharran.
— Et qui est ce
« on » ?
— À ton avis ?
Zelandoni et Marthona.
— Et si je ne veux pas y
aller, à cette réunion ? lança Jondalar sans grande conviction.
Il se sentait affreusement
malheureux et n’avait aucune envie de bouger.
— Alors je crois que je
serai obligé de demander à notre ami le colosse mamutoï ici présent de t’y
emmener de la même façon qu’il t’a transporté ici, répliqua son aîné en
adressant à Danug un sourire sans joie.
Ils se trouvaient dans un refuge
situé non loin des tentes où logeaient les familles de la Neuvième Caverne, et
où s’étaient installés Danug, Druwez, Aldanor et quelques autres.
— Tu n’as pratiquement pas
bougé depuis. Que tu le veuilles ou non, Jondalar, tu vas bien être obligé
d’affronter les autres. Cette réunion est ouverte à tous. Personne n’abordera
le problème de ta situation. Cela viendra plus tard, lorsqu’on pourra apprécier
comment se remet Laramar.
— Il devrait se nettoyer un
peu, intervint Solaban. Ses vêtements sont encore tout tachés de sang.
— Oui, tu as raison,
approuva Joharran. As-tu l’intention de t’en
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