Le pays des grottes sacrées
difficile. Je
savais qu’elle était contrariée à propos de Jondalar, mais j’ignorais à quel
point. J’aurais dû le comprendre, mais il est difficile de la jauger. J’ai été
surprise qu’elle soit appelée. Je ne la croyais pas tout à fait prête, mais
j’ai su qu’elle avait été appelée dès que je l’ai vue.
Je pensais qu’elle traversait une
passe délicate, surtout avec la perte de son bébé, mais elle s’est toujours
montrée si forte. Je n’ai pas apprécié à quel point elle était affectée jusqu’à
ce que j’en parle avec Marthona. Et lorsqu’elle a fait savoir à l’ensemble de
la Zelandonia qu’elle avait été appelée – ce qui m’a surprise –,
j’ai compris qu’il fallait prendre des mesures sans plus attendre. J’aurais dû
en parler d’abord avec elle, ce qui m’aurait permis de comprendre à quoi
m’attendre, et m’aurait laissé le temps de réfléchir à toutes les implications.
Il est vrai qu’il se passe tellement de choses durant ces Réunions d’Été… Mais
ça n’est pas une excuse. J’aurais dû être là pour l’aider, pour les aider tous
les deux, et ça n’a pas été le cas. Je dois accepter la responsabilité d’une
large part de toute cette malheureuse affaire.
Appuyée contre la douce épaule de
la Première, le corps agité de sanglots et le visage baigné de ces pleurs
qu’elle avait si longtemps retenus, Ayla ne cessait de penser à la question que
venait de poser Zelandoni.
Pourquoi donc ai-je choisi
Laramar ? Pourquoi ai-je choisi le pire représentant des hommes de la
Caverne, et peut-être même de tous ceux qui participent à la Réunion
d’Été ?
Jamais je n’ai connu une Réunion
aussi horrible, se dit-elle. Au lieu de m’y précipiter, j’aurais bien mieux
fait de ne pas y venir du tout. Ce qui m’aurait permis de ne pas voir Jondalar
et Marona ensemble. Si je ne les avais pas vus de mes yeux, si quelqu’un
s’était contenté de m’en informer, cela serait mieux passé. J’aurais été
furieuse, certes, mais au moins je ne les aurais pas vus.
Peut-être que c’est ce qui m’a
fait choisir Laramar, ce qui m’a donné envie de faire souffrir Jondalar. Je
voulais qu’il connaisse ce que j’avais moi-même ressenti. À quel stade en
suis-je arrivée, pour vouloir me venger, faire du mal ? Est-ce digne d’une
Zelandoni ? Si je l’aimais à ce point, pourquoi aurais-je voulu lui faire
du mal ? Parce que j’étais jalouse. Je comprends maintenant pourquoi les
Zelandonii s’efforcent d’enrayer ce sentiment.
La jalousie est quelque chose de
terrible. Je n’avais aucun droit de me sentir si blessée. Jondalar ne faisait
rien de mal. C’était son droit de choisir Marona s’il le souhaitait. Il ne
rompait pas son engagement, il continuait de contribuer aux besoins du foyer,
d’aider à pourvoir aux miens et à ceux de Jonayla. Il est toujours allé au-delà
de ce qu’il devait faire. Il s’est sans doute plus que moi occupé de Jonayla.
Je sais qu’il n’a jamais cessé de se reprocher ce qu’il avait fait subir à
Madroman quand il était plus jeune. Il continue de s’en vouloir terriblement,
et il doit maintenant être profondément abattu. Et puis que va-t-il lui
arriver, désormais ? Quel sort lui réserve la Neuvième Caverne ? Ou
la Zelandonia, ou tous les Zelandonii, pour avoir fait frôler la mort à
Laramar ?
La jeune femme alla se rasseoir,
s’essuya les yeux et le nez, reprit sa tasse de tisane. Zelandoni se prit à
espérer que cet épanchement lui avait fait du bien, mais le cerveau d’Ayla
était toujours en ébullition.
Tout est de ma faute, se
disait-elle.
Elle continua de boire sa tisane
désormais froide, sans se rendre compte qu’elle s’était remise à pleurer.
Laramar est grièvement blessé, il
ne sera plus jamais le même, et cela à cause de moi. Jamais il ne se serait
retrouvé dans cet état si je ne l’avais pas encouragé, enjôlé, en lui faisant
croire que je le désirais.
Et pourtant, elle avait dû se
contraindre pour en arriver là. L’idée même que ses mains sales, humides de
sueur, l’avaient touchée lui faisait horreur. Elle en avait la chair de poule,
des démangeaisons, se sentait couverte d’une crasse dont elle était incapable
de se débarrasser alors même qu’elle s’était lavée des pieds à la tête, récurée
jusqu’au sang. En outre, alors même qu’elle savait que c’était dangereux, elle
avait bu une décoction de
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