Le pays des grottes sacrées
occuper ou préfères-tu que
quelqu’un te trempe dans l’eau ? demanda-t-il en se tournant vers son
frère.
— Je m’en moque. Si tu veux
qu’on me trempe, vas-y, fit Jondalar d’une voix morne.
— Jondalar, enfile une
tunique propre et viens à la rivière avec moi, dit Danug, en mamutoï.
C’était une façon de faire savoir
à Jondalar qu’il avait à ses côtés quelqu’un à qui il pouvait parler en privé
s’il souhaitait que personne d’autre n’entende ce qu’il avait à dire, outre le
fait qu’il était soulagé de parler sa propre langue plutôt que de se battre
avec le vocabulaire zelandonii.
— Bien, dit Jondalar, qui se
releva en poussant un profond soupir. De toute façon, tout cela n’a plus aucune
importance.
De fait, il ne se souciait
aucunement de ce qui risquait de lui arriver, convaincu qu’il était d’avoir
perdu tout ce qui était important : sa famille, y compris Jonayla, le
respect de ses amis et de son peuple, mais plus encore l’amour d’Ayla. Et il
estimait avoir bien mérité de perdre tout cela.
Danug observait Jondalar, qui
marchait d’un pas lourd à ses côtés, oublieux de tout ce qui l’entourait. Le
jeune Mamutoï avait vu le malheur accabler les deux personnes pour lesquelles
il était venu de si loin, deux êtres qu’il appréciait énormément et qui, il le
savait, s’aimaient plus que tous les autres couples qu’il avait eu l’occasion
de rencontrer jusqu’alors. Il aurait bien aimé trouver le moyen de leur
dessiller les yeux pour qu’ils puissent découvrir ce que tout le monde savait
autour d’eux, mais le fait de le leur dire ne les aiderait en rien. Il faudrait
qu’ils s’en rendent compte sans intervention extérieure et, par ailleurs, ils
n’étaient plus seuls en jeu : Jondalar avait grièvement blessé un homme
et, sans être au fait des coutumes des Zelandonii, Danug savait que cela ne
resterait pas impuni.
Zelandoni repoussa la tenture,
écarta le rideau et jeta un coup d’œil rapide depuis l’issue privée bien
dissimulée qui se trouvait à l’arrière du vaste local de la Zelandonia, très
précisément en face de la grande entrée. Elle parcourut du regard l’espace
réservé à l’assemblée, qui descendait en pente douce à flanc de colline et
ouvrait sur le campement. Les participants s’y rassemblaient depuis le début de
la matinée et l’endroit était désormais presque plein.
Elle avait eu raison de
s’attendre à de nombreuses questions. Les gens commençaient à comprendre la
signification tant de la cérémonie de la veille que de la nouvelle strophe du
Chant de la Mère, mais ils n’en demeuraient pas moins dans l’incertitude :
il était troublant de songer aux changements que tout cela impliquait, en
particulier après ce qui venait de se passer avec Jondalar. Zelandoni jeta un
nouveau coup d’œil pour s’assurer que certaines personnes étaient bien
arrivées, puis attendit encore un peu pour laisser aux retardataires le temps
de prendre place. Enfin, elle adressa un geste à un jeune Zelandoni qui
transmit à ses semblables le signe qui voulait dire « Elle est
prête », et quand tout fut au point la Première fit son apparition.
Zelandoni Qui Était la Première
était une femme dont la présence ne passait pas inaperçue, et sa stature
majestueuse, tant par sa taille que par sa masse, lui donnait une allure à
nulle autre pareille. Elle maîtrisait par ailleurs un vaste répertoire de
techniques, de tactiques et de trucs divers qui lui permettait de garder les
participants aux rassemblements comme celui-là concentrés sur les points
qu’elle souhaitait mettre en avant, et elle n’hésitait pas à user de tout son savoir-faire,
donné et acquis, pour faire passer sa confiance, son assurance, à la foule qui
la fixait avec une telle intensité.
Sachant que les gens ne
craignaient pas de s’exprimer très directement, elle annonça que, les
participants étant fort nombreux, la meilleure solution pour que les échanges
se passent dans de bonnes conditions consistait à laisser les responsables des
Cavernes, ou des membres choisis par chacune des familles présentes, poser les
questions. Cela étant, si quelqu’un ressentait vivement le besoin de dire
quelque chose, la personne en question ne devait pas hésiter à intervenir.
Joharran posa la première
question, soulevant un point que chacun des participants souhaitait voir
clarifier au plus vite :
— C’est à
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