Le pays des grottes sacrées
n’avait pas ramené cette étrangère, jamais elle n’aurait trouvé ce sac. Et
jamais la Zelandonia n’aurait été au courant de son existence, quoi qu’en dise
cette vieille bonne femme obèse. Maintenant, pas question que je retourne à la
Cinquième Caverne, et pas question que j’apprenne un nouveau métier. Pourquoi
me donner ce mal ? Je ne ferais pas un plus mauvais Zelandoni que tous
ceux qui sont fiers de l’être, et d’ailleurs, je me demande si tous ont
réellement été appelés. En fait, je suis sûr que bon nombre d’entre eux ont
fait semblant de l’avoir été. Et de toute façon, qu’est-ce que c’est que cette
histoire d’appel ? Ils ont tous probablement simulé, y compris cette
amoureuse des Têtes Plates. Elle a perdu un bébé ? Et alors ? Les
femmes n’arrêtent pas de perdre des bébés. Qu’y a-t-il de si spécial
là-dedans ?
Il avala une nouvelle gorgée de
barma, lorgna du côté de l’emplacement que s’était réservé Brukeval puis se
releva et s’en approcha. Toutes ses possessions étaient là, soigneusement
rangées comme à son habitude. Il n’est même pas revenu les récupérer, songea
Madroman. Il va avoir froid cette nuit, à dormir sans couvertures. Je me
demande si j’arriverais à le retrouver. Il pourrait m’être reconnaissant si je
lui apportais ses affaires.
Madroman revint à sa place et fit
des yeux le tour de tout le matériel qu’il avait accumulé en sa qualité
d’acolyte.
Et cette sale grosse bonne femme
qui veut que je lui rende tout ! se dit-il. Eh bien non, elle n’aura
rien ! Je vais plier bagage et partir.
Il s’arrêta dans ses réflexions,
regarda de nouveau du côté de l’emplacement où dormait Brukeval.
Si j’arrive à le retrouver, on
pourra peut-être entreprendre un Voyage tous les deux, ou quelque chose dans ce
genre, trouver un autre peuple. Je pourrais alors leur dire que je suis
Zelandoni, ils ne sauraient jamais la vérité.
Oui, c’est ce que je vais faire,
je vais prendre les affaires de Brukeval et j’irai le retrouver. Je connais un
certain nombre d’endroits où j’aurais de bonnes chances de tomber sur lui. Ce
serait intéressant de rester avec quelqu’un comme lui, il est bien meilleur
chasseur que moi. Ça fait si longtemps que je n’ai pas chassé. Peut-être que je
pourrais prendre également certaines des affaires de Laramar. Elles ne lui
manqueront pas et il ne saura même pas qui les lui a prises. Ce pourrait être
n’importe quel occupant de cette tente. Et de toute façon, il est clair qu’il
ne rentrera pas de sitôt.
Tout ça, c’est de la faute de
Jondalar. D’abord il me fait presque mon affaire, puis il recommence avec
Laramar. Et le pire, c’est qu’il va s’en tirer, cette fois-ci comme la
précédente. Je hais Jondalar, je l’ai toujours détesté. Il faudrait que
quelqu’un se charge un peu de lui. Qu’on lui démolisse sa jolie petite gueule.
On verrait s’il apprécie. J’aimerais bien aussi m’occuper un peu d’Ayla. Je
connais un certain nombre de gens qui l’empêcheraient de se débattre. Je lui
donnerais quelque chose d’autre en plus, une bonne giclée de mon essence,
songea-t-il avec un sourire mauvais. On verrait si elle ferait encore la fière
après ça. Plus jamais elle ne partagerait les Plaisirs avec quelqu’un d’autre,
pas même pendant les Fêtes de la Mère. Elle se croit si parfaite, cette garce
qui a trouvé mon sac et l’a apporté à la Zelandonia. Sans elle, jamais je n’en
aurais été expulsé. Je serais Zelandoni. Je hais cette femme !
Madroman acheva de boire le
contenu de la deuxième outre de barma, en prit plusieurs autres et regarda
autour de lui pour voir ce qu’il voulait emporter d’autre. Il trouva des
vêtements de rechange, usagés mais toujours en bon état. Il les essaya et comme
ils lui allaient bien, il s’en empara sans hésiter. Sa tenue d’acolyte était
très caractéristique et lui donnait belle allure, mais il n’était guère
pratique pour de longs trajets. La natte à dormir avait connu des jours
meilleurs, c’était d’ailleurs une natte de rechange, la bonne qu’utilisait
Laramar se trouvait dans la tente de sa compagne, mais il y avait d’autres
objets tout à fait intéressants, dont une superbe couverture en fourrure. Il
tomba ensuite sur un vrai trésor, un costume d’hiver tout neuf, dont Laramar
avait fait récemment l’acquisition en le troquant contre du barma : la
boisson qu’il
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