Le pays des grottes sacrées
préparait était toujours fort recherchée et il n’avait jamais eu
de problème pour en troquer certaines quantités en échange de quelque chose
qu’il souhaitait absolument se procurer.
Madroman retourna ensuite à
l’emplacement de Brukeval et entreprit de ramener vers le sien tout ce qui s’y
trouvait. Il enfila les vêtements, plus pratiques que les siens, qu’il avait
trouvés à l’emplacement de Laramar : leurs ornements étaient
caractéristiques de la Neuvième Caverne et non de la Cinquième, mais cela
importait peu : il n’avait l’intention de s’installer ni dans l’une ni
dans l’autre. Il prit de la nourriture ici et là, puis fouilla dans les
affaires des autres occupants du local, faisant main basse sur d’autres
aliments et sur certains objets, dont un excellent couteau au manche bien
solide, une hachette en pierre, une paire de mitaines toutes neuves, bien
chaudes, que quelqu’un venait à l’évidence d’acquérir. Il n’en possédait pas,
et l’hiver approchait.
Qui sait où je me trouverai à ce
moment-là, se dit-il.
Il fut obligé de refaire
plusieurs fois son paquetage, se débarrassant chaque fois d’un certain nombre
de choses moins utiles que d’autres. Une fois prêt, il n’avait plus qu’une
hâte : quitter les lieux au plus vite.
Il passa la tête au dehors et
regarda autour de lui : le campement était plein de monde, comme
d’habitude, mais personne ne se trouvait à proximité immédiate. Il fit passer
sur son dos le lourd sac et se mit en route d’un pas alerte. Il envisageait de
prendre la direction du nord, celle dans laquelle il avait vu s’enfuir
Brukeval.
Il approchait tout juste de la
limite du campement de la Réunion d’Été, près de l’endroit où était installée
la Neuvième Caverne, quand Ayla sortit d’un bâtiment. Elle semblait préoccupée,
avoir la tête ailleurs, mais elle leva les yeux et l’aperçut. Il lui lança un
regard empreint de la haine la plus pure, la plus absolue, et poursuivit son
chemin.
Le campement de la Neuvième
Caverne semblait désert. Tout le monde s’était rendu à celui des Lanzadonii
pour un déjeuner en commun, un festin prévu depuis un certain temps, mais Ayla
avait prétendu qu’elle n’avait pas faim et promis qu’elle les rejoindrait plus
tard. Elle était assise sur sa natte, le moral au plus bas : elle pensait
à Brukeval, à sa violente sortie à la fin de la réunion, et elle se demandait
si elle aurait pu y changer quelque chose. Elle se disait que Zelandoni n’avait
pas prévu qu’il aurait pu avoir ce genre de réaction, et elle-même ne l’avait
pas envisagé, même si elle se disait maintenant qu’elle aurait dû le faire,
sachant à quel point l’homme était sensible à toutes les insinuations selon
lesquelles il était lié en quelque manière aux Têtes Plates.
Il les qualifiait d’animaux,
songea-t-elle, mais ils ne l’étaient en rien ! Pourquoi certains les
appellent-ils ainsi ? Elle se demanda si Brukeval continuerait d’éprouver
une telle répulsion s’il les connaissait mieux. Mais non, cela ne changerait
sans doute rien. Beaucoup de Zelandonii partageaient son sentiment.
La Première avait rappelé à tous
les participants à la réunion que la grand-mère de Brukeval avait l’esprit
dérangé lorsqu’elle avait enfin réintégré son foyer, et qu’elle était enceinte.
Tout le monde dit qu’elle avait
passé quelque temps au sein du Clan, songea Ayla, et c’est certainement vrai.
Il est évident que Brukeval a un mélange de Clan en lui : elle a donc dû
tomber enceinte alors qu’elle se trouvait avec eux. Ce qui veut dire qu’un
homme du Clan a dû déverser son essence en elle.
Et soudain une idée qui ne
l’avait jamais traversée jusqu’alors lui vint à l’esprit : un homme du
Clan l’aurait-il forcée, encore et encore, comme j’ai moi-même été forcée par
Broud ? Je n’avais pas toute ma tête quand Broud m’a fait subir cela, mais
jamais je ne me suis dit que j’avais affaire à des animaux. Ce sont eux qui
m’ont élevée, je les aimais. Pas Broud. Lui, je le détestais, avant même qu’il
ne me force, mais je les aimais presque tous.
Ayla n’avait pas envisagé cette
hypothèse la première fois qu’elle avait entendu l’histoire de la grand-mère de
Brukeval, mais celle-ci était vraisemblable. L’homme en question avait pu lui
faire subir cette épreuve par pure méchanceté, comme Broud, ou parce
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