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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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parlent fort.
    Il soupira et, après avoir fait une dernière prière à la Vierge, souffla sa chandelle et s’allongea. À côté de lui la paillasse du moine blanc était vide.
    Frère Aubré...
    Où était-il passé ? Il savait en disant « oui » à Muriel que ce serait un souci supplémentaire, mais comment faire autrement ?
    Bien qu’il s’en défende, le moine blanc l’inquiétait. Le passé avait été si injuste pour lui qu’il le croyait capable de tout. Même du pire.
    Pourquoi Serlon n’acceptait-il pas de le recevoir ? Une fois de plus, Aubré avait demandé un entretien. Une fois de plus, une fois de trop, peut-être, Serlon avait refusé.
    Le moine blanc était entré dans une terrible colère et, depuis, il errait dans la forteresse en marmonnant des imprécations et en frappant le sol du bout de son bâton ferré.
    Baptiste secoua la tête, il savait trop de choses et se sentait lourd des confessions et des aveux de chacun. Sa résolution était prise, quoi qu’il puisse lui en coûter, il allait se confier à Hugues de Tarse.

49
    Au sommet du donjon, c’était la relève. L’appel des guetteurs résonna d’un bout à l’autre des remparts, puis le silence retomba. Un vent glacé s’était levé et les hommes d’armes se serraient autour des feux.
    Serlon souffla les bougies qui éclairaient le gisant et ouvrit le battant. L’humidité du souterrain le fit frissonner. Comme à chaque fois qu’il quittait Osvald, il se sentait engourdi. La fatigue, le froid, la douleur, tout cela lui faisait sentir son âge.
    Il se baissa pour passer le seuil et allait se retourner pour fermer la porte. Le premier coup le frappa sur le sommet du crâne.
    Sa torche lui échappa et tomba en grésillant dans l’eau. À demi assommé, il tomba à genoux, levant les mains pour se protéger.
    — Tue ! Tue ! hurla une voix.
    Les coups se mirent à pleuvoir sur ses épaules et son dos.
    Ses assaillants, ils étaient deux, frappaient et frappaient encore. Il distinguait leurs silhouettes vaguement éclairées par une des torches à l’autre bout du couloir, mais leurs visages étaient masqués.
    — Tue ! Tue ! répéta l’autre.
    Serlon pensa à Osvald, à son château, à son futur fils... Il voulait vivre. Les coups avaient cessé. L’éclat d’une lame brilla. Rassemblant ce qui lui restait de forces, il se releva d’un bond et hurla sa colère comme aux grands jours de batailles.
    Il n’allait pas mourir comme un chien. Il allait vivre et se battre. La fureur lui donnait la force. Il cria :
    — C’est moi qui vais vous tuer, marauds !
    La lame de l’assassin avait dévié, le frappant à l’aine. La douleur l’aiguillonna. Il saisit le coutel qui ne le quittait jamais et décrivit de grands moulinets autour de lui.
    Ils essayaient de le repousser vers le caveau, mais Serlon savait que s’il entrait là, il était mort. Le couloir était étroit. Les assaillants se gênaient l’un l’autre et s’étaient séparés, l’un lui tenait tête, l’autre l’attaquait par-derrière.
    Il sentit la morsure d’une lame dans le dos, puis sur sa gorge. Le sang qui coulait le long de ses fesses et de ses cuisses.
    — Bande de lâches ! Montrez-moi vos visages, s’écria-t-il en réussissant à s’adosser à la paroi.
    Tout en frappant et en esquivant, il cherchait à les deviner. Qui pouvaient-ils être ? L’une des voix ne lui était pas inconnue.
    Un instant d’inattention. Une lame qui frappe à nouveau. Une blessure à la poitrine. La douleur qui lui serre le coeur. Une traînée noire sur son bliaud déchiré. Le sang qui jaillit.
    — Vous ne dites plus rien ? Parlez, que je vous reconnaisse ! Je vais vous tailler en morceaux et jeter vos entrailles aux cochons !
    Il sentit un flottement chez ses assaillants. L’un était en fureur, l’autre hésitait. Serlon plongea et sa lame s’enfonça dans la chair. Un cri de douleur. Il en avait touché un.
    — Je vous aurai ! grogna-t-il.
    Une porte grinça à l’étage. Quelqu’un venait d’ouvrir l’accès aux souterrains. Des pas descendaient l’escalier.
    — À l’aide ! On me tue ! À moi ! hurla Serlon.
    — À la garde ! répondit aussitôt la voix d’un homme d’armes. À la garde !
    Les assaillants se regardèrent, puis, sur un signe de celui qui semblait le chef, ils prirent la fuite.
    Serlon vacilla, la douleur se répandait, huile fondue et plomb brûlant dans ses veines. Les deux assassins

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