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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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demanda-t-il.
    — Où étiez-vous, frère Aubré ? répondit Baptiste en s’approchant de lui. Vous n’avez pas entendu l’alerte ?
    — Oh, si ! Je ne suis pas sourd. Mais les alertes dans nos pays, c’est souvent. Alors s’il fallait se mettre martel en tête à chaque fois que le guet s’énerve... Où j’étais ? Je ne sais pas... Partout.
    Il haussa le menton en désignant Serlon.
    — C’est le capitaine d’armes qui m’a dit que celui-là était à l’infirmerie.
    — Ne te réjouis pas, marmonna la voix de Serlon. Je ne suis pas encore mort... Et je ne mourrai pas.
    Le moine allait répondre vertement. Hugues s’interposa :
    — Si vous voulez rester ici, asseyez-vous ou rendez-vous utile, mais gardez le silence ! Serlon de Pirou n’est pas en état de parler.
    Aubré s’approcha du soldat blessé.
    — Je préfère soigner plutôt que de ne rien faire en vous regardant. Qu’est-ce qu’il a eu, celui-là ?
    — Le jarret tranché, jeta Tancrède.
    — J’ai de l’opium dans mes affaires, fit le moine en se dirigeant vers la chambre de l’aumônier. Il en aura besoin à son réveil.
    Hugues ne répondit pas. Il finissait de nettoyer les plaies de Serlon avant de déposer de la charpie, puis de la maintenir en place par de larges bandes de tissu.
    — L’adversaire est dans la place, marmonna Serlon que la fièvre prenait et qui délirait. Ils étaient deux. Je sais qui c’est, Hugues... Je le sais...
    — Taisez-vous, Serlon ! Tancrède, aidez-moi, prenez-le sous les aisselles ! Doucement, nous allons l’allonger sur l’une des paillasses et je vais lui préparer une potion pour l’aider à combattre la fièvre.
    Puis, plus bas :
    — Ne le quittez pas des yeux et gardez votre épée au côté ! S’il a vraiment reconnu ses adversaires, il est en danger !

51
    La lumière, ce matin-là, avait des transparences de glace. Le vent soufflait toujours du nord et, aussi loin que portait le regard, la lande était blanche de givre. Au sommet du donjon, les hommes de guet avaient enfilé d’épaisses tuniques fourrées et relevé leurs capuches.
    Sigrid, qui avait passé la plus grande partie de la nuit à fouiller Pirou avec les gens d’armes, avait convoqué ses officiers dans la grand-salle du donjon.
    Le capitaine, le maître d’armes et le plus vieux sergent se tenaient devant elle, attendant ses ordres.
    — Rien de nouveau, capitaine ? finit-elle par demander au bout d’un moment.
    — Non, damoiselle Sigrid, répondit le soldat. Et pourtant, vous étiez avec nous, nous avons fouillé le château dans ses moindres recoins.
    — Comment expliquez-vous cela ?
    — Je ne me l’explique pas. D’autant que l’un d’eux a été blessé. Il y avait des traces de sang dans le souterrain.
    — Du sang ! s’exclama-t-elle. Mais le couloir en était plein !
    — C’est vrai, mais il n’y avait pas que le sang de votre père, il a confié à messire de Tarse alors qu’il le soignait qu’il avait touché l’un de ses adversaires.
    — Ah.
    Debout près de la cheminée, elle restait immobile, offrant, même dans cette simple attitude, une étonnante ressemblance avec son père.
    Elle se retourna :
    — Jusqu’à ce que Serlon de Pirou reprenne sa place parmi nous, j’assurerai le commandement du château.
    — Bien, ma dame.
    Elle s’approcha du capitaine, son visage si près du sien qu’il sentait son souffle se mêler au sien.
    — Une chose encore. Je veux et j’ordonne que vous poursuiviez les recherches concernant Bjorn. La mort de mon oncle ne doit pas rester impunie. Il faudra expliquer à sa famille d’abord, au justicier de Normandie ensuite, ce qui s’est passé ici. Et je veux le pêcheur vivant. Vous entendez ? Vous en serez personnellement responsable. Vous prendrez la tête de la patrouille qui partira à sa recherche et vous aussi, sergent.
    — Mais, ma dame, protesta le capitaine. Je suis le chef de cette place et je dois continuer à chercher...
    — J’ai dit, capitaine ! Maître Jehan s’occupera des agresseurs de mon père.
    — Mais mon rôle...
    — Il consiste à obéir à votre seigneur et maître et pour l’instant, c’est moi !
    La voix était cinglante, le soldat s’inclina avec raideur.
    — Il faut aussi que vous retrouviez mon cousin Mauger de l’Épine.
    — Le sergent va s’en occuper avec quelques cavaliers.
    — Bien.
    Elle se tourna vers le maître d’armes.
    — Et vous, maître Jehan,

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