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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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avez-vous compris ce que j’attends de vous ?
    — Oui, ma dame, trouver les assassins de votre père.
    — Et interrogez-moi ce moine blanc, cet Aubré. Je veux savoir où il était la nuit dernière.
    — Mais je...
    — Ce n’est pas parce qu’il est moine qu’il ne peut pas être un assassin, et d’abord, qui me prouve que c’est un moine ?
    Les hommes s’inclinèrent.
    — Allez-y, allez-y ! fit-elle en les congédiant d’un geste impatient.
    La porte se referma. Sigrid s’assit devant le feu, les lévriers à ses pieds, le regard tourné vers les flammes.

52
    — Puis-je entrer, messire ? Je voudrais voir mon père.
    La jeune fille baissa sa capuche.
    — Damoiselle Randi... Entrez, entrez, fit Tancrède, étonné.
    — On m’a dit qu’il était au plus mal.
    — Il a la fièvre. Mais ne vous inquiétez pas. Mon maître l’a soigné toute la nuit et je suis sûr qu’il va se remettre, c’est une nature vigoureuse.
    Il avait refermé la porte. Dehors, le vent mugissait, bêtes et gens couraient, cherchant l’abri et la chaleur des bâtiments.
    — J’aimerais m’excuser pour l’autre fois, murmura-t-elle en rougissant.
    — Ne dites rien. Je suis content de vous revoir. C’est moi qui me suis méconduit. Mon maître et moi nous inquiétions pour vous.
    — Vous avez dû me trouver bien folle.
    — N’en parlons plus. Vous avez l’air d’aller mieux.
    — J’ai eu le temps de réfléchir. La rudesse de ma soeur a eu au moins cet effet-là. Vous savez où est Mauger ?
    — Non.
    — Cela fait deux nuits qu’il a disparu et il fait si froid dehors. Oh, je sais ce que vous allez penser ! Mais ce n’est plus l’amoureuse qui parle. J’ai compris qu’il était inutile de m’entêter. Mauger n’a jamais aimé qu’une femme, sa mère. Il n’y a pas de place pour autre chose et puis c’est vrai que j’étais si...
    — Tout cela ne me regarde pas.
    — Vous avez raison, mais je ne veux point que vous me jugiez trop sévèrement. Mauger et moi nous nous connaissons depuis l’enfance... Quand il m’a repoussée, je me suis amourachée de lui. Jamais il n’avait été aussi dur. Je n’avais plus confiance en moi... Que croyez-vous qu’il lui soit arrivé ?
    — Tout cela était sans doute trop dur pour lui. Il a peut-être trouvé refuge dans quelque monastère voisin. Il va revenir.
    Tancrède avait dit cela pour la rassurer. Avec les derniers événements, il était vrai que la disparition de Mauger était passée au second plan.
    — Je peux aller voir mon père ? demanda timidement la jeune fille.
    — Oui, bien sûr, venez.
    Très pâle, tremblant de fièvre et en sueur, Serlon dormait d’un sommeil agité. L’aumônier bassinait son front avec un linge. Il se redressa en voyant approcher Randi.
    — Le bonjour, damoiselle.
    — Bonjour, frère Baptiste. Comment va-t-il ?
    — Bonjour, mon enfant. S’il surmonte la fièvre, il s’en sortira. Le sire de Tarse a dit qu’aucune blessure n’a été assez profonde pour toucher un organe vital, mais il a perdu beaucoup de sang et est très affaibli. Et puis, sa blessure à la gorge nous soucie : peut-être ne pourra-t-il pas reparler.
    Randi se pencha et déposa un léger baiser sur le front de son père. Elle resta à le regarder, les yeux humides, puis Tancrède l’entraîna près de la cheminée où il la fit asseoir.
    — Il est en piteux état, messire.
    — Tenez, buvez...
    Et il lui tendit une coupe de vin qu’elle saisit en tremblant.
    — Ça va aller.
    Elle obéit et tout en la regardant, le jeune homme songea que ces épreuves successives l’avaient mûrie. Elle n’était plus la gamine frivole qu’il avait connue en arrivant à Pirou. Comme si elle avait suivi le cours de ses pensées, elle releva la tête et dit :
    — Je ne pensais qu’à plaire... À cause de Sigrid, sans doute. Elle est tellement forte, elle sait tout faire et n’a peur de rien. Alors je suis allée sur le seul terrain où elle n’allait pas, celui de la coquetterie et de la beauté... Dites-moi ce qui s’est passé pour mon père.
    — Que savez-vous exactement ?
    — Uniquement ce que m’a dit Bertrade. Il a été attaqué dans les souterrains. Est-ce qu’il sortait du caveau d’Osvald ?
    — Oui.
    — Mais qui a pu faire cela et pourquoi ?
    — Tout le monde sait qu’il va se recueillir chaque nuit sur le corps de son fils ?
    — Oui, enfin, sur le corps n’est pas exact, Osvald

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